Le 05 Novembre

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Ma mère est encore venue me porter ce matin. Je ne sais pas trop quoi en penser. Mes meilleurs moments de la journée, c'est quand je peux observer de loin le beau Félix. Ça ne m'est jamais arrivé avant, et je ne sais pas trop comment décrire ce que je ressens. Je marches jusqu'à mon cours d'art plastique légère et insouciante, en rêvant aux yeux verts et aux cheveux frisés qui ont l'air si doux de Félix, me faisant sourire malgré moi, mais je m'arrête d'un coup devant la porte du local. Quelqu'un me percute en même temps, mais je n'y prête pas attention.

C'est ma mère.

Elle se trouve debout devant la classe. Une foule de personnes s'est rassemblée derrière moi, mécontente. Avec tout ce brouhaha, ma mère finit par se tourner vers moi. La seconde qu'elle me remarque, elle devient blanche comme un drap. On peut voir qu'elle redoutait ce moment. Sans trop comprendre pourquoi, je me mets à hurler, libérant une bombe d'émotions; colère, peur et confusion. Un silence de mort jamais entendu résonne dans les corridors et les classes.

-Pourquoi ? que je dis en colère. Ma mère avait toujours eu cette passion pour l'enseignement, une flamme que je voyais briller dans ses yeux chaque fois qu'elle évoquait ses années de professeure. Je comprenais son désir de retourner en classe, mais pourquoi fallait-il que ce soit la mienne ?

-Crépuscule, dit-elle d'une voix douce. Ce n'est rien, je remplace madame Riette le temps de sa maternité. Je comprends ta réaction, je suis désolée.

Je me retourne d'un coup, me fraye un passage à travers la foule et cours pour sortir le plus vite possible de ce cauchemar. J'entends ma mère qui crie mon nom. La surprise de voir ma mère devant la classe m'as frappée comme un coup de tonnerre. Je me sens trahie, envahie dans mon sanctuaire scolaire où je peux être moi-même sans le regard maternel. Mon cœur bat la chamade, et une boule d'angoisse se forme dans mon estomac. Mes pensées sont un tourbillon de confusion et de colère. Pourquoi ici ? Pourquoi maintenant ? J'ai toujours perçu l'école comme un lieu séparé de la dynamique familiale complexe. La présence de ma mère brise cette séparation. Je panique!!

D'un coup, je percute le corps de quelqu'un. Je relève les yeux et tombe dans les yeux vert émeraude de Félix. Je baragouine un désolé. Il me prend par les deux bras, son odeur se fraye un chemin jusqu'à mon nez et ça me donne des frissons. Comme si ce n'était pas suffisant de trembler.

-Ça va ? Tu trembles beaucoup, dit-il doucement de sa voix inquiète. Je veux répondre mais je n'y arrive pas, l'air me manque.

-Viens, dit-il. Il me prend par la taille pour me soutenir et m'empêcher de tomber et son toucher est à la fois ferme et rassurant.

-Respire, prends de grandes respirations.

Sa voix douce et rassurante m'apaise, et peu à peu, ma respiration redevient calme et régulière. Il ne me lâche pas pour autant. Je tremble toujours et je suis épuisée. On arrive dans un petit bureau, il me dirige vers une chaise. Je ferme les yeux et je vais mieux, maintenant.

...

 
J'ouvre les yeux, ça sent le chocolat chaud, miam !

-Ho, la marmotte se réveille, dit une voix inconnue. Elle rit sûrement à mon visage qui exprime l'incompréhension.

-Je m'appelle Louise, je suis la secrétaire, mange, dit-elle. Elle me montre un énorme muffin au chocolat et le chocolat chaud.

-C'est pour moi ?

-Ben oui, ma belle !

Je le dévore, il est si bon et moelleux. Les effluves de chocolat chaud se mêlaient à l'odeur sucrée du muffin, créant une sensation de confort et de chaleur qui contrastait avec le froid de l'angoisse qui s'était emparé de moi.

Elle sourit puis me demande : tu vas mieux ? Je fais signe que oui de la tête, la bouche pleine. Elle rit à nouveau, c'est un rire chaud et rassurant, plein de tendresse.

-Veux-tu faire une partie d'échecs ? me demande-t-elle avec un magnifique sourire.

...
Prochain chapitre bientôt!!

Allô, ByeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant