🔸️La vue [partie 1]

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Je ne sais en quel honneur mon corps s'évertue à me trahir en sa présence, mais à l'instant où les mots franchissent ses lèvres, j'ordonne furieusement à ma raison de se reprendre ! Mes yeux s'écarquillent de lucidité

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Je ne sais en quel honneur mon corps s'évertue à me trahir en sa présence, mais à l'instant où les mots franchissent ses lèvres, j'ordonne furieusement à ma raison de se reprendre ! Mes yeux s'écarquillent de lucidité. Ils fixent un point invisible par-dessus son épaule tandis que ses paroles résonnent dans mon esprit :

« Dans ta jolie petite robe à pois et ton sourire de chasteté, tu deviens le butin de lions affamés. ».

Alors qu'il éloigne lentement son visage de mon cou, une poignée de secondes s'écoule avant que mon regard s'ancre dans le sien avec une ténacité dont je ne me connaissais pas. Nos prunelles se toisent comme dans un vieux western, en vue d'un duel musclé.

Regard perçant de l'américain, regard furibond de la française.

Puis, animée par chacune des émotions affluant dans mon esprit, mon pied transgresse la faible distance qui nous sépare.

Mon index pointé entre ses pectoraux, je presse fermement le doigt entre les pans de sa chemise déboutonnée de plusieurs boutons, dévoilant un sternum sculpté dans de l'acier.

Si je reste déterminée à ne rompe l'animosité de notre échange, lui abaisse les yeux pour constater mon geste. Quand il les plonge à nouveau dans les miens, son sourire amusé vient narguer ma patience. Le sang me bout ! Ne tenant plus, je lui déverse un flot d'indignation :

— Alors tu es ce genre d'homme, Can Özkan ? Le héros du quartier, le brave de sa famille et un type détestable le reste du temps ? Tu cherches à m'effrayer ? C'est très élégant de ta part de me faire sentir comme une personne fragile, probablement assez stupide et empotée pour ce genre de soirée. Une fille dénuée de méfiance qui s'aventure dans la cour des grands. Non vraiment, c'était un vrai conseil avisé de ta part qui offense clairement ma ligne de conduite, houspillé-je.

— Il serait judicieux que tu aies peur. C'est une réaction innée liée à l'instinct de survie, un phénomène totalement dépourvu chez toi. Regarde un peu autour, il t'a fallu seulement cinq minutes pour te retrouver seule avec un verre dont tu ignores le contenu, au milieu d'une foule d'inconnus défoncés. La plupart des hommes qui rôdent ici sont des prédateurs camés. La personne stupide dont tu fais référence, c'est surtout le crétin qui t'a offert ce verre sans réfléchir aux dangers que peut contenir ce mélange alcoolisé pouvant contenir n'importe quelle drogue.

Can à la décence de ne pas élever sa voix à la mienne. Ce qui n'empêche pas son calme d'être affuté d'un timbre ferme.

Le problème, c'est que ces mots creusent d'avantage la brèche dans mon amour-propre, provoquant à nouveau une montée d'irritabilité :

— Mais un homme des régions hostiles, programmé pour survivre à toute menace, a eu la prévenance de me retirer de ce breuvage potentiellement empoisonné. Car c'est ce que tu es, n'est-ce pas ? Un preux guerrier chevaleresque. Eh bien la demoiselle en détresse saura se passer de tes services ! Elle et sa jolie petite robe de province sauront très bien gérer les bobos à l'avenir, comme tout autre événement indésirable pouvant porter atteinte à leur dignité. Pas comme la jeune fille derrière toi, si tu veux bien m'excuser.

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