Chapitre 10

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Florent Châtimont était appuyé contre le mur blanc à côté d'une horde d'élèves, la plupart lui lançant des regards furtifs. Les nouvelles vont toujours vites à Hégémonie ! Toutefois, l'étudiant ne bronchait pas. Il savait que, tôt ou tard, on l'innocenterait. Certainement le jour où Louis réapparaîtrait...

Il jeta un œil aux trois appels manqués de sa copine avant de ranger son téléphone dans son pantalon noir. Il n'était pas d'humeur depuis les accusations de Sofia, la veille, et les mensonges injustifiés de Jade.

Un garçon au front très large, se fraya un chemin jusqu'à lui :

— Ça va collègue ? Tu m'avais pas dit que tu avais des vues sur le gosse de riche, rigola-t-il.

Florent sourcilla, le dévisageant. Devant son étonnement, le nouvel arrivé remit sa mèche châtain en place avec un coup de tête tout en gloussant.

— Je répète juste ce que j'ai entendu dans les couloirs, expliqua-t-il le sourire en coin.

Hippolyte était le roi de la frime et accessoirement le binôme de Florent à l'université depuis deux ans. Ils rendaient leurs devoirs ensembles, s'entraidaient pour les cours mais leur amitié s'arrêtait là. Jamais ils ne parlaient de leurs passions, de leurs ambitions ou même d'amour.

— C'est n'importe quoi ! maugréa-t-il presque choqué.

— Donc ce que les flics ont trouvé, c'était toi et Jade ? questionna l'étudiant dans un élan de curiosité.

Le jeune blond, agacé, ne répondit pas et s'engouffra à la suite des élèves dans l'amphithéâtre. Comment Hippolyte pouvait être aussi bien renseigné ? Florent réalisa que le bahut tout entier devait sûrement avoir les mêmes informations... Ça ne lui plaisait pas d'être au cœur des rumeurs mais une chose le préoccupait beaucoup plus que de simples mots. Il ne cessait de se poser des questions depuis qu'il avait lu le texto de Louis la veille au soir, lui sous-entendant qu'Alexandre savait quelque chose. Et si Jade et le frisé avaient une relation ? Cela expliquerait pourquoi Jade avait menti et leur discussion bizarre avant de prendre la moto...

Les deux garçons s'installèrent au premier rang, comme d'habitude. Il était très souvent libre car la plupart des étudiants avaient une préférence pour le milieu ainsi que le fond.

Le cours magistral de Droit constitutionnel de la Ve République débuta quand le professeur, un petit monsieur à lunettes, alluma son ordinateur ainsi que le projecteur qui affichait maintenant en grand le mot "Parlement".

— Bon, la semaine dernière, nous avons terminé le chapitre trois sur le pouvoir exécutif, rappela-t-il. Maintenant, nous allons parler du Parlement français ! Que savez-vous dessus ?

Une dizaine d'étudiants levèrent la main dans l'instant dont Hippolyte qui était bourré de connaissance et adorait le montrer. Il était rare que Florent ne participe pas...

Le professeur donna la parole à une binoclarde maigre à la voix haut perchée :

— Il est composé de deux chambres : le Sénat dit "chambre haute" et l'Assemblée nationale dite "chambre basse".

— C'est exact mademoiselle Pinçon ! Mais comment appelle-t-on un Parlement composé de deux chambres justement ?

— Un parlement bicaméral, lança un mec costaud quelques rangées vides derrière Florent.

— C'est juste !

L'étudiant se retourna vers cette voix singulière. Le capitaine de l'équipe "Hannibal" de football de l'université toisa le jeune homme avant de murmurer de façon provocatrice :

— Bi comme toi !

Le blond écarquilla les yeux... S'adressait-il vraiment à lui ? Oui sans aucun doute pourtant, il n'avait jamais eu de problème avec ce garçon... Ils ne s'étaient même jamais parlés et puis, Florent n'est pas le genre de garçon qu'on embête. Enfin... quand Louis est dans le coin.

Hippolyte se pencha vers lui entrainant le grincement de l'assise en bois.

— Je t'avais prévenu ! Les gens pensent que tu as fricoté avec le footballeur avant de le tuer !

— Tuer qui ? Louis ? s'offusqua Florent.

Le châtain acquiesça compatissant tandis que son voisin fit volte face vers l'armoire à glace, le regard brillant de colère. Dans son élan, il tapa la table étroite de son poing captant l'attention du professeur en costume noir et jaune. Encore un peu il tapait sur son propre ordinateur portable !

Celui-ci l'interrogea, immédiatement, mettant vite fin à cette guéguerre.

— Florent Châtimont, où siègent les deux chambres ?

L'adolescent aux joues rougies, reprit une position correcte avant de répondre d'une voix assurée :

— Au palais du Luxembourg pour le Sénat et au palais Bourbon pour l'Assemblée nationale, récita-t-il ayant en tête les longs monologue de son père sur le sujet. Néanmoins elles peuvent se réunir et dans ce cas, le Parlement siège dans la salle du Congrès au château de Versailles.

— Parfait, comme toujours ! sourit l'homme d'un air plus que satisfait.

Désormais tranquille, Florent se pencha vers son camarade et lui chuchota :

— Louis m'a envoyé un message...

— Sérieux ? Tu l'as dit à la police ou ses parents ? Il y a pleins d'avis de recherches accrochés dans tout le bahut.

Le professeur leur lança un regard vif tout en continuant son cours que rare étaient ceux qui le prenaient en note.

— Non. Je crois qu'il veut que j'enquête sur Jade... expliqua-t-il dans un murmure.

— Comment ça ?

— Je crois qu'elle a une liaison mais je ne suis pas sûr...

— Avec Louis ?

— Non. Alexandre Benac je crois... révéla-t-il difficilement. Il faut que j'en aie le cœur net !

— Je vais t'aider, on va vite le savoir.

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