CHAPITRE 1:

1K 43 22
                                    

PDV de Kate:

Elle s'éveilla avec une douleur lancinante au crâne, totalement indéchiffrable. Un son résonnait inlassablement tel un sifflement agressif qui tentait de brouiller les idées déjà floues grouillant dans son esprit embrumé.

Elle s'était assoupie dans un brouillard sombre et inquiétant duquel elle ne pouvait sortir. Chacune de ses nuits était rythmée par un songe diabolique dont elle ignorait tout. La seule chose qui s'imposait à elle demeurait encore et toujours la peur. Cette crainte insupportable qui faisait son apparition pendant son sommeil troublé. Aucune image, ni son. Simplement le noir, le vide, le chaos. Un manque total de tout et la peur presque maladive de rester dans ce monde empli de doutes et d'interrogations perturbantes.
Puis elle réagissait. Elle assimilait les idées et les pensées. Réussissait à démêler ce tissus de mensonges pour trouver un sens approximatif. Alors elle se levait, encore tremblante, et tentait vainement de se persuader que la vie était belle. Mais rien n'y faisait. Son esprit rejetait entièrement cette idée saugrenue et avouait alors que rien n'allait plus. Et que ça n'irait pas en s'arrangeant.

Kate s'échappa de ses couvertures et se dirigea vers le salon alors que l'alcool avait toujours une emprise sur elle, l'empêchant de réfléchir correctement et d'assimiler la réalité. Les formes semblaient se tordre, se tendre, se détendre jusqu'à ce qu'elles reprennent un sens plus logique et deviennent des objets du quotidien.

Ses pieds touchaient le sol froid avec une certaine douceur, une délicatesse mesurée, comme si un pas de trop pouvait la faire chavirer. Elle ramassa la bouteille entièrement vide qu'elle avait entamée la veille au soir. Ramena son verre dans l'évier.

Elle se dirigea alors vers la chambre de sa mère. Vide. Comme tous les soirs. Il fallait s'en douter, elle n'était pas rentrée. Mère et fille devenaient alors des zombies dont les existences misérables se croisaient et s'entortillaient machinalement sans pour autant y trouver un intérêt ou un quelconque bonheur. La mère rentrerait sûrement au moment où la fille s'en irait, marquant son passage d'un foulard délaissé sur le canapé et d'une tasse de café abandonnée sur le plan de travail. Avec un peu de chance un mot, une ou deux phrases. Un bref aperçu peut-être. Comme une danse où l'on se tournait autour sans pour autant se toucher.

Elle entra dans la salle de bain. Alluma l'eau brulante qui coula sur son corps. Le long de sa colonne vertébrale, sur son visage, dans son cou. L'eau eu l'effet bénéfique de la réveiller et elle perdit cette sensation d'hébétude qui la hantait machinalement. Le liquide cristallin se déversa ainsi sur sa peau nue comme un souffle incandescent qui transperçait son épiderme.
Elle enfila ensuite une robe, une veste, brossa ses longs cheveux auburn et maquilla son visage fin avec application.
"Ne rien laisser paraître."

Alors qu'elle marchait tranquillement dans la rue, se dirigeant vers son lycée, Kate fut envahie de pensées mélancoliques. Le ciel bleu paraissait trop pâle. L'air trop frais. Le temps trop long. La lumière du soleil trop aveuglante. Elle songea alors à un verre de whisky mais tenta de masquer cette idée saugrenue: dès qu'elle passerait le gigantesque portail noir, elle revêtirait son masque. Et plus rien ne serait pareil.

A peine eut-elle passé la porte que déjà une tornade blonde fonçait sur elle. Elle fondait vers Kate, sa longue chevelure cendrée flottant autour d'elle comme un halo doré. La jeune fille atterrit face à la rousse en un cri hystérique.
Non mais c'est quoi son problème? pensa l'adolescente intérieurement. Mais, encore une fois, hors de question de dire la vérité. Si elle se confiait, ça tournerait mal. Ca tournait toujours mal.

La blonde s'avança vers Kate: elle était minuscule et comblait cette cécité en sautant partout.
Non mais sérieusement, calme toi! hurla Kate, toujours dans sa tête.
"Kaaaaaaaate!" se mit à crier Pamela.
Oui, c'est bien mon prénom! voulut-elle lui gueuler à son tour mais elle ne se sentait pas d'humeur.
"_ Oui, Pam? demanda-t-elle à son "amie", l'air lasse.
_ Bryan vient de me demander de sortir avec lui! Ahahaha!!!"

ALCOOLIQUEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant