PERFIDE

Chapitre 13

Épuisé mentalement par sa journée, Florent Châtimont sortit une bouteille rouge de sa cave à vin électrique et se servit une petite coupe. Alors qu'il la dégustait tout en pensant aux devoirs qu'il devait rendre le lendemain et qu'il aurait dû faire ce week-end au lieu de chercher un moyen de rentrer en contact avec Louis, il aperçut par la baie vitrée une jeune fille aux allures de mannequin traverser aux pas de course le jardin de son voisin et s'engouffrer dans la forêt. Aussitôt, le jeune homme reposa son verre et chopant son téléphone, se précipita dehors à la poursuite de la demoiselle. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas mis les pieds dans le massif forestier et il regrettait déjà de ne pas avoir pensé à troquer ses belles chaussures en cuir pour des baskets de sport !

Ses pas lourds et rapides écrasaient la litière composée de feuilles, aiguilles de résineux, de branches et de fruits tombés en décomposition. L'étudiant qui parvenait à rapprocher la jeune fille petit à petit, s'écria :

— Sofia ! Arrête-toi !

Cette dernière finit par ralentir jusqu'à se stopper en nage. Lorsqu'elle se retourna et croisa le regard de l'adolescent, Florent remarqua son mascara noir coulé par ses larmes.

— Tu vas bien ?

— COMMENT OSES-TU ME PARLER APRÈS CE QUE TU AS FAIT ?! hurla la sportive dans tous ses états.

— Sofia, calmes-toi ! Je n'ai rien fait à Louis... protesta-t-il tout en passant son doigt sur ses chaussures éraflées.

— Ne ment pas ! J'ai la preuve que Jade a une liaison avec lui ! Pourquoi tu as menti pour la voiture ?

Un silence s'installa. Seul la respiration haletante de la jeune fille troublait cet instant en l'air comme s'il était coupé du temps.

— Quoi ? lâcha Florent se redressant décontenancé.

La jeune fille l'observa du coin de l'œil, il semblait abasourdi.

— Arrête de jouer la comédie, tu es pas douer ! tenta-t-elle d'attaquer.

L'étudiant la regarda intensément. Une brise les caressa au même moment leur provoquant un frisson commun.

— Quelle est cette preuve ? demanda-t-il la voix étranglée.

— J'ai reçu un message de Louis...

Le jeune homme se mordit la lèvre inférieure tandis qu'il plongeait son regard dans les arbres à sa droite dont le feuillage commençait à s'agiter au vent. La colère et l'incompréhension prenait possession de son corps.

— Je veux le voir !

Sans un mot, Sofia sortit de la poche de son legging de sport moulant son Iphone à la coque pailletée argentée. Elle le déverrouilla avec son empreinte digital avant de le positionner sous le nez du blondinet aux sourcils froncés.

Ce dernier le consulta avant de mettre sa tête entre ses mains. Il avait envie de frapper dans l'écorce d'un arbre.

— Tu ne savé pas ? s'enquit l'étudiante d'un air bête.

— Non et même si j'avais été au courant, jamais je n'aurais fait de mal à Louis...

Sofia Alirral et Florent Châtimont marchaient le long de la rivière qui traversait la forêt des Paons. Le jeune homme avait confié avoir menti à propos de la voiture et avoir reçu un SMS, également envoyé par Louis, qui avait finit de convaincre Sofia.

— Donc les traces dans la voiture c'est Louis et Jade, conclu la fashionista, la larme à l'œil.

— Oui ça ne peut être qu'eux... Je n'peux croire qu'elle m'ait fait ça... Et avec Louis en plus ! Et dire que j'ai menti pour aller dans son sens..., rumina-t-il.

— Mais tu trouves pas ça étrange qu'Alex soit au courant come le dit ton message ?

— Non pas tant que ça, j'ai remarqué qu'Alex était assez proche de Jade et puis, tu viens de m'apprendre qu'ils s'étaient déjà rencontré à l'association de la fac et elle ne m'en avait rien dit... De plus, ça m'embête de te dire ça mais lorsqu'Alex a fait un striptease à Louis, Jade avait pas l'air bien !

