VI. "À table"

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Le reste de la journée se déroula assez vite.
Mégane et moi rentrâmes ensemble en admirant le coucher du soleil. Cette ville allait vraiment me manquer. Sur le trajet, nous ne parlions pas. Depuis que j'ai annoncé mon déménagement Mégane était très bizarre et ça m'énervait presque. Je voulais savoir ce qui n'allait pas :
- Qu'est ce qu'il y a Mégane?
- T'aurais pu me prévenir. Avant de le dire à tout le monde pour ton déménagement, dit-elle en regardant ses pieds.
- Je voulais vous le dire à vous tous réuni. Mais ça n'a pas d'importance, dis-je un peu agacée.
Je lui fis un signe de la tête pour lui dire au revoir mais elle avait déjà tourné les talons. Son comportement était vraiment gamin. Tant pis, demain est un nouveau jour et tout sera oublié. Je n'ai pas envie de gâcher ma soirée.
En rentrant à la maison, je jetai mes chaussures dans l'entrée et mis mon perfecto sur le porte-manteau. Ma mère était assise sur le canapé devant "Les Reines du Shopping". Elle ne m'avait pas remarquée et commentait les achats des candidates en faisant de grands gestes:
- Mais non ma belle pas ça! Ça ne va pas avec ta morphologie ! T'es venue pour perdre ou quoi ?!
Je m'appuyai sur le canapé :
- C'est vrai que c'est pas très beau.
Ma mère sursauta.
- Oh! Tu es déjà rentrée ! Je croyais tu étais avec tes amis ou ton copain.
- Pour la énième fois : je n'ai pas de co-pain, articulai-je pour qu'elle comprenne bien.
La porte d'entrée s'ouvrit dévoilant le visage fatigué de mon père. Le regard de ma mère s'illumina. Elle se dirigea vers lui pour le couvrir de baisers. Mes parents étaient mariés depuis 17 ans, c'est-à-dire l'année de ma naissance. Défois, en les regardant, je me demandais si Mike et moi pourront fonder une famille et être heureux comme mes parents le sont.
Mon père était grand châtain avec les yeux marron. Il avait une fine bouche. Mon frère qui était dans sa chambre courra vers mon père; et ce dernier lui frappa gentiment le dos. Je regardai ce décor de famille heureuse avec dégoût. Depuis que mon père m'avait annoncé qu'on déménagerait je lui faisais la tête. Mon père défis sa cravate en m'approchant :
- Alors ma fille aînée préférée, comment ça va ?
Il savait que je n'allais pas répondre.
Je montai dans ma chambre pour aller faire les quelques devoirs inscrits sur mon agenda. Mon téléphone bippa, me prévenant que j'avais reçu un message. Qui ça pouvait être ?
Oh mon dieu, c'est Mike. Mon cœur fit deux bons dans ma poitrine quand son nom s'afficha sur l'écran.
J'ouvris le message : " Salut ce week end y'a une fête chz un pote ça va être cool. tu px venir yaura les autres."
Je lui répondis immédiatement : " Dc je verrai"
Ma réponse était indifférente mais évidement que je viendrais à cette fête ! Mike sera là et c'est ça le plus important. Je m'apprêtais à faire ma danse de la joie quand ma mère cria "À tableeee !!".
J'avais une faim de loup.

Ma mère avait préparé une tartiflette. Tout le monde était déjà installé, il ne manquait plus que moi. Je m'avachis sur la chaise manquant presque de la casser. Ma mère ne fit pas attention à ma provocation.
On dina dans le calme. Mes parents racontaient leurs journées de travail et mon frère décrivait ses dessins - qu'il avait fait à la maternelle - les comparants à des œuvres d'art. Puis ma mère, tout sourire, annonça :
- Nous avons été contactés, Papa et moi par des acheteurs pour la maison. Ils viendront ce samedi pour la visiter donc par la même occasion, je vous demande de bien ranger votre chambre.
Mon père nous épiait du regard pour voir notre réaction. Mon frère hocha la tête ne pouvant pas communiquer étant donné que sa bouche était pleine. Je me rendis compte que j'allais laissé ma chambre. Ma chambre qui regorge de secrets, d'histoires de mon enfance. Il fallait à tout prix que je sabote cette visite.
Pour réponse, j'objectai un simple "Ok." pour ensuite sortir de table en débarrassant mon assiette et mes couverts. Mes parents m'examinaient de la tête au pied mais je n'en tenais pas compte.
Je pris ma douche et mis mon pyjama.
Après ça, il était très tard. Je me suis emmitouflée dans ma couverture et j'ai pleuré. Je ne sais pas pourquoi, mais ça m'a fait du bien.

La Rebelle du 16ème arrondissementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant