Cela faisait maintenant 2 jours depuis sa retenue avec Snape. Nous étions dorénavant samedi. La sortie prévue à Pré-Au-Lard ce matin-là avait épuisé Harry. Une fois rentré, il était parti se réfugier à la bibliothèque prétextant avoir besoin de silence pour terminer ses devoirs. Ce n'était qu'en partie vrai. Il avait besoin de calme, oui. Le bruit avait saturé son esprit, menaçant de le faire exploser à tout instant. Harry ne savait pas très bien ce qu'aurait signifié une explosion. Mais il ne tenait pas tant à le savoir après réflexion (Nda : j'espère qu'un Harry capable de réflexion n'est pas trop choquant-). Toutefois, il était bien incapable d'achever ses devoirs. Il fixait avec un regard vague les ratures et nombreuses tâches d'encre parsemant le parchemin qui servait de brouillon à sa rédaction de Potions sans parvenir à mettre de l'ordre dans ses notes. Les mots se mettaient dangereusement à danser dans la lumière vespérale devant ses yeux fatigués. Le monde se troublait. Tanguait.
Une voix moqueuse vint le tirer de ses pensées :
« Alors Potter, je vois que même Granger et Weasley ne veulent plus de toi. Ce n'est pas très étonnant après tout.
- La ferme Malfoy, souffla Harry en relevant la tête. »
Le Serpentard se tenait là, les bras croisés, son habituel rictus narquois pendu à ses lèvres. Toutefois, son attitude avait perdu de sa superbe. Harry pouvait maintenant observer des cernes soulignant ses yeux gris dans lesquels valsaient des ombres indistinctes. Après tout, la guerre l'avait marqué lui aussi. Au sens propre du terme, puisqu'il était dorénavant un Mangemort, se rappela Harry.
« Puis ce n'est pas comme si toi, tu avais des amis, répliqua-t-il, moqueur. »
Le blond serra les mâchoires.
« Certains ont mieux à faire que copiner avec de parfaits crétins, cracha-t-il.
- Ce qui est mon cas. Mais toi Malfoy ? Je ne crois pas. Après tout, ta famille doit tomber en déshonneur maintenant que tu as contrarié celui qui régit votre vie, comme un Maître à son toutou à la botte.
- Je ne te permets pas-
- Et moi je ne te permets pas de me détromper. Je peux observer ta déchéance de mes propres yeux. Et dans mes nuits les plus sombres je me délecte même du visage déconfit de ton cher Père. »
La voix de Harry était amère. Cassante. Cassée.
« Que vas-tu raconter là Potter ? Tu es fou ma parole.
- Pas encore Malfoy. Pas encore. »
Malfoy plissa les yeux.
« Un charmant tableau que nous avons-là. Potter qui sombre doucement dans la folie. Je suis certain que la presse serait ravie d'entendre l'état pitoyable de leur héro national. Saint Potter et sa gloire. »
Il eut un petit rire amer.
« Pathétique. Tout bonnement pathétique, cracha-t-il avec dégoût.
- C'est sûr que le fils à papa devenu le petit chien galeux de Voldemort est bien plus rutilant, ricana-t-il.
- Nous savons tous deux que tu ne devrais pas faire le fier Potter, répliqua-t-il calmement, un petit rictus satisfait au coin des lèvres. Tu ne tarderas pas à sombrer non plus. »
Le rythme cardiaque de Harry s'accéléra soudainement. Des images traversèrent son esprit. Le chaos. La fin du monde. Son monde. Et même s'il lui arrivait de le détester pour la pression qu'il lui chargeait sur les épaules il n'en restait pas moins douloureusement important pour lui. La magie était ce qui le faisait se sentir vivant. Plus que le froid, le chaud, ou n'importe quelle sensation mortelle, la magie était ce qui le façonnait. Sans elle, il n'était rien. Rien qu'un pauvre gosse enfermé dans un placard sous un escalier.