CHAPITRE 4:

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PDV de Kate:
La jeune fille tangua, rencontra un guéridon et jura intérieurement face à cette nouvelle douleur survenue. La tête lui tournait, son champ de vision s'obscurcissait, et un sifflement agressif lui démolissait littéralement l'audition. Elle crut même apercevoir un chat passer devant elle, et voulut le caresser, mais se rendit rapidement compte qu'il ne s'agissait que d'une illusion lorsque celui si se dématérialisa, disparaissant comme il était venu, dans une brume légère. Et voilà, les hallucinations commençaient.

L'adolescente avança le long du couloir, se retenant aux murs autour d'elle pour ne pas s'écrouler sur le sol. Elle sentait comme des vagues sous ses pieds, l'emportant paisiblement dans une mer calme mais tremblante. Chaque pas s'effectuait lentement, pantelant, comme s'il menaçait d'être le dernier.
Kate arriva jusqu'au salon, se rattrapa au mur et passa machinalement la tête pour observer le canapé. Elle pût alors apercevoir un spectacle qui lui glaça le sang, lui rendant la lucidité qu'elle avait perdue, ou juste assez pour qu'elle puisse se rendre compte de ce qui se passait autour d'elle.

Un homme- inconnu- d'une cinquantaine d'années, rougeaud, trapus, au visage boursoufflé -sûrement à cause de l'alcool fort qu'il avait probablement bu, la pièce sentait le gin- se tenait sur sa mère. Il l'embrassait sauvagement alors que la pauvre femme tentait de comprendre ce qu'il lui arrivait. Pourtant, elle ne se dégageait pas, et semblait même apprécier le contact de la peau de homme contre la sienne, puisqu'elle gloussait comme une demeurée. Par chance, ils étaient encore habillés, mais leurs vêtements risquaient de s'envoler et d'atterrir sur le sol d'un moment à l'autre.
La dure réalité s'imposa soudain à Kate, alors que l'homme embrassait la clavicule de sa mère, et qu'il s'appuyait littéralement de tout son poids sur le corps frêle de la quadragénaire.

L'adolescente chuta et glissa le long du mur. Elle entendait les soupirs de satisfaction des deux adultes se répéter en un écho ahurissant dans son crâne. L'alcool n'arrangeait rien, mêlant une douleur sinistre à la morale qui venait de faire son apparition.
Elle attendit un instant, secouée de spasme, que la fin arrive. Elle n'arriva évidemment pas.
Kate se releva ainsi difficilement, alors que les gémissements de sa mère atteignaient ses tympans, et se dirigea vers la cuisine, se rattrapant maladroitement à la porte.

Elle prit alors une chaise, monta dessus et tenta d'atteindre le placard le plus haut. La jeune fille en sortit une bouteille aux allures anciennes: le whisky le plus fort qu'elle n'eut jamais goûté.
Elle retira le bouchon et but une rasade au goulot, puis une autre, et une autre encore, alors que son taux d'alcoolémie atteignait déjà des sommets. Sa gorge la brûlait, semblait s'échauffer dans des flammes infinies, mais elle en tirait une quelconque satisfaction.

Kate descendit de la chaise, la rangea, puis regagna sa chambre en faisant la sourde oreille aux sons indescriptibles qui s'échappaient du salon.
Elle s'assit enfin en tailleur sur son lit et but la bouteille d'un trait, sans réellement comprendre ce qu'il lui arrivait, et tentant d'échapper aux pensées malveillantes qui l'assaillaient.

PDV de Ben:

Elle l'avait embrassé. Kate Adams l'avait embrassé. Lui.
Il n'en revenait pas. Ses lèvres étaient d'une douceur incomparable, délicates, fraîches, aussi légères qu'une brise d'été. Un baiser volé, irréel, et sans signification aucune, mais d'une sincérité à fleur de peau.
Non, il n'était pas en train de se repasser la scène dans la tête. Non, il n'avait pas passé la nuit à rêver d'un second échange, et qu'il dure pour l'éternité. Non, il ne cherchait pas par tous les moyens à savoir si Kathryn était en pleine possession de ses facultés mentales- ou si elle s'en souviendrait le lendemain. Si elle regrettait.
Elle sentait tout de même l'alcool et s'effondrait à chaque pas. Oui, Kate Adams l'avait embrassé, mais en état d'ébriété: elle n'était nullement elle-même à cet instant précis.

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