CHAPITRE 5:

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PDV de Ben:

Elle restait collée contre Ben, sa hanche plaquée contre celle du jeune homme. Il baissa la tête et aperçut sa crinière rousse, flamboyante, cacher son visage enjôleur. Kathryn comptait chacun de ses pas, faisant tout son possible pour rythmer sa cadence avec celle de Ben. Elle ressemblait à une gamine de cinq ans. Ou du moins à une gamine de cinq ans habillée pour faire le trottoir.
Ils sortirent finalement du bâtiment, et l'adolescente, pieds nus, grimaça lorsque ses orteils frôlèrent le gravier.
"Mets tes chaussures."déclara-t-il posément.
Elle secoua rapidement la tête, indiquant son mécontentement.
"Mets tes chaussures, Kathryn!"
Il s'exprima d'une voix ferme, qui n'attendait aucune objection.

La jeune fille le fixa de ses deux grands yeux assombris, puis refusa de nouveau.
"Oh ce que tu peux être chiante quand t'es bourrée..." grogna-t-il la saisissant sous les genoux et la portant à bout de bras.
Elle était plus lourde qu'elle n'en paraissait, et le jeune homme fatigua rapidement.
"Bon ça suffit! Je suis pas ton cheval! Tu mets tes foutus escarpins et tu fais pas chier!" gueula-t-il en la reposant sur le sol.

Elle le fixa les yeux inquisiteurs, comme sur le point de fondre en larmes. Mais contre toute attente, Kate hocha la tête et mit ses talons sans rechigner. Elle le dominait à présent.
Ils marchaient dans les rues, se promenant sans réellement savoir où aller, vers où se diriger.
Kate fixait le ciel, l'air d'une fillette surexcitée. Elle levait très légèrement les bras, s'amusant à frôler les objets qu'elle contournait: comme l'aurait fait une enfant ébahie par la beauté de la vie.

Ben fut surpris de ce côté puérile, cette nouvelle facette qu'elle arborait et qu'il n'aurait jamais soupçonnée. Elle semblait si fragile, si naïve, si différente. Il eut tout à coup une envie indéchiffrable de la serrer dans ses bras et de la laisser se blottir contre son torse, de sentir son souffle frais près de sa nuque, et de pouvoir humer son parfum envoûtant...
Whooooo. On se clame Benji! cria son subconscient. Tu vas rien faire avec cette miss! Tu vas même la ramener chez elle et oublier tout ça! T'es vraiment un aimant à merdes, frère! (Oui, son moi intérieur avait des accents reggaes et une passion pour Bob Marley.)

Le jeune homme décida d'écouter la voix sage (et shootée) de la personne dans sa tête, et prit la décision de ramener Kathryn chez elle et de tirer un trait sur ses plans.
Quels plans, frère? Eh man t'as pas de plans avec la poulette!
Parfois, il se faisait peur...
Ben décida donc de se ranger de l'avis de Bob.

"Kathryn?"
Elle tourna machinalement la tête vers lui et le fixa avec toute l'innocence du monde dans ses somptueux yeux aigue-marine.
"On rentre. Viens."
Elle l'observa d'un air si naïf et si pure que le coeur de Ben se fendit. Il ressentit l'envie de l'embrasser, si forte qu'il dut se claquer intérieurement pour ne pas faire une connerie.
Kate Adams faible. Kate Adams fragile. Kate Adams bourrée.
L'adolescent la scruta un long moment, cherchant la moindre parcelle de compréhension. Il ne la trouva pas. Kathryn êtait décidément et irrévocablement saoule.

"Je..."
La sincérité de son regard le heurta. Comme des milliers de coups de poignard, laissant des millions de plaies sanguinolentes, des entailles qui le blessèrent profondément.
Je peux pas la laisser comme ça...
Kathryn l'observait toujours, la mine interrogatrice, avec de grands yeux lumineux, et tout aussi fabuleux.
"Non... On... On continue de marcher."
Elle se raccrocha à lui, et Ben lui tendit la main. Elle la saisit simplement, sans arrière pensée, ni gêne aucune.

Les hommes se retournaient sur leur passage, ou plutot sur celui de Kathryn. Cela le mit dans une colère noire et il la serra un peu plus contre lui. Elle, toujours en état d'ébriété total, ne semblait se rendre compte de rien et lançait des sourires niais aux hommes qui la sifflaient.
"Tu sais quoi, Kathryn? Prends ma veste."
Il la retira et la plaça sur les épaules de la jeune fille, en prenant soin de remonter la fermeture jusqu'en haut. Elle s'en plaignit et tenta de la redescendre.
"Tatata! Non Kate n'y touche pas!"
Elle émit un grognement adorable et se contenta de croiser les bras sur sa poitrine, marchant les sourcils froncés.
C'était vraiment une premiére: Kate Adams lui apparaissait comme amusante. Attachante. Et humaine.

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