🔸️Larguer les amarres [partie 2]

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🕊Chapitre dédié à mon père

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🕊Chapitre dédié à mon père.🕊

Dans l'intervalle de notre point de chute, aucun de nous n'a remis la conversation précédente sur le tapis. La musique s'est superposée naturellement au silence de l'habitacle, mon intérêt dirigé sur les sites que nous traversions. Fenêtre ouverte, l'odeur du sel marin avertit l'approche de notre destination. Aussitôt un pied en dehors de la voiture, j'entends le tintement familier des câbles des mâts sous l'action du vent, les cris de goélands se disputant des restes de poissons, le clapotis de l'eau contre les coques et passerelles, toute l'agitation des activités portuaires. Ces bruitages réveillent un vestige de mon passé. Une plaie dans ma poitrine cicatrisée par de grossières sutures. Un rappel que le deuil ne se soigne pas à la crème cicatrisante, ni qu'aucun chirurgien ne saura refermer ce trou béant par une couture propre et nette. Aujourd'hui, je sens quelques points sauter au risque d'y laisser entrer une infection portant le nom du Désespoir. L'absence de mon père joue sur ma capacité à atteindre un bonheur parfait. Parce que j'en suis persuadée, le bonheur enterre les défunts dans un recoin de notre âme, là où la souffrance les laisse y prendre toute la place.

Can a pris le chemin vers un bateau et serre la main du vieil homme en cotte à l'intérieur. Il dépose nos affaires sur le pont principal, discute avec le capitaine. J'avance timidement, reconnaît le navire à son équipement comme un sardinier. Quand brutalement, trop brutalement, le nom du bateau me frappe si fort que mes jambes bondissent de deux mètres en arrière. Mes yeux écarquillés se fixent sur le sol sans vraiment le voir. L'une de mes mains s'est plaquée sur ma bouche sous le coup de la surprise. Je sens mon souffle saccadé fouetter ma paume. Mon cœur se serre, mes membres inférieurs en tremblent. Sans l'entendre ni le voir arriver, je trésaille lorsque la main de l'Aventurier se pose délicatement sur mon épaule. Mes paupières se pressent sous l'accélération de mon rythme cardiaque.

— Arizona ?

Je suis là, mais coincée quelque part dans mon affolement. Identique à l'assistance d'un animal blessé, Can ne fait aucun geste brusque. Il se place entre la vue du port et mon corps en alerte. Deux de ses doigts se glissent derrière ma paume crispée sur le bas de mon visage, à effet de l'écarter, tandis que d'autres repoussent les mèches dissimulant les traits de mon faciès bouleversé.

— Concentre-toi sur moi. Prends de longues inspirations et vide ton air lentement. Tu es en train de refaire une crise d'angoisse. Arizona... concentre-toi. Bon sang, Championne, fait ce que je te dis !

Ma main s'enroule autour de son poignet comme un réceptacle dans lequel décharger ma tourmente. Je l'étreins durement.

— Continue de pratiquer la respiration lente. Concentre-toi là-dessus, sur rien d'autre. Il n'y a que toi et moi, rien autour n'a d'importance. Encore, inspire... expire.

Ma deuxième main s'accroche à son épaule. Je cherche à m'ancrer.

— C'est ça, Championne. Tu y es presque. Au plus profond de toi, sommeil une guerrière. Hier soir, je l'ai aperçu sur ma moto, brisant les codes, prenant des risques. Laisse-la prendre le pas sur tes émotions, va la chercher.

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