l'emprise des sens

EPILOGUE

Cassandre parcourt la boutique d'un œil satisfait. Tout est comme elle l'imaginait. Après avoir obtenu ses diplômes, elle a fait une croix sur le métier de commissaire priseur qu'elle convoitait depuis de si longues années. La peur de retourner sur les bancs de la fac a balayé brutalement son plan de carrière pourtant bien tracé. Mais elle s'est fait une raison. Son rêve est là maintenant, tout autour d'elle. Elle fait quelques pas pour replacer cette magnifique aiguière en cristal, pleinement heureuse de suivre les traces de sa mère. Il lui a fallut beaucoup de patience pour surmonter ces crises de panique qui lui pourrissaient la vie, tout comme ces cauchemars qui la réveillaient en pleine nuit. Ses démons profitaient de cet instant de faiblesse pour réapparaître sournoisement. La honte de s'être fait manipuler comme une marionnette ressurgissait au fond de ses entrailles. Mais elle s'est battu férocement, pour lui, grâce à lui. La persévérance porte ses fruits, elle le sait mieux que quiconque. Il lui arrive encore de sursauter en apercevant une silhouette musclée, drapée d'un costume trois pièces, ou stopper ses pas lorsqu'une berline de couleur grise passe près d'elle. Contrairement aux mois suivants sa relation avec Nathan, elle redresse maintenant fièrement les épaules. Il est loin le temps où elle s'enfermait telle une huître à l'idée d'une simple balade en ville. Parce qu'il est là, près d'elle, à chaque moment difficile de sa vie. Lorsque la porte de la boutique s'ouvre, faisant tinter cette petite clochette, Cassandre sait que c'est lui. Sa présence la rend moins fragile, son aura l'entoure déjà comme un cocon. Il franchit les quelques mètre qui les séparent en trois enjambées. Elle se retourne, le cœur tambourinant sous son chemisier. Julian. Sa peau se couvre de millions de frissons tandis que ce regard clair et brillant détaille lentement ses formes. Il la prend dans ses bras comme si ils se s'étaient pas vu depuis des jours, alors qu'ils se sont quittés le matin même, après un long baiser fiévreux. Cassandre niche son visage contre ce teeshirt dont l'odeur d'herbe fraîchement coupée se mêle à celle de sa peau. Un subtil mélange qui réveille sa libido. Déjà, sa main passe à l'assaut de ses biceps qu'elle touche du bout des doigts. Julian soupire et accroche ses yeux noisettes qui se sont levés vers lui.

— Tu sais l'effet que ça me fait quand tu me regardes comme ça.

La bouche de Cassandre s'étire en un sourire coquin.

— Montre-moi !

Sa voix rauque et ses seins qui se pressent contre ses pectoraux, ont raison de sa volonté, qui s'écroule lâchement sur le sol. Sans se laisser le temps de la réflexion, il la soulève pour l'emmener vers l'arrière boutique. Il la dépose aisément sur une table, et s'installe entre les jambes de Cassandre qui l'entourent aussitôt comme une liane.

— Je n'étais pas censé de conduire à ton cours de krav maga ? dit-il en arquant un sourcil.

— J'ai besoin de m'échauffer un peu avant.

Julian sourit en secouant la tête. Il a patienté de nombreux mois pour pouvoir la toucher avec toute l'ardeur qu'il ressentait. Même si elle était réceptive à ses caresses, il savait qu'au fond d'elle, certaines images perduraient. Elle n'en a jamais parlé, et il n'a pas cherché à savoir. Si un jour elle se décidait à se dévoiler, il serait là pour l'écouter et l'épauler. Pour la préserver, il l'a emmené loin de cette ville qui lui rappelait tant de sombres souvenirs. Ici, dans cette petite contrée intime et isolée, il ne l'a jamais trouvé aussi épanouie. Il n'a aucun regret, bien au contraire. Voir son visage souriant, la sentir contre lui tous les matins, est la plus belle des récompenses. Mais pour l'instant, sa seule préoccupation est ce corps affamé qui réclame toute son attention. Julian et Cassandre s'échangent un regard complice. Leur destin est désormais lié comme leurs bouches, qui se fondent en un baiser tendre et langoureux, à l'image de l'amour qu'ils se portent.

Fin