Chapitre 4

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Cassandre

— Salut ! lui lance Louna d'une voix mielleuse. On ne se connait pas. Je suis la meilleure amie de cette petite cachottière, conclue-t-elle en retroussant les lèvres en une moue taquine.

Je fais le vœu de disparaître sur le champ, mais ça ne fonctionne pas. Je suis encore debout, le visage aussi rouge qu'une tomate bien mûre. Alors que le regard de Louna me scrute intensément, j'ose un coup d'œil furtif vers Julian qui ne semble pas le moins du monde gêné par cette situation. Les mains dans ses poches, sa bouche esquisse un adorable petit sourire en coin qui le rend encore plus attirant à mes yeux.

— Tu manques à tous tes devoirs ma grande. Tu ne me présentes pas ce bel Apollon ?

Oh mon dieu ! Je crois bien que je m'enfonce littéralement dans le sol, je fonds de honte face à son comportement. Certes, je connais mieux que personne mon amie, je sais à quel point elle est franche et directe, à quel point les mots sortent de sa bouche sans retenue, mais là, elle aurait pu s'abstenir.

— Je m'appelle Julian, annonce-t-il sans se démonter.

— Moi c'est Louna !

Je ne sais pas à quoi elle joue, mais ça commence à me rendre hyper-nerveuse. Ses yeux allant de Julian à moi, Louna semble s'amuser énormément de ma profonde gêne, ce qui m'exaspère davantage.

— Je crois que je vais y aller.

Mon visage livide se tend directement vers Julian, je suis dégoûtée qu'il me quitte aussi vite. En y réfléchissant bien, il doit certainement me trouver pour une pauvre fille dont la copine est aussi délurée que je suis coincée. Décidément, tout va de travers. Je voudrais que ce week-end s'achève pour reprendre ma vie normale de fille studieuse.

Une petite vie bien déprimante en somme

— Tu pourrais me donner ton numéro et je t'appellerai pour qu'on se voit tranquillement, propose-t-il en jetant un coup d'œil éloquent à Louna pour appuyer la fin de sa phrase.

Un sourire radieux illumine comme par magie mon visage. Moi qui pensais qu'il me prenait pour une cruche, voilà qu'il me demande mon numéro. Sans me soucier de ma meilleure amie qui s'amuse comme une folle à m'observer, nous échangeons nos portables pour enregistrer notre numéro respectif.

— Je t'appelle bientôt, affirme-t-il en me rendant mon téléphone.

Je hoche la tête, incapable de formuler le moindre mot car je sens encore le regard de ma stupide amie peser sur moi. Lorsqu'il se penche pour effleurer ma joue d'un baiser chaste, mon cœur courre le marathon. Sur mon petit nuage, je me laisse submerger par la vague de chaleur qui incendie mon corps, je crois même qu'un léger soupir franchit la barrière de mes lèvres. Je me perds dans la profondeur de ses yeux qui me scrutent intensément tandis que sa bouche, cette bouche qui me bouleverse, s'étire en un sourire à faire fondre une banquise. Et pour le moment, cette banquise c'est moi. Les joues rosies, le souffle court, je résiste difficilement à me jeter sur ses lèvres qui me supplient de les embrasser. Mon fantasme touche à sa fin quand je le vois faire demi-tour pour s'éloigner d'un pas alerte, les mains dans les poches de son jean. C'est alors qu'une envie viscérale d'étrangler Louna m'envahit, me faisant dégringoler de cette enveloppe cotonneuse qui maintenait mon corps en lévitation au dessus du sol. Furieuse, je lâche des yeux la silhouette de Julian, qui n'est plus qu'un pont flou sur le trottoir, pour me retourner vers celle que je croyais être mon amie :

— Je vais...pourquoi, tu...argh ! T'es contente de toi ? bafouillé-je, les bras croisés contre ma poitrine.

— Mais c'est qu'elle mordrait ! se moque-t-elle ouvertement en éclatant de rire.

l'emprise des sensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant