Le 27 Juin

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Un bureau en bois, usé par le temps mais solide, occupe un coin de la pièce. Il est encombré de dessins, de notes pour mes numéros de cirque, et d'une petite collection de trophées gagnés lors de compétitions. Sur une étagère, une série de photos capture les moments forts de ma vie : des éclats de rire avec Margot, des instants de triomphe après une performance réussie, et des souvenirs de voyages imaginaires dessinés de ma propre main.

La fenêtre, ouverte, laisse entrer la brise et les sons de la ville, me rappelant qu'il y a un monde d'aventures qui m'attend au-delà de ces quatre murs.

Toc, toc, toc

Ma mère frappe à la porte de ma chambre. Puis, sans attendre de réponse, elle entre.

— Allô les belles filles ! La mère de Margot est arrivée, annonce ma mère.

— Déjà... ? dis-je, déçue.

Aujourd'hui, c'est mon anniversaire ! Youpi ! J'ai maintenant 14 ans.

Margot a passé la journée chez moi. Elle est arrivée plus tôt que mes cousines et est restée pour le dîner. J'ai reçu plein de cadeaux, mais mes deux préférés sont la présence de mes amies et les moments passés juste avec Margot, ma meilleure amie. Cette journée était géniale ! Nous avons joué à des jeux, partagé un gros gâteau à la vanille et aux framboises, et ri aux éclats. Ça, c'est du pur bonheur.

Margot ne peut pas dormir à la maison ce soir ; elle va chez sa grand-mère à Montréal. Je ne vais pas me plaindre, mais plutôt apprécier qu'elle soit venue. Je ne veux pas être malheureuse pour des choses que je n'ai pas. De plus, nous avons pris le temps toutes les deux de faire ma fiche. Nous en faisons une chaque année depuis nos 6 ans. C'est un projet que nous réalisons ensemble à nos anniversaires. Le sien est en août, précisément le 29. Ce qui signifie que nous avons deux mois et deux jours de différence. Sauf que, pour moi, l'école se termine et pour elle, elle commence.

Je regarde la voiture de mon amie s'éloigner, tandis que ma mère s'assoit sur le canapé du salon.

— Viens t'asseoir, j'ai quelque chose à te dire, ma chérie, dit ma mère.

— D'accord.

— Margot ne va pas chez sa mamie, elle part en voyage... au Portugal.

Je reste immobile, comme si le temps s'était arrêté. Mes yeux s'écarquillent, reflétant un mélange de surprise et d'incrédulité. Ma bouche s'entrouvre légèrement, mais aucun son n'en sort. Je sens mon cœur battre à tout rompre, résonnant dans mes oreilles comme le tambour d'une parade lointaine.

Mes mains se serrent en poings, mes ongles s'enfoncent dans la paume de mes mains, trahissant la tension qui s'empare de moi. Je déglutis avec difficulté, essayant de rassembler mes pensées qui semblent s'être éparpillées aux quatre coins de la pièce.

— Chanceuse, mais pourquoi ne me l'a-t-elle pas dit ? dis-je, d'une voix tremblante.

— Elle ne le sait pas. C'est son cadeau d'anniversaire, une surprise. Margot prend l'avion ce soir et revient le 28 juillet.

— Quoi! Un mois!

Je me lève brusquement, faisant quelques pas dans la pièce, cherchant à évacuer l'énergie qui me consume. Mon regard se perd un instant par la fenêtre, suivant du regard là où tout à l'heure l'auto a emporté mon amie vers de nouveaux horizons.

— Oui, elle a de la chance, ton amie !

Puis, elle se lève avec un sourire et me dit : Trouve-toi d'autres amis pour un mois. Tu verras, ça passera vite !

Je me force à sourire, mais mes yeux ne parviennent pas à dissimuler la tristesse qui s'y niche. Je suis un ouragan d'émotions, et cette nouvelle vient de déclencher la tempête.

Ma mère se retrouve dans la cuisine en un rien de temps et commence à faire la vaisselle. Moi, eh bien... je reste un moment figée debout. Ma meilleure amie part pour un mois, et nous ne nous y sommes même pas préparées. C'est cool, une surprise, mais pour moi, j'ai toujours besoin de le savoir à l'avance, car il me faut du temps pour m'adapter.

La nouvelle me fait l'effet d'une vague déferlante, me submergeant d'émotions contradictoires. Je suis à la fois heureuse pour Margot, son rêve est d'aller en Angleterre, en France, en Espagne et au Portugal, et à la fois désemparée par cette séparation soudaine. Une larme solitaire glisse sur ma joue, que j'essuie rapidement d'un revers de main, refusant de laisser transparaître ma vulnérabilité.

Le rêve de ses parents est d'emmener leurs quatre enfants partout dans le monde. Le rêve de ma mère est de m'envoyer dans une école privée. La différence entre aller à l'école et faire un voyage est flagrante. Je sais que je n'aurai jamais de voyage avec mes parents et cela me rend triste. Je suis fâchée de savoir qu'elle part après qu'elle a quitté la maison. Je n'ai pas fait de vrai au revoir, je n'aime pas les surprises et les imprévus. En fait, je les déteste !

Je me lève d'un bond, traverse la maison et sors en claquant la porte. Je déroule mon tapis de cirque vert et me défoule. Quand je suis submergée d'émotions, faire des pirouettes m'aide à tout évacuer. Je pleure, je crie et j'enchaîne une rondade suivie d'un flip arrière. Puis, un autre enchaînement, jusqu'à m'effondrer de fatigue. J'essuie mes larmes et replace ma toupet trempé de sueur.

Je sais, je suis dramatique, je n'y peux rien...

Je vais prendre une douche, ça va me détendre. En sortant, je me regarde dans le miroir. Mes cheveux courts me donnent un air "garconne", je les ai coupés il y a trois mois alors qu'ils m'arrivaient aux épaules. Mes cernes me donnent l'air d'un raton laveur, mes yeux bruns presque noirs me font paraître froide et fermée. Je vais me coucher dans ma petite chambre, demain, je paraîtrai moins épuisée. Pour une longue journée...

...............

Salut ! Je suis contente que tu aies lu ce chapitre ! N'hésite pas à m'écrire des commentaires constructifs. Dis-moi si tu aimes ou non. J'espère que tu vas lire la suite !

Bisous.

Allô, ByeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant