Allô, Bye

Le 2 Septembre

Ma mère a un comportement étrange en ce moment. Je sais qu'elle a quelque chose à me dire. Je réagis rarement bien, donc elle a peur de m'en parler, mais là, c'est trop, je veux savoir.

— Eh, maman, arrête de me cacher ce qu'il y a, dis-moi !

Elle se retourne, tenant un champignon à la main, et me lance un sourire nerveux. Son maquillage se compose de mascara et d'un rouge à lèvres couleur framboise, ce qui est assez inhabituel. Comme à son habitude, elle se trouve derrière son comptoir d'îlot de cuisine. C'est un vieux comptoir en linoléum rose, avec une texture tachetée de rose et de gris assez affreuse.

— Bon... d'accord, nous déménageons en décembre, lâche-t-elle enfin, sa voix tremblante malgré elle.

Mon cœur sursaute, battant à tout rompre contre ma poitrine, comme si chaque battement cherchait à sortir de moi.

— Quoi ! Trop cool ! On va avoir une maison plus grande ?

Elle me fait un sourire stressé. Elle ne m'a pas tout dit. Je le vois dans son visage.

— Oui, elle sera plus grande, sauf qu'elle n'est pas dans cette ville. Nous allons habiter à Boisbriand.

— QUOI !? NON, ON NE PEUT PAS, dis-je, serrant involontairement les poings, les ongles s'enfonçant dans la paume de mes mains jusqu'à ce que la douleur me rappelle à l'ordre.

Je me sens déchiré. D'un côté, l'idée d'une maison plus grande m'excite, mais de l'autre, la pensée de quitter ma ville, mes amis, ma routine... ça me terrifie. C'est ici que j'ai toujours vécu, c'est ici que sont ancrés tous mes souvenirs. Comment pourrais-je tout abandonner ?

Elle s'attendait à cette réaction, voilà pourquoi elle ne voulait pas m'en parler. Je ne veux pas. Je ne veux pas être à quinze minutes sans trafic de mes amis. Je vis dans cette ville depuis toujours, je ne veux pas. Attends ! Ça veut dire que je vais changer d'école ?

Un poids s'installe sur mes épaules, courbant mon dos comme si je portais le chagrin du monde entier. Je demande donc à ma mère d'une petite voix triste :

— Je vais aller à quelle école ?

Ses yeux s'illuminent et deviennent tout brillants.

— À l'école privée l'Académie de Bayne ! dit-elle toute excitée, tellement que j'en sursaute.

Wow...

Elle vient de réaliser son rêve...

Que j'aille dans une école privée...

En plus, bien réputée...

Je lui réponds d'une voix tremblante : — Mais, pourquoi ?

— On va être plus proche du travail de ton père, la maison va être plus grande et tu seras proche de l'école, à 15 minutes de marche !

Le silence s'installe, mes yeux fixant un point indéterminé au sol, seul le son des voitures intermittentes et les oiseaux brisent ce moment de silence. La pièce est baignée de lumière dorée due au coucher de soleil.

L'Académie de Bayne... Une école privée... Une nouvelle école surtout avec plein de nouveaux mondes et de nouvelles règles. Elle est réputée, certes, mais c'est l'inconnu qui m'effraie. Devoir m'adapter, trouver ma place, me faire de nouveaux amis... C'est trop. Je me sens submergée par tout ce stress. Alors, je me retourne sans rien dire, dépitée, apeurée, stressée et tout à coup vraiment épuisée. Je vais dans ma chambre, en ayant l'air d'un mort-vivant, puis m'écrase dans mon lit, me mets en boule, cherchant refuge sous mes couvertures, dans le silence de ma chambre, là où le monde extérieur ne peut pas m'atteindre. Je m'endors instantanément

Merci pour votre lecture! Bisous