Chapitre 18

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   Le médecin n'a pas menti : mon ventre a véritablement grossi pendant la nuit, ça en est presque choquant. Bon, il est camouflable sous une tunique, j'ai vérifié, mais si je mettais un vêtement près du corps, le doute ne serait pas possible.

Mes parents ne sont pas là quand je me lève alors j'en profite. Je sais que Luka ne va pas tarder à rentrer et j'angoisse. Je vais devoir lui annoncer, je ne sais pas encore de quelle façon et je n'ose même pas imaginer sa réaction.

/SMS/

De : Luka

Je suis rentré, j'ai hâte de te voir <3

A : Luka

Il faut qu'on parle...

De : Luka

Tu m'inquiètes bb...

A : Luka

On peut se voir dans combien de temps ?

De : Luka

Au parc dans 15 minutes, ça te va ?

A : Luka

A tout de suite xx

J'ai peut-être été un peu froide dans mes sms mais l'heure est grave, je veux qu'il sache que c'est important. J'enfile une veste en jean par-dessus ma tunique et sors de la maison pour rejoindre le parc. Je m'assois sur un banc face à l'étang en l'attendant et passe ma main sur mon ventre.

Papa va enfin apprendre ton existence à son tour, bébé. J'espère juste qu'il va bien réfléchir et pas nous lâcher... Non, parce que moi, je ne te lâcherai pas mon bébé...

Je reconnais la voiture de Luka en train de se garer sur le parking et retire immédiatement ma main de mon ventre. Je reste assise, le regard perdu devant moi mais sens qu'il s'approche. Il se glisse à mes côtés sur le banc, je sens son regard fixé sur moi. J'aurais dû lui sauter dessus, heureuse qu'il rentre après deux semaines sans l'avoir vu mais ce n'est pas le cas, je dois rester sérieuse pour l'affronter.

-Louna ? T'es bizarre, parle-moi.

Je détourne mon regard pour venir le poser sur lui et le dévisage. Il est beau. Il est rasé au plus près, comme il aime le faire. Sa peau habituellement si blanche a un peu bronzé ce qui fait un magnifique contraste avec ses beaux yeux bleus qui trahissent sa peur.

-Je suis heureuse que tu sois rentrée, avouais-je sans mentir en lui souriant.

Il fronce les sourcils. Je n'ai pas dit ce à quoi il s'attendait. Il semble attendre que lui explique la raison de mes messages si froids et de mon comportement envers lui.

-Je dois te dire quelque chose d'important, Luka. J'ai peur que tu me détestes après ça...

-Jamais je ne te détesterai, Louna. Je t'aime comme un fou ! Dis-moi ce qu'il y a, s'il te plait, je m'inquiète et j'ai quelque chose d'important à te dire...

-Quoi ? Demandais-je, peu sûre d'être assez forte pour faire face à une autre nouvelle.

-Je te le dirais après. Qu'est-ce que tu dois me dire, Louna ?

Je souffle et regarde droit devant moi, à l'horizon. Comment lui dire ? C'est tellement compliqué... Je ne veux pas le perdre, non. Je veux qu'il reste auprès de moi, avec notre bébé. Je veux garder mon bébé et je veux qu'il connaisse son père.

-Louna ? Insiste-t-il.

-Tu sais mes malaises ? Commençais-je en lui jetant un coup d'œil.

Il hoche la tête pour acquiescer.

-J'en ai refait un dans un magasin avec Camille alors elle m'a forcé à consulter. Je suis allée au planning où j'ai subi une visite de contrôle et... le médecin a tout de suite comprit ce que j'avais alors j'ai fait une échographie...

Il fronce les sourcils. Je sors une des photos de l'échographie de ma poche et lui tends. Il a toujours les sourcils froncés et ne semble pas comprendre pourquoi je lui donne cela. Il finit par relever le regard vers moi, toujours l'échographie dans la main.

-Qu'est-ce que c'est ?

-C'est notre bébé. Je suis enceinte, Luka.

Ses yeux sont ronds, il est surpris et sous le choc. Il se lève brutalement sans me regarder du regard.

-Quoi ? Mais non, c'est pas possible ! Tu m'as dit que tu prenais la pilule, non ?

-Ouais, je la prends mais je l'ai oublié plusieurs fois et je... ça a suffi pour...

-Non, non, non, ce n'est pas possible, ce n'est pas possible, répète-t-il en boucle devant l'échographie. Non, non, non !

-Ecoute Luka, je...

-Non, Louna ! Me coupe-t-il en me lançant un regard noir. Non, je ne suis pas prêt, je ne veux pas, je ne peux pas... Je suis désolé.

Il fait un demi-tour et s'éloigne en marchant rapidement. Je laisse tomber ma tête sur mes mains, tenues sur mes genoux et je pleure. C'est encore pire que ce que je croyais. J'ai perdu l'homme de ma vie à cause de mes conneries. C'est de ma faute, je le sais. Je lui ai toujours que ce n'était pas la peine de mettre de capote vu que je prenais la pilule et il me faisait confiance. Je l'ai rompu cette confiance en oubliant de la prendre et en tombant enceinte. Résultat ? Je l'ai perdu.

Il n'en veut pas. Il ne veut pas assumer notre enfant. Je suis donc seule avec lui. C'est ma bêtise, je vais l'assumer. Je dois l'assumer. Je veux l'assumer. 

La photographeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant