CHAPITRE 8:

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PDV de Ben:

Un voile auréolé semblait illuminer le ciel, parsemant l'horizon d'une mer fascinante. S'étendait alors une infinité dorée, camaïeu orangé aux éclats merveilleux. Un rose fuchsia d'une beauté époustouflante sillonnait les cieux, tel un voile incandescent. Une flamme si envoûtante et fabuleuse.

"Stop... Stop... Je... Peux plus... Respirer... Arrête!"
Il ignora la réplique de la jolie rousse, un sourire immuable dessiné sur ses lèvres. Ben augmenta même la cadence.
"Eh! Arrête-toi!" haleta-t-elle
Les supplications furent vaines et déjà il la distançait d'une trentaine de mètres.
"Je vais... faire un malaise! Ben... Je te... Parle!"
Il se retourna, sans toutefois mettre fin aux souffrances de la jeune fille, et lui tira la langue. Kate s'emporta un peu plus, d'une colère enfantine, et tenta d'accélérer pour l'atteindre.
La pauvre fille n'avait aucune chance, il avait remporté chaque cross auquel il avait participé. C'est-à-dire treize.
Pour faire plaisir à l'adolescente, qui ressemblait à une tomate ruisselante, il fit mine de lacer sa chaussure, puis continua d'avancer, d'une allure beaucoup moins soutenue.
Elle arriva alors jusqu'à lui après des supplications toujours aussi espacées.
"J'ai... Un point... De côté.."
Il entremêla leurs doigts, comme s'il l'avait toujours fait, et elle lui serra la main, sans se rendre compte qu'elle n'avait eu de vrai conversation avec Ben que depuis la veille.
"Et... J'ai... Plus de souffle..." finit-elle par soupirer, trottinant difficilement.
Il se mit à rire.
"Je vois ça! On dirait une moissonneuse batteuse!"
Elle le poussa gentiment.
"Non mais... Je... Rigole... Pas! On s'arrête... je suis crevée... moi!"
Il la fixa avec insistance.
" 'La force ne vient pas de tes capacités physiques mais d'une indomptable volonté.' Gandhi." lâcha-t-il enfin.
Kathryn soupira, ou du moins émit le bruit d'une tondeuse à gazon.

Le jeune homme semblait voler, trottinant avec légèreté, et le souffle tout à fait normal. Quant à Kathryn, il s'agissait d'une autre affaire: elle était écarlate, et haletait.
"On dirait que tu fais une crise d'épilepsie!" s'exclama-t-il en riant.
Elle fronça les sourcils.
"_ En même temps... on court depuis... quinze ans!
_ Tu exagères! (Il consulta sa montre) à peine quarante minutes!"
Kathryn parut s'étouffer.
"_Tu es un malade! Tu sais... Que... J'ai pas de souffle... Et... Tu... Me forces à courir... Avec toi... Et à l'aube! Espèce de... De... De tortionnaire!
_ On dirait que ton cerveau est mal irrigué!
_ A qui la faute! Tu es... un psychopathe! Ben Clayton!
_ C'est bien moi!
_ Et... En plus... T'es venu chez moi! Dans la nuit!
_ Arrête il était quatre heures ça va!
_ T'es... Un fou! Et... violeur en plus!
_ Si j'avais voulu te violer tu crois pas que je l'aurais fait pendant que tu dormais? En bavant comme un chien d'ailleurs!
_ Et... Comment es-tu entré chez moi... Monsieur le violeur?
_ Oh... Euh... Bah... Tu veux t'arrêter? balbutia-t-il, gêné tout à coup.
_ Non! Comment es-tu entré, Ben? demanda-t-elle à nouveau, soudain très sérieuse.
_ Bah... Je savais que tu cachais la clé sous le paillasson...
_ Et comment... Tu as... Su ça?
_ Un hasard!
_ Comment? insista-t-elle.
_ Bah... En fait... C'est moi qui t'aies ramenée après la fête..."
Elle s'arrêta, prise au dépourvu tant la stupéfaction l'atteignait.

Ben fit de même. Elle se retourna, et le toisa:
"_ Tu veux... Dire que... C'est toi qui m'as raccompagnée... chez moi?
_ Oui..." Avoua-t-il, gêné.
Elle croisa vivement les bras sur sa poitrine, les sourcils froncés et les pupilles aussi sombres que minuscules. Sa cage thoracique se soulevait à un rythme régulier. Le jeune homme ne comprenait pas pourquoi elle était tant furieuse. Il l'avait sauvée pourtant!
Kathryn se mit à marcher, sans crier gare. Il la suivit, bêtement.
"Pourquoi tu t'énerves?" demanda-t-il après un long silence pesant.
Elle tourna son visage vers lui, les joues écarlates.
Course ou colère?

"_ Je comprends ton interrogatoire d'hier, lâcha-t-elle avec froideur.
_ Non mais...
_ J'avais juste trop bu c'est bon voilà. Donc tu m'as ramenée c'est génial. Maintenant je me casse et tu fais pas chier, Clayton.
_ Mais...
_ Non mais c'est bon! On n'est pas amis alors arrête de faire comme si t'étais mon meilleur pote à la vie à la mort!
_ Je t'ai juste ramenée, Kathryn, se défendit-il maladroitement.
_ Et puis arrête de m'appeler Kathryn! Ça va quoi! hurla-t-elle. Tu te crois privilégié ou ça se passe comment? Non c'est bon Clayton!"
Sans hésiter, il se plaça face à elle et saisit ses poignets blancs.
Il la fixa avec appréhension, plongeant ses yeux dans les deux lagons scintillants face à lui.
"Kathryn, je suis désolé, dit-il en appuyant fort contre la peau de l'adolescente. Je n'en reparlerai plus jamais. C'est oublié. Mais reste. S'il-te-plaît."
La jeune fille sembla hésiter, puis acquiesça finalement d'un bref hochement de tête. Elle se dégagea de la poigne de fer de Ben, qui avait provoqué des rougeurs malencontreuses sur ses poignets, et se mit à courir à nouveau.
Il la rattrapa et resta à la même distance.
Kate Adams était vraiment lunatique.

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