REFLET

Chapitre 24

Point de vue de Chad

Mélodie n'a plus rien voulu ajouter après son insinuation. Son silence me donne parfois envie de l'étrangler pour qu'elle puisse enfin cracher le morceau.

Elle est apparue dans ma vie tel un mystère que je peine encore à déchiffrer. Le soir de mon anniversaire quand elle m'a approché, j'aurais juré qu'elle était sur le point de me dire quelque chose d'important. Comme si elle savait déjà que Samantha allait mourir. Et ce jour quand elle m'a approché dans le parc, j'ai pu lire de la pitié dans ses yeux mais aussi, de la peur. Parfois, j'ai envie d'aller la dénoncer en tant que complice du meurtrier de Sam mais, je me ravise à chaque fois. Elle peut nier tout en bloc et les chances pour que cette affaire soit enfin élucidée s'envoleraient.

Aujourd'hui, je me suis enfin décidé à aller voir Rafael. J'ai comme ce poids sur la poitrine qui ne veut pas partir. Je suis en partie responsable de ce qui lui arrive.

Rafael arrive accompagné d'un agent qui lui ôte ses menottes avant qu'il ne s'assied en face de moi. Son apparence est un peu négligé et il a un peu maigri. Ses cheveux sont en bataille et il ne s'est pas rasé depuis des mois. Il ressemble drôlement à notre défunt grand-père.

Un sourire amusé s'installe sur ses lèvres. Il essaye de faire semblant que tout va bien.

" Enfin, tu me gratifies de ta présence, cher petit frère. "

_ Le fait que je sois né quinze minutes après toi ne te donne pas pour autant le droit de m'appeler petit frère. Répliqué-je.

Un long silence s'installe avant qu'il ne se décide à parler.

_ Pourquoi? Dit-il tout simplement.

_ Pourquoi quoi?

_ Tu sais bien ce que je veux dire. Pourquoi tu n'es jamais venu me rendre visite? Tu as honte qu'on te voit par ici?

Sa voix se casse. Des larmes affluent à ses yeux et il se bat pour les refouler.

_ Tu es mon frère et je t'aime. Jamais, je n'aurai honte de toi. Tu le sais ça non? Je lui demande.

Il hausse négativement les épaules en restant silencieux.

_ Je me sens tellement coupable, Rafael. C'est pour celà que je ne suis jamais venu. J'aurais dû tout te raconter malgré les menaces de notre père.

Il me tapote l'épaule en disant: " Rien est de ta faute, Chad. Absolument rien. Tu m'entends? "

Puis, il ajoute sur une note mélancolique: " J'avoue que ne pas voir ta tronche pendant si longtemps me manquait drôlement. "

_ Toi aussi, tu m'as beaucoup manqué.

Rafael s'essuie le recoin des yeux d'un geste rapide.

_ Allez. On ne va pas se mettre à pleurer comme des madeleines. Raconte-moi comment ça se passe à la maison.

_ Eh bien... Il n'y a pas grand chose à dire. Mon père ne dort plus à la maison et ma mère refuse toujours de porter plainte contre lui. Et enfin, il y a Rashid qui ne cesse de nous embêter. Rafael... Il y a quelque chose qui m'intrigue depuis le retour de notre mère.

_ Quoi?

_ Je ne sais pas trop. J'ai comme l'impression qu'elle n'avait jamais vraiment été séquestrée.

Rafael se penche en avant pour diminuer l'espace entre nous, comme s'il ne voulait pas qu'on entende notre conversation.

_ Qu'essaies-tu de me dire? Qu'elle est peut-être la complice de notre père? Non, Chad. Tu dépasses les bornes!