CHAPITRE 2:

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PDV de Kate:

La jeune fille crut tout d'abord à un mirage. Il venait de lui parler. Lui. À elle. Quel courage il avait! Tout le monde savait qu'il ne fallait jamais l'aborder dans le couloir, et encore moins lorsqu'elle se trouvait devant son casier. Aucun n'en connaissait la raison.

Sûrement pensaient-il qu'il s'agissait d'une simple lubie de populaire, mais c'était moins glamour: à chaque récréation, elle devait aller se "désaltérer" sinon elle passait la journée en ayant un semblant de maladie de Parkinson. Certaines légendes avaient d'ailleurs vu le jour face à ce thermos qui renfermait tant de mystères. Des premières années avaient même inventé que ce remède concocté par l'adolescente, était une potion magique pour lui assurer la beauté éternelle. Non, c'est du punch sinon je deviens folle! Voulait-elle crier. Mais, bien évidemment, elle s'abstenait.

PDV de Ben:

De loin, elle paraissait tout à fait normale, mais maintenant qu'il se trouvait près d'elle, il remarquait cet air perdu et dépendant qui hantait la jolie rousse. Le même que la veille. Elle perdait tout à coup de sa beauté éblouissante avec ses grands yeux ébahis et ses pupilles si dilatées qu'il ne discernait même plus son si bel iris. Ses cheveux ébouriffés, attachés à la va vite, amplifiaient cet effet démoniaque.
Alors que la jeune fille le fixait comme un loup aguerri, il répéta plus fort et plus distinctement, un sourire amical dressé sur ses lèvres pleines:
"Salut, Kathryn!"

L'évocation de son prénom fit vriller les pupilles de la jeune fille. Elle commençait vraiment à lui faire peur. D'ailleurs, il ne savait même plus pourquoi il restait à ses côtés. Sûrement était-ce la douleur profonde qui émanait de cette jeune fille, ou la détresse qu'elle lui inspirait qui l'empêchaient de s'éloigner.
Elle posa son thermos et claqua la porte de son casier avec force, après s'être munie de son livre de Maths.
Puis enfin se plaça face à lui, se tenant encore plus droite pour le dominer de toute sa hauteur.
Réaction type de la personne en manque de confiance, pensa-t-il.
Kate leva un sourcil désapprobateur et le toisa avec superbe.
Il sourit de plus belle.

"Kathryn? T'es sérieux? Pourquoi tu m'appelles comme ça?"
Elle commença à marcher, son livre serrer contre sa poitrine. Cependant, comme elle tournait légèrement la tête vers lui et qu'il était censé répondre, il la suivit. Elle n'émis aucune objection.
"C'est pourtant bien ton nom."
Elle ralentit. Ben le savait, personne ne connaissait son véritable prénom, mis à part le délégué de classe, ayant vu les bulletins scolaires: lui. Il commençait à comprendre la réaction de la jeune fille: elle ne supportait probablement pas son nom alors qu'il l'appelle de cette façon, et ce alors que la majorité des élèves de ce lycée devait l'ignorer, l'avait probablement surprise, et même dérangée. Cependant c'était indépendant de sa volonté, il n'avait pas fait exprès. Son but n'était surement pas d'amplifier la colère de l'adolescente, qui semblait déjà atteindre des sommets.
Elle serrait les mâchoires et tirait sur l'élastique de son poignet: état de stresse chronique. Sûrement craignait-elle qu'il ne divulgue cette information à tout le lycée.
Ben avait toujours aimé analyser. Il étudiait chacune des réactions de son entourage pour agir en conséquence, mais Kate... Elle était différente. Comme si elle faisait l'inverse de ce qu'elle indiquait. Comme si elle se contrôlait. Voilà pourquoi elle l'avait toujours intrigué: son raisonnement différait complètement de la normale. C'était comme un défi pour lui de comprendre la véritable nature des gens, mais elle... Ben doutait souvent: et si tout n'était qu'apparence?
À cet instant précis, la jolie rousse semblait à la recherche d'une pique à lui lancer, sans succès.
Et oui, c'est dur d'agresser quelqu'un qui ne vous veut que du bien! songea-t-il.

"Mais tout le monde m'appelle Kate." déclara-t-elle finalement, probablement gênée de ne pas avoir trouvé de répartie à la hauteur.
Son sourire redoubla. Il décida de la titiller pour observer sa réaction.
"Pourquoi t'appellerais-je par un nom qui n'est pas le tien?"
Elle vira au cramoisi. Kathryn n'avait sûrement pas anticipé cette réponse. Même une réponse tout court. Personne ne la contredisait jamais: elle était Kate Adams.
Puis elle sourit. D'un léger rictus espiègle qu'il ne lui connaissait pas: Kate sourire? Impossible.
Elle était bien plus belle lorsque la commissure de ses lèvres ne s'affaissait pas.
"Je t'arrête tout de suite avec ta technique de drague pourrie. Un, je suis pas intéressée. Deux, j'ai un mec. Trois, je suis pas intéressée."

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