Ce fut un terrible grondement qui réveilla Harry, très vite suivit par un violent choc au crâne.
« Potter ! Déguerpissez de ma moquette avant que je ne vous fasse regretter le jour de votre naissance ! »
Harry gémit sous le réveil pour le moins brutal et ouvrit des paupières collées par ses pleurs de la veille.
« Ne vous donnez pas cette peine professeur, il semblerait que ce soit déjà le cas, répliqua-t-il automatiquement en se relevant difficilement. »
Le visage de Severus se fit las.
« Potter, veuillez-
- Non, je suis désolé, vous n'avez pas à... débita-t-il avec précipitation. »
Harry tâcha de remettre ses idées confuses en place sous le regard suspicieux de Severus.
« Enfin, bref, je vous laisse professeur, je pense que je vous ai assez importuné comme ça...
- En effet Potter. Maintenant sortez ! Trancha-t-il d'un ton sans réplique. »
Sans demander son reste, Harry sortit prestement des appartements de son professeur, vérifiant au passage qu'aucun Serpentard ne traînait dans les environs. Heureusement, il était encore tôt pour un dimanche matin et aucun élève ne semblaient encore levé, ce qui laissait à Harry l'opportunité confortable de se glisser dans ses draps sans que ces camarades ne puissent se douter qu'il avait passé la nuit ailleurs.
C'était d'ailleurs bien étrange que Snape ne l'ai pas chassé à grand coup de chaudron bien plus tôt à vrai dire. Harry se demandait si son professeur s'était assoupi également. Il ne gardait qu'un souvenir flou de son réveil. Toutefois, à la violente rencontre de son crâne avec la porte des appartements de Snape, Harry devinait que celui-ci venait de le repousser avec brusquerie. Cela laissait donc sous-entendre qu'il avait dormi dans les bras de son professeur de Potions. Une impossible rougeur vint réchauffer les joues du Gryffondor à ce constat. C'était d'autant plus troublant que pour la première fois depuis longtemps, la nuit de Harry s'était révélée dénudée de tout cauchemar. Et malgré son réveil des plus brutaux, il y avait longtemps que Harry n'avait pas passé une aussi bonne nuit.
Il pouvait encore sentir la chaleur de Severus autour de lui. Contre lui. Harry n'expliquait toujours pas très bien l'impulsion qui l'avait saisi la veille (comme beaucoup de ses comportements en ce moment). Il avait juste eu le soudain besoin de contact. Peu importait que ce soit celui de son prétendument honni professeur de Potions. Et Merlin savait à quel point son étreinte l'avait réconforté, bien que Harry trouve cela pour le moins étrange et hautement improbable. Qui aurait cru que le glacial Severus Snape pouvait lui procurer une telle chaleur rassurante ? Pas Harry en tout cas. De plus Snape l'avait écouté, lui avait répondu avec un calme étonnant, dénué de mauvais sentiment, que ce soit de froideur ou de mépris. Snape semblait étrangement... sincère. Et Harry s'était senti agréablement écouté, en sécurité. Bien.
Il sentait malgré lui un lien se tisser doucement pour le rattacher à l'homme. Peu importait à quel point Harry n'en voulait pas, c'était ainsi. Harry avait désespérément besoin d'être écouté, conseillé, aidé. Et Snape se trouvait être une personne adéquate, aussi surprenant cela puisse paraître. Snape était un rempart subitement dressé face aux ténèbres effrayantes. Et Harry ne pouvait qu s'y raccrocher avec toute la force de son désespoir. Si cela avait été McGonagall qui l'avait trouvé ce soir-là dans la Tour d'Astronomie, sûrement en irait-il de même pour elle. Sûrement. Mais le fait était que ç'avait été Snape qui l'avait empêcher de sauter, l'avait sauvé de l'appel pressant de l'obscurité.
Harry soupira. Snape n'était pas un homme facile. Il était conscient qu'en s'attachant stupidement à l'homme, il risquait d'être blessé de nombreuses fois. D'autant plus que son professeur n'avait probablement que peu voire pas d'égard pour lui. Après tout, il le haïssait. Harry se morigéna intérieurement. Son sentiment semblait si risible. Personne, absolument personne, n'aurait jamais ne serait-ce qu'imaginé trouver réconfort en la personne de Snape. Mais aussitôt le souvenir de ses bras ferme et rassérénant se rappela à Harry, le faisant soupirer. Après tout, Harry Potter ne faisait jamais rien comme tout le monde.