Sofia se rappela dans l'instant de la réaction de la rousse. Elle s'était emparée de la bière de Florent, ce qui n'était pas dans ses habitudes.

— Quelle pétasse !

Le blond hésita à prendre la défense de sa copine mais malheureusement, il ne savait plus quoi penser d'elle. Il regarda longuement la bague au doigt de la jeune fille. Elle était assez simple, en argent avec un diamant en son sommet. Il ignorait si cette pierre était authentique mais il savait que Louis en avait les moyens.

— Tu veux bien m'aider à comprendre le message ? Pourquoi il insinue que Jade a déjà flirté avec quelqu'un ?

Sofia fronça les sourcils sans daigner répondre. Le jeune homme insista :

— Il dit "C'est pas la première fois qu'elle flirt avec quelqu'un qu'elle ne devrait pas !". Tu sais de qui il s'agit ?

— Chez pas, mentit la brune ne voulant pas anéantir davantage le jeune homme.

— Pourquoi est-ce qu'il joue avec nous ?

— J'en ai aucune idée... En plus, dans ton message, il dit que deux tapettes sont dans la voiture mais s'il se dénonce lui-même, c'est pas logique...

Une lueur passa dans l'œil de Florent. Ce qu'il pensait depuis ce matin se confirmait malheureusement.

— Et si Louis essayait de m'aider ? Peut-être que Jade me trompe avec Alex, ça expliquerait les messages et sa réaction...

— Possible mais d'en ce cas, il est où ? Pourquoi se cache-t-il ? Et c'été quoi ce cul de feu ?

— "Coup" de feu, corrigea Florent ne pouvant laisser passer cette énormité.

La jeune le fusilla du regard. Il enchaina rapidement :

— Je pense que si Alex et Jade sont ensemble, ils ont très bien pu nous raconter des salades à propos de cette nuit et de la veste soi-disant empruntée par Louis pour sortir !

— Qu'est-ce qu'on fait ? Ça sert plus à rien que je cherche Louis dans la forêt !

— Le mieux à faire est de rentrer chez nous et d'attendre que Louis réapparaisse, expliqua-t-il d'une voix assurée. Moi de mon côté, je vais me renseigner auprès de mon père pour les traces dans ma voiture... Si elles sont à Alex et Jade, on devrait vite le savoir !

Alors que les deux jeunes revenaient lentement sur leur pas au milieu des herbes mi-hautes repassant devant le petit pont en grille d'acier, un homme en uniforme vert foncé avec une bande vert pâle sur le torse où était inscrit "La Forêt des Paons" s"avança précipitamment vers eux traversant le pont.

— Que faites-vous là, jeunes gens ?

— Rien monsieur, nous faisons que nous promener, minauda Sofia du haut de ses un mètre soixante-dix-sept.

— Vous ne devriez pas trainer par ici, la chasse aux sangliers est autorisée dès la fin d'après-midi. Ce n'est pas prudent de trainer dans les parages.

— Oh d'accord pas de soucis, nous partons, assura Florent tout en réfléchissant. Mais dîtes-moi... Il s'est passé des choses étranges dans la forêt de la nuit de samedi à dimanche ?

— Non pas dans mon souvenir, pourquoi cette question ?

— L'un de nos amis a disparu et on se disait que peut-être vous pourriez nous aider...

— Non rien, mais je suis chargé de tout l'espace forestier donc j'hésiterais pas à prévenir les autorités si je remarque quelque chose. Qui est ce garçon ?

— Merci, c'est Louis Massoussec. Tout le monde ne parle dans la ville, fit remarquer le garçon surprend devant l'ignorance de l'homme.

— Le fils du commissaire et de Madame Massoussec, la propriétaire du Majesté ?

— Oui c'est lui. On ne vous dérange pas plus, se hâta le blond avec un sourire forcé.

— J'ouvrirais l'œil, comptez sur moi !