Chapitre 14

523 49 96
                                    

Potter était revenu le lendemain de leur échange, frappant timidement à la porte. Severus était allé lui ouvrir. Il n'avait été que moyennement surpris de découvrir un Potter aux yeux non rougis par les pleurs et à la respiration calme sur le pas de sa porte. Ils avaient échangé un regard qui en disait long et Severus lui avait fait signe d'entrer. Il était allé se rasseoir dans son canapé et avait repris sa lecture comme si Potter ne l'avait pas interrompu.

Harry, lui, avait pris place face à Severus. Il avait sorti son matériel de dessin et s'était mis à croquer Severus.

Ils n'avaient pas échangé un mot. Ils n'en avaient pas besoin. D'un accord silencieux, Harry venait de franchir une étape significative. Pour Severus et Harry, c'était le début d'un quotidien rythmé par d'autres paramètres que la tristesse des pleurs.

Et une sorte de routine tranquille s'était installée entre eux. Harry venait presque dès qu'il avait un instant de libre. La plupart du temps, c'était juste Severus vivant normalement et Harry colorant ses feuilles des nuances de Severus. Harry avait même été autorisé à observer l'homme brasser. Ce qui, en soit, était un privilège inestimable. Severus ne se rappelait pas avoir jamais laissé entrer quiconque dans son laboratoire personnel.

Parfois les deux hommes parlaient. De banalités. Ou de sujets plus profonds. Quoiqu'il en soit la discussion était toujours facile, agrémentée de silences savants et agréables.

Et parfois, c'était juste Harry blotti contre Severus, quand le poids de la vie devenait trop dur à supporter. Et les doigts de Severus dans ses cheveux avaient pour don de l'alléger de ses soucis. D'ailleurs, Severus avait remarqué que la fréquence de ces instants se faisait de moins en moins régulière.

C'était ainsi que s'était écoulé le mois de janvier ainsi qu'une partie de celui de février. Le temps était étrangement doux et calme. Peut-être trop au vu de la menace qui pesait sur leurs têtes. Mais pour l'instant Harry et Severus profitaient simplement des jours qui leur étaient accordés. Ils naviguaient ensemble sur le calme d'une rivière sinueuse, aux eaux parfois sombres, parfois claires comme le ciel.

Severus était effrayé d'observer la facilité naturelle avec laquelle Potter s'était fait une place essentielle dans son quotidien. Le jeune homme n'était pas de nature très loquace contrairement à ce qu'avait pu penser Severus. Et parfois, quand Potter avait un empêchement ou qu'il était occupé avec ses amis, Severus trouvait son appartement étrangement vide et froid, alors même que cela n'avait jamais été dérangeant auparavant. C'était presque terrifiant de constater à quel point Potter était devenu une constante essentielle de sa vie.

Severus soupira. Il était allé cueillir des plantes ce soir. La neige avait enfin laissé place à quelques repousses et il avait sauté sur l'occasion pour réalimenter son stock d'ingrédients. Le ciel état partiellement couvert cette nuit-là et les nuages projetaient leurs ombres sur les sapins de la Forêt Interdite. Severus coupa quelques plantes de plus avant de faire sa route en sens inverse, décidant qu'il fallait mieux ne pas être trop gourmand afin d'assurer une meilleure repousse.

Il faisait encore froid en cette moitié du mois de février et le souffle de Severus projetait des panaches de fumée blanche dans l'air nocturne. Une bourse (Nda : le retour de la bouRse) pleine à sa ceinture, il marchait d'un pas rapide, l'air frais fouettant ses jambes à chaque enjambée.

Severus sortit finalement du condensé des arbres sombres pour marcher sur l'étendue d'herbe dégagée du parc de Poudlard. Il jeta un regard aux alentours par automatisme tout en continuant d'avancer puis fronça les sourcils quand il remarqua une silhouette assise sur la berge du Lac Noir. La forme humaine se découpait dans le reflet céleste du lac.

Ténèbres Où les histoires vivent. Découvrez maintenant