Renfoncé avec une aisance naturelle au fond de sa chaise, Can a croisé une jambe de manière à ce que sa cheville repose sur sa cuisse opposée. Une main traîne paresseusement sur son ventre, tandis que l'autre joue avec un cure-dent entre ses lèvres. Son visage est à présent concentré sur chacun de mes gestes.
Attendez ?
Je prends subitement conscience que, non seulement, je ne communique pas, mais j'ai fait disparaître presque tous les mets qui se trouvaient devant moi ! Mes yeux naviguent des verrines aux bols, puis des bols aux assiettes. Il n'y a aucun doute, je viens d'opérer une razzia culinaire. Avant que je ne succombe à une autre bouchée, je détourne mon visage en mâchant ce qu'il me reste derrière ma paume de main. J'attrape aussitôt une serviette de papier, tamponne ma bouche, espérant y apporter une touche d'élégance.
J'apporte un désastre... ouais !
Cet essuie-main ne sera visiblement pas suffisant si l'on en considère l'état graisseux de mes doigts.
C'est carrément humiliant...
Spontanément, mes yeux se posent sur le sien. Comprenant la pensée qui vient de s'imposer dans mon esprit, un sourire force lentement la barrière de ses lèvres.
Il n'envisage pas réellement que je lui demande permission, pas vrai ?
Non, parce qu'il est pourtant évident que je ne le ferais pas. Mon seuil d'absurdités en sa présence a déjà atteint les cimes du ridicule.
Les sanitaires représentent ma meilleure option.
Mais avant que je n'amorce un mouvement, Can décroise ses jambes avec une extrême lenteur. Il coince le pique en bois entre ses dents et s'empare du morceau de papier à droite de son assiette.
Cet homme est purement et simplement la quintessence du sex-appeal.
Un maigre rictus effleure ses lèvres, révélant que mes états d'âmes lui offrent du bon temps. Il déploie doucement le carré à usage unique, saisit la carafe et l'imbibe d'eau. À cet instant, la logique voudrait que je le remercie, que j'attrape sa serviette et termine de me débarbouiller. Mais un intérêt soudain pour ce qu'il va entreprendre m'empêche de le faire.
— Ta main, intime-t-il doucement.
Je médite sur cette paume ouverte, tendue dans ma direction.
— Merci, mais... je pense que ce ne sera pas nécessaire. Je veux dire... si, mais... je peux le faire toute seule.
Mon épiderme se nuance d'un joli vermeil.
— Ton manque de réaction suggère le contraire, note-t-il, un sourcil arqué.
Ses yeux, taquins et scrutateurs me défient de le contredire.
— Allez, donne-moi ta main, reprend-il d'un ton encourageant.
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RomansaArizona représente l'association de deux faits déroutants : un cerveau habile et des pieds maladroits. Immergée dans une existence où se partageait études et quotidien consciencieusement organisé, elle est à l'aube de commencer sa vie d'adulte. Derr...