chapitre 36 : chagrin d'amour

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Appartement de Flynn, 03 : 21.

La sonnette qui retentissait sans arrêt dans tout l'appartement plongé dans l'obscurité à cette heure de la nuit, finit par avoir raison du sommeil de Flynn. Affalé au milieu de ses couvertures, il grogna de mauvaise humeur en découvrant l'heure affiché sur son réveil matin.
Décidé à ne pas quitter son lit, il se couvrit la tête à l'aide d'un oreiller en espérant que cette torture cesserait et que la personne à l'origine de ce tohu-bohu renoncerait à vouloir le voir à une heure aussi tardive mais son visiteur nocturne n'était pas prêt à quitter son palier puisque, armé de son poing, il s'attaqua cette fois-ci à la porte et le martela comme si sa vie en dépendait.

Flynn se retourna encore dans son lit et se résigna à aller ouvrir la porte, maintenant que le marchand de sable s'était empressé de foutre le camp, emportant avec lui son précieux sommeil.

— J'arrive, souffla t-il en repoussant ses draps loin de son corps.

Flynn sauta de son lit, mit ses lunettes de travers sur son nez et traîna des pieds jusqu'à l'entrée avec des envies de meurtre. Il ouvrit la porte à la volée prêt à crier toute sa frustration mais les mots virulents qu'il s'apprêtait à sortir se perdirent dans sa gorge lorsqu'il découvrit Marjorie devant lui, dans un état déplorable. En pleur, elle se réfugia dans ses bras sans perdre une seconde et s'y laissa aller. Abasourdi, Flynn resserra automatiquement ses bras autour de son corps tremblant. Il était plus que surpris de voir qu'elle était venue chercher du réconfort auprès de lui. Quelque chose lui était visiblement arrivée et savoir qu'il était peut-être la première personne à qui elle avait pensé alors qu'elle n'allait pas très bien, raviva la petite flamme d'espoir qui n'avait cessé de brûler pour cette femme.

Plus frustré du tout, il enfouit son visage dans son cou, heureux de sentir son parfum qui l'avait tant manqué et referma la porte derrière eux.

~

Prostrée dans le canapé, une infusion à la camomille dans les mains, Marjorie regardait fixement dans le vide, sous le regard inquiet de Flynn qui n'avait pas osé lui demander ce qu'il lui arrivait. Assis à ses côtés, il lui prit la tasse fumante qu'elle avait entre les mains puis prit place sur la table basse en verre, l'obligeant ainsi à le regarder.

— Marjorie-

— Je suis enceinte Flynn ! lui avoua t-elle sans prendre de gants avant de ne plus pouvoir le dire.

La nouvelle qu'elle lui balança aussi abruptement le sidéra. Flynn n'eût pas besoin de lui demander de qui il était puisqu'il le savait déjà.

— Il n'en veut pas ?

— Il n'est pas au courant et je ne compte pas le lui dire.

Pas sûr de comprendre ce qu'elle avait dans la tête, il se redressa en fronçant les sourcils.

— Euh... je... pourquoi tu-

— Je ne compte pas le lui dire pour la simple et bonne raison qu'il m'a clairement fait comprendre qu'il ne voulait pas avoir d'enfants, jamais.

Elle se releva farouchement, fit quelques pas dans l'appartement en frottant frénétiquement ses bras, de façon nerveuse. Elle essayait de ne pas repenser à la dispute catastrophique qu'elle avait eu avec Jonathan, en vain. Et comme si elle les avait appelé en renfort, ses larmes se dépêchèrent de mouiller ses yeux bleus, la replongeant dans une autre crise de pleur qu'elle et Flynn n'allaient pas pouvoir arrêter de sitôt. Ce dernier se leva et la prit dans ses bras forts, lui chuchotant que les choses allaient finir par s'arranger mais Marjorie n'y croyait pas.
Tout était devenu trop compliqué pour Marjorie et les choses avaient vite fait de s'imbriquer de telles manières qu'elle ne pouvait plus s'autoriser à faire un seul pas en arrière.

Marjorie Où les histoires vivent. Découvrez maintenant