Marjorie

chapitre 1 : traumatisme

Quatre jours s'étaient écoulées sans que Marjorie ne quittât sa chambre. Elle restait enfermer toute la journée sans vraiment rien avaler de la journée et pleurait dans un coin de sa chambre sans arrêt. Elle avait tiré les énormes et lourds rideaux de sa fenêtre craignant que Duncan puisse la voir. Même si elle savait que c'était impossible et qu'il ne pouvait pas la retrouver ici puisqu'il ne connaissait pas l'adresse de son frère, elle ne pouvait pas s'empêcher de se sentir constamment observer. Elle avait l'impression qu'il était là quelque part à attendre qu'elle veuille bien sortir de son trou. Mais non, Marjorie n'avait pas l'intention de sortir, pas de sitôt en tout cas.

Après sa fuite, elle avait reçu des appels, des tonnes d'appels de la part de son mari, elle n'avait pas eu le courage de décrocher. Marjorie savait comment ça se passerait. Il l'aurait d'abord supplié de revenir puis s'en serait suivi les menaces, doublées d'insultes en tout genre. Encore et toujours des menaces.
Deux jours plus tard elle recevait un appel de sa mère, mais là encore elle n'avait pas daigné répondre. Elle savait pourquoi sa mère appelait et entendre ses remontrances sur son comportement qui selon elle n'était pas digne d'une femme mariée et à Duncan en plus, était la dernière chose qu'elle avait envie d'écouter.

Finalement, elle avait pris la décision de l'éteindre. C'était trop de pression et elle ne comptait même plus les nombreuses fois où sa sonnerie l'avait fait sursauter. Elle ne voulait plus se sentir comme ça. C'était au dessus de ses forces. Elle ne pouvait plus le supporter. Plus maintenant, plus après ce qu'il avait fait.

Roulée en boule dans son lit, elle n'entendit pas la porte de sa chambre s'ouvrir. Jay entra sur la pointe des pieds pensant que sa sœur dormait, il déposa un bol de soupe sur sa table de chevet et entreprit de la réveiller, mais avant qu'il n'eut pu la toucher elle se redressa vivement prête à prendre la fuite tel un animal effrayé constamment sur le qui-vive.

— Oh, doucement ! Ce n'est que moi !

Lentement elle se rasseya sur son lit. Jay garda une bonne distance de sécurité entre lui et sa sœur. Il avait bien vu à quel point il l'effrayait quand il était debout comme ça et la dominait de toute sa hauteur. Depuis qu'elle était là, elle n'avait pas osé sortir de cette chambre ni parler de ce qu'il lui était arrivée. Et jamais elle n'avait osé prononcer le nom de son mari. Chaque fois que Jay le faisait elle crisait littéralement et l'ordonnait de se taire.

— Marjorie, maman m'a appelé aujourd'hui.

Cette simple phrase eût le don de la faire paniquer. Elle se leva du lit et se mit à tourner en rond, sérieusement inquiète.

— Dis moi que tu ne lui as pas dit, Jay tu ne lui as pas dit où je me trouve, parceque si elle l'apprend elle le dira à D... Duncan.

Prononcer ce nom fût une torture pour elle.
Tous les sens en alerte, elle s'était réfugié dans un coin de sa chambre et était restée là, les bras autour de son corps. Jay s'empressa de la rejoindre pour la rassurer en la prenant dans ses bras et elle se laissa faire. Une première pour lui qui n'avait pu la toucher de cette manière depuis qu'elle était là, avec lui.

— Bien sûr que non, je n'ai rien dit. Mais elle doit se douter que tu te trouves avec moi non ?

Marjorie s'était crispée contre le corps de son frère qui ne l'avait pas lâché. Si leur mère avait des doutes, elle en ferait très certainement part à Duncan et ce dernier ne tarderait pas à venir la chercher. Ce manipulateur avait réussi à berner tout le monde, même ses beaux-parents.
Jay bouillonnait littéralement de colère de la savoir dans cet état à cause de son mari et le pire c'était que quand il avait parlé de l'état de Marjorie à sa mère, cette dernière était restée silencieuse... comme si elle savait déjà ce qu'il se passait. A la minute où Jay avait compris cela, il avait pété les plombs et avait crié contre sa mère toute sa colère et la déception qu'il pouvait ressentir pour elle.