Allô, Bye

Le 12 Novembre

Astrid et moi sommes assises sur mon skate dans le couloir devant mon casier, en train de manger des jujubes. La veille, elle est venue dîner chez moi avant que je parte pour le cirque. Finalement, le cirque m'a vraiment fait du bien ; mes douleurs menstruelles ont considérablement diminué.

Astrid est vraiment une fille cool. Elle est très calme et douce, et elle sent toujours la lavande, ce qui est agréable. Elle adore mon chat, Tic Tac. En plus, elle accepte volontiers mes idées un peu folles. Elle a même accepté que je lui montre comment faire du skate malgré le froid glacial dehors. C'était vraiment hilarant, un moment mémorable.

Sonia et Mirriame passent devant nous avec trois autres filles, nous adressant un énorme sourire moqueur.

— Attention à ne pas avoir les fesses rouges ! se moquent-elles.

Astrid et moi nous regardons en haussant les épaules. Les jeunes au secondaire peuvent être tellement stupides.

— Je vais aux toilettes avant notre cours, dit Astrid.
— OK, réponds-je.

Je reste assise là, dans ce corridor, éclairé par des petites fenêtres à carreau à 9 pieds de haut et des néon, avec des casiers bleu foncé à perte de vue. Le bruits des conversations rebondis sur les murs de béton beige.

Je ne réalise pas tout de suite que quelqu'un vient s'asseoir à côté de moi sur mon skate. Je sens immédiatement la chaleur de son corps contre le mien et une odeur exquise me parvient, une senteur douce et épicée qui semble flotter autour de nous, comme un parfum léger, mais envoûtant. Je prends une grande inspiration, puis mon visage chauffe soudain, comme si quelqu'un avait tourné un thermostat interne au maximum lorsque je me rends compte de ma réaction. Je dirige immédiatement mon regard dans ses yeux verts. Wow... Ses yeux sont magnifiques, c'est comme regarder à travers un télescope, découvrant un monde infiniment beau. Félix me sourit.

— Salut, dit-il avec un charme tranquille.

Mon cœur accéléra, battant comme si je courais un marathon. Ses jambes effleuraient presque les miennes, mes doigts se crispèrent sur le bord de mon skate, luttant contre l'envie de m'éloigner... ou de me rapprocher. Je ne savais plus.

— Salut... euu... je voulais te remercier pour l'autre fois.

Il me sourit chaleureusement.

— Ma petite sœur fait souvent des crises de panique, alors j'ai tout de suite reconnu les symptômes. C'est la moindre des choses d'aider quand on le peut.

Qu'est-ce que je peux répondre à ça ? Merde ! Il est parfait. Bordel, j'ai des papillons dans le ventre maintenant.

— Je ne réagis pas comme ça d'habitude, je me gère bien normalement, dis-je, essayant de lui faire comprendre que je ne suis pas folle ni fragile.

Un petit rire chaud sort de ses lèvres magnifiques, couleur framboise.

— T'inquiète ! Je m'en doute. Regarde, faisons comme si c'était notre première rencontre. Apprenons à nous connaître dans un moment plus... disons... "normal", dit-il avec le plus beau des sourires. Je m'appelle Félix.

Je sentais mes mains moites se serrer autour du bout de ma manche, mes doigts jouant nerveusement avec le tissu. Félix, lui, semblait détendu, appuyé nonchalamment contre le casier, un sourire.

— Moi, c'est Crépuscule, un nom bizarre, je sais....

— Moi j'aime bien, c'est original. Pourquoi as-tu changé d'école ?

— Euu... Je ne suis pas trop sûre, mais ma mère est la nouvelle prof d'art, et nous avons déménagé pas trop loin, dans une maison plus grande, plus proche du travail de mon père.

— Ah oui ? Ton père fait quoi ?

— Il est ingénieur du bâtiment.

— C'est cool ! Des frères et sœurs ?

— ... Ma mère est enceinte d'environ quatre mois.

— Ohh, félicitations à ta mère !

Je souris.

— Et toi, tes parents ?

— Euh... Ma mère a deux boulots : elle est barista dans un café le jour et barman la nuit.

— Ooo... wow...

Je triture nerveusement sur le col de ma chaussette, évitant son regard, à la recherche de quelque chose d'intelligent à dire.

— Ma sœur est autiste de premier degré, et j'ai aussi un frère jumeau, que tu as sûrement rencontré.

— Euh... oui, oui, en effet, dis-je en souriant. Et ta sœur, elle a quel âge ?

— Elle a 13 ans.

La sonnerie retentit, et nous nous levons.

— Euh, ouais... dis-je, perdant mes mots.

— À plus tard, Crépuscule ! dit-il en me souriant de toutes ses dents, laissant derrière lui une brise parfumée qui caresse mon visage.

Son parfum vas me rendre folle! Pourquoi je réagis comme ça ? C'est juste un garçon. Un garçon normal. Alors pourquoi est-ce que je ressens cette chaleur bizarre chaque fois qu'il me parle ?

Je reste figée là un long moment, un grand sourire aux lèvres, incapable de bouger, jusqu'à ce que je sente la main d'Astrid tirer sur mon bras. Astrid me lançe un regard complice...

Désolé pour l'attente, je suis de retour, bisous

Aude