Ordre 8 - Partie 2

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PDV Erwin

En début d'après-midi, si j'en crois le soleil qui m'éblouit, me faisant me cacher sous la couette, je suis réveillé par une sonnerie de téléphone constante. Je ne veux plus entendre ce bruit... Ce bruit de l'enfer qui m'a enlevé mon Livai... L'insistance de la personne trouble cependant trop mon moment de deuil, et je réponds, énervé.

- Quoi ?

- Erwin ! Viens au parc pour qu'on fasse l'ordre d'aujourd'hui ! D'ailleurs viens avec Livai. On est tous soulagé qu'il ait juste perdu l'usage de ses oreilles ! Ça veut dire qu'il peut y avoir autre chose que la mort lors des gages !

- Oui... Comment tu sais que l'ordre n'était que de perdre l'ouïe ?...

Rien qu'à y repenser, je sens des larmes silencieuses sillonner mes joues. Livai est mort alors qu'il n'était pas condamné... Et il n'a même pas entendu, une seule fois de sa si courte vie, que je l'aimais. Je suis vraiment le pire des cons et des connards. Ma vue se trouble et mes yeux se ferment. Je veux le revoir. Même si ce n'est qu'en rêve... Sans lui cette vie ne vaut pas la peine d'être vécue...

- C'est Annie qui l'a compris. C'est vrai que les ordres sont dits de manière bien plus trash et explicite d'habitude. Bon ramenez vous, surtout que c'est à lui de commencer.

Je n'ai même pas la force de lui dire que Livai est parti... Elle raccroche en me disant une énième fois de venir, et c'est à pas lourds que je descends les escaliers, alertant ma mère de ma sortie qui ne tarde pas à venir vers moi.

- Tu sors ?

- Je dois faire quelque chose...

Si cela ne tenait qu'à moi je serais rester dans mon lit à chercher et à maintenir contre moi le peu de ce que Livai à laisser derrière lui, surtout que je sens que sa présence va partir très vite, trop vite. Le temps continue, sans lui désormais... Cette idée me brise le coeur, lui qui attendait que le temps s'écoule encore un peu avant de pouvoir vivre véritablement. Des moments comme ses dernières heures où je me tenais à ses côtés, où on a profité tous les deux avec l'idée que notre vie finirait pour que l'autre survive, c'est juste ce qu'il voulait, ce qu'il espérait enfin avoir. Que je remarque l'importance de sa présence à mes côtés, mais c'est trop tard maintenant. Pourquoi se rend-on de l'importance des choses et des personnes lorsqu'on les a perdues ? Le monde est d'une infinie cruauté... C'est en repensant à son sourire de ses dernières heures que je me dirige vers le parc, mon pas est lent mais je n'en ai rien à faire, que le temps file, je n'ai aucune intention de le suivre sans mon Livai. Il se dérobe entre mes doigts, me glisse entre les mains, mais il peut très bien tomber par terre je ne le ramasserais pas.


PDV Jean

Nous sommes tous en cercle, nous fixant les uns les autres. Nous pourrons commencer lorsque Livai et Erwin seront arrivés, il ne manque plus qu'eux, et en plus c'est Livai qi ouvre la liste d'appel. Ils sont plutôt bien placés dans l'ordre où se déroule le jeu, Livai n'aura certainement rien à faire puisque ses amis sont en fin de liste, ça c'est un énorme avantage. J'essaie de prévoir les coups de mes camarades, mais il y en a trop que je ne reconnais plus dans ces circonstances. La peur de la mort montre la véritable nature des gens, et elle est généralement hideuse. En vérité, nos amis nous poignardent dans le dos pour survivre, et nos ennemis seraient même prêts à nous tuer dans le seul espoir que ce soit une sorte de Battle Royale. Je fusille Auruo du regard, me rappelant encore le meurtre de Connie. Sasha était tellement bouleversée lorsque je l'ai appelée, et depuis, son regard a changé, elle a perdu son appétit et sa joie de vivre, n'étant plus que l'ombre d'elle-même. Ce serait ça les conséquences du deuil ? Les conséquences irrépréhensibles de ce jeu de la mort ?

Shingeki No KingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant