VIII. La visite

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Toute la famille était au fourneau, excepté Arthur qui a été jugé trop jeune pour nettoyer la maison. Il est devant la télé et me nargue en me tirant la langue. Je suis tentée de lui mettre un coup de ballais à la tête mais je pourrai lui casser quelque chose qui le rendrait encore plus fou qu'il ne l'est déjà.
Miracle, j'ai aussi rangé ma chambre en découvrant plein de petites babioles. Dans mon sac de cours, j'ai retrouvé les puncakes - pourris - de ma mère, que j'ai ensuite jetés.
Maman est davantage exigeante sur la propreté car cet après-midi une famille vient visiter notre maison. J'ai prévenu ma mère que j'allais tout faire pour qu'on reste ici. Mes parents ont à peine prêter attention à moi pensant que cette menace n'était qu'une tocade.
Mais j'avais tout prévu.
Je n'avais pas pour autant oublié la fête de ce soir.

*Dig dong*

Quand la sonnette retentit, toutes activités cessèrent. On voyait sur le visage de mes parents leur stress. Ils étaient soigneusement habillés et m'avait conseillé de faire pareil. Et bien entendu, je refusai.
Mes parents accueillirent les visiteurs en affichant leurs plus beaux sourires hypocrites. Pendant ce temps, j'eus le temps d'écraser de la tomate sur le sol, le canapé et l'escalier. Je mis une fausse araignée dans la cuisine, près de la poubelle. Touche finale, je disposai des boules puantes un peu partout et je filai dans les escaliers pour admirer le spectacle.
Une dame rousse entra en première, dans la salle de séjour. Son premier réflexe a été de retrousser son nez à cause de l'odeur que délivrait les boules puantes. Son mari suivit d'un petit garçon - ayant sûrement l'âge de mon frère - et d'une fille - les écouteurs vissés dans les oreilles - arrivèrent à leur tour. Le mari écarquilla les yeux en voyant les traces rouges dans la maison. Je retins mes rires en protégeant ma bouche de mes deux mains.
- Cool la déco, lâcha la jeune fille.
Ma mère débita quelques mots incompréhensibles en manquant de tomber à la renverse. Mon père la tenait par la taille, aussi effrayé qu'elle.
- Je... Désolé... Nous ne comprenons pas, bégaya mon père complètement perdu.
Ma mère jeta un regard vers les escaliers. Elle m'avait repéré, elle savait donc maintenant que c'était moi l'auteur de ce désastre mais je pense qu'elle s'en doutait depuis le début. Je vus dans son regard une grande tristesse mais aussi de la colère. Pendant un instant, je regrettai tout, absolument tout.
- Je pense qu'il serait plus judicieux de fixer un autre jour de visite, reprit ma mère.
Le couple acquiesça mais je voyais bien dans leurs yeux qu'ils se disaient "La prochaine fois ce ne sera pas de la tomate sur les murs, mais notre sang." Ils se précipitèrent vers la porte. Dès qu'on entendit le claquement de la porte, ma mère s'égosilla :
- Mélaniiiiiiie !
Je crois que je pouvais dire adieu à la fête de ce soir.
Je descendis les escaliers en m'agrippant fortement à la rampe comme si j'allais tomber.
Mon père se tenait à côté de ma mère avec un regard que je ne connaissais pas. J'avais dépassé les limites et il fallait que j'assume les conséquences.
- Ça t'amuses ce petit jeu, aboya mon père, les traits du visage déformés. Tu ne te rends pas compte de tout ce qu'on a misé sur cette visite !
J'étais effrayée. Jamais mon père ne s'était énervé comme ça.
- Privé de sortie pendant deux semaines ! Et peut-être plus si nous le décidons avec ton père ! Et tu vas tout nettoyer, évidement! renchérit ma mère.
Je m'étonnai moi même de penser ça, mais je le méritai.
- Vous avez raison. Je ne pense qu'à moi, je suis égoïste. Je vous demande pardon, dis-je calmement pour apaiser les tensions.
Mes parents se regardèrent presque étonnés.
- Ne crois pas qu'après de simples excuses nous allions enlever ta punition, déclara ma mère en me pointant de l'index.
- Oui, oui mais ma fête de ce soir j'y tiens. C'est sûrement la dernière que je passerai avec mes amis et ça, vous ne pouvez pas m'en priver.
Ma mère mis la main sur son front et secoua la tête d'un air découragé.
- Oui pour cette fête ! Mais ne demande rien d'autres pendant c'est deux prochaines semaines.
Je sauta dans les bras de mes parents.
Ce soir, j'étais prête à tout pour conquérir le cœur de Mike et pour ça, je sortirai même les grands moyens.

La Rebelle du 16ème arrondissementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant