18/ Une chance

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- Bonjour M.Smith. Je venais justement de dire à votre beau-père et votre mari que son nom est en tête sur la liste d'attente d'une greffe. Comme vous le savez, son cas s'aggrave de jours en jours, et il y a de grandes chances qu'il ne passe pas la fin d'année. Sa situation est urgente, et il y a peut-être une chance de le transplanter, si évidemment nous avons un donneur.

Je regarde immédiatement Kenny pour être sûr que je ne rêve pas, et il hoche la tête pour approuver.

- Mais... Comment trouver un donneur ? C'est possible que je le sois ?

- Ça arrive très rarement que les membres de la famille soient donneur de poumons, d'autant plus que votre mari en a besoin de deux. Vous ne pouvez pas lui donner les deux. Les donneurs sont généralement des patients que l'on arrive pas à sauver, en état de mort cérébrale.

- Alors on va devoir attendre... Qu'il arrive quelque chose à quelqu'un ?

C'est horrible de dire ça comme ça, peut-être un peu brutal, mais c'est malheureusement la vérité.

- Entre autre, oui...

- Et si il n'y a pas de donneur ?

- Alors on ne pourra pas faire de greffe... Et ses poumons ne tiendront plus, je suis désolé. Je repasserai pour faire un nouveau bilan de son état.

Le médecin s'éclipse alors que sa phrase nous refroidis complètement, Kenny et moi, même si nous savons pertinemment l'issue qui l'attend. "Ses poumons ne tiendront plus" mais ça, on le sait depuis quelques mois. Tant qu'on y est pas confronté, ça reste lointain, presque irréel. Maintenant j'ai l'impression de tout me prendre de plein fouet, et c'est dur à encaisser. Kenny soupir et s'adosse contre le mur derrière lui, face à Livaï, tandis que je rejoint le fauteuil qui me sert de lit depuis plus d'un mois. Ackerman tourne la tête vers la fenêtre avant de prendre la parole.

- Comment ça se passe, au salon ?

- Ça avance... On a finit la peinture. Il ne manque plus que la décoration, et l'électricité est presque finie. Apparemment il y avait un soucis dans le compteur.

- Je vois... L'ouverture est pour bientôt alors.

- Je ne veux pas ouvrir sans Livaï. Et si je commence à ouvrir, je vais devoir y travailler tout les jours. Je dois rester avec lui jusqu'à ce qu'il aille mieux.

- On sait pas si ça ira mieux...

- Ça ira.

- J'espère que t'as raison.

Je l'espère aussi. Je pensais avoir les épaules pour affronter tout ça, mais le voir dans cet état jour après jour me détruit tout autant que sa maladie le détruit.

Le soir arrive bien vite, je n'ai pas vu la journée la passer. J'ai pu me glisser sur le lit de Livaï, à côté de lui, mais il s'est endormi. Kenny est parti chercher à manger, alors j'en profite pour caresser les cheveux de mon mari et l'embrasser sur son visage, qui s'est d'ailleurs aminci depuis son entrée à l'hôpital. Livaï a dû perdre plus de cinq kilos, voire presque dix. Il mange peu, mais au moins il boit souvent. J'essaie de faire au mieux pour lui, mais je me sens plus qu'inutile. Cette sensation de pouvoir être simplement présent et le regarder dépérir jour après jour, c'est... C'est vraiment très dur. Je ne le souhaite à personne.

- Erwin...?

Livaï ouvre les yeux doucement, peinant toujours à parler. Je descends son masque pour le laisser parler, et je profite d'avoir accès à sa joue pour la toucher, l'effleurer, la caresser et l'embrasser.

- Je suis désolé...

- Désolé de quoi ?

- D'être malade... À cause de moi-

Rester encore un peu [Eruri] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant