Arizona représente l'association de deux faits déroutants : un cerveau habile et des pieds maladroits. Immergée dans une existence où se partageait études et quotidien consciencieusement organisé, elle est à l'aube de commencer sa vie d'adulte. Derr...
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À l'entrée du bar, je supervise les allées et venues des clients, ainsi que l'arrivée progressive des membres de l'association. La salle est divisée en trois zones distinctes : les bénévoles, les participants de l'Open Mic et la clientèle habituelle. Chaque nouvel arrivant est conduit à sa place assignée. Six mange-debout ont été aménagés sur la terrasse pour la convivialité, et Karen a fait appel à un traiteur pour régaler les convives. Elly, réquisitionnée en renfort, arpente l'espace extérieur avec un plateau d'amuse-gueule, arborant fièrement sa dernière création : une salopette en jean customisée d'une myriade de fleurs en tissu, aux teintes vives et variées. Alors qu'elle passe devant moi pour se ravitailler dans la réserve, je marmonne :
— À ce rythme, je vais finir par croire que j'ai la meute aux trousses ! Du moins, les deux spécimens mâles du clan Özkan sont attirés par ma perte.
Un éclat de rire s'échappe d'entre ses lèvres, juste avant qu'elle ne m'enfourne sans délicatesse un toast entre les miennes.
— Une meute, vraiment ? Qu'est-ce que tu te mets encore dans la tête, Sawyer ?
— J'expose simplement les faits ! Ibrahim me lance des regards qui pourraient m'ensevelir vivante, et Can a lancé une partie d'échecs dont je suis incapable de jouer le prochain coup ! Je suis complètement fichue, chuchoté-je avec élan.
— T'es encore complètement sous l'emprise de tes endorphines, ma parole. Dois-je craindre de toi pour ma suprématie du titre de « névrosée de l'année » ?
— Aucun risque là-dessus, ne t'en fais pas.
— Et toi, ne t'en fais pas pour Ibrahim, il a juste réalisé qu'il avait probablement vu des sextape bien moins torrides que votre petite performance de tout à l'heure...
J'écarquille les yeux et lui donne une tape sur l'épaule. À bien y réfléchir, c'était plutôt un coup franc.
Avec son assurance à toute épreuve, j'espérais qu'elle me filerait un peu de rab et me partagerait une ration de son courage. Mais au lieu de cela, mon amie préfère me servir son trop-plein d'ironie.
Cela dit, j'ai peut-être commencé à gérer les choses à ma manière...
— Ce ne sont pas les endorphines qui me font cet effet...
Je baisse le menton et la voix.
Elle reste silencieuse pendant quelques secondes, examinant mes paroles avec attention. Puis, tout à coup, ses yeux s'écarquillent à leur tour. Une ampoule semble s'allumer au-dessus de sa tête au moment où elle réalise ce qui se passe.
— Après la réception de son texto, j'ai paniqué ! tenté-je de me justifier.
— Quel alcool ? lâche-t-elle.
— Vodka. Et de la boisson énergisante.
Pendant une courte durée, on croirait qu'Elly est sujette à une hallucination. Elle reste figée, les yeux grands ouverts, à me fixer d'une manière étrange.
