Braquée.

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Je lui avais demandé de me raccompagner chez moi. Le manque d'envie d'accepter l'inacceptable me poussait à rester muette.

Il s'imposait à moi deux jours plus tard, sans réponse à ses textos. Je ne savais pas discuter lorsque ma colère était trop grande. En réaction à mon mutisme, il s' énervait à son tour et disparaissait.

Je savais qu'il m'abandonnerait. C'était le mécanisme de tous ceux qui m'approchaient. Mon "père" avait initialisé ce processus par son absence, dès mon arrivée clandestine, dans le ventre de ma mère. Il avait été prêt à sacrifier son nouveau réfrigérateur, pour financer son avortement. Elle avait fuit, jusqu'au trois mois de grossesse, puis était rentrée. Elle m' assumerait toute seule, jusqu' à cumuler plusieurs emplois. Je serai celle qui ne l'abandonnerai jamais, au dépend, parfois, de ma santé mentale. Elle m'identifiait comme l'être qui avait donné un sens à son existence et qui à contrario la décevait de jour en jour. 

Dès mon apprentissage de l'écriture, j'envoyais de longues lettres à ce papa qui ne voudrait jamais de moi. Mon obstinence, payerait un jour!!! J' enchainais les refus les uns après les autres. Téléphone, écrits, cafés dans son bar préféré sous ses yeux, rien ne le faisait flanché. Je n'en valait certainement pas la peine.

Max s'en était allé à son tour. Je me conditionnais déjà à tourner cette page.

Un roulage de cigarette magique se faisait désirer. Je m'attelais à la tache. Je soulevais mon matelas, sortais mon journal intime. Je prenais le temps de déverser mes doutes, mes certitudes et mes souvenirs. Quitte à adopter le malheur éternellement, je ne validerai en aucun cas ce départ à Toulouse avec cette fille!!! Je m'interdisais de ruminer en vain et choisissait de doubler la dose. 

Je feuilletais les pages antérieures de mes récits pour revivre un peu, les moments où la passion remplissait mon cœur. Je me torturais encore de la perte de cet amour. Je me détestais d' avoir céder à la tentation de vouloir l'oublier. 

Deux heures s'écoulaient. Quelqu'un toquait à la porte de ma chambre. J'ouvrais. 

Max revenait:

- Je suis rentré chez moi. Ma mère a remarqué qu'il se passait quelque chose. Elle m'a demandé ce qu'il m'arrivait et je lui ai expliqué. Elle m' a prié de me mettre à ta place... Je comprends ta réaction, et je n'irai pas là- bas.

Choquée et agréablement surprise par cette révélation, je ne pouvais que reconnaître que ce garçon savait m'attendrir, en plus de me faire rire. C'est avec élan que je sautais à son cou et l'embrassait à la force de l'angoisse qui m'avait noué l'estomac.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 14, 2022 ⏰

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