IX. "On y va?"

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J'aurai dû réfléchir à deux fois avant de mettre de la tomate dans le salon. Même en frottant - avec énergie - les tâches ne partaient pas. Et pire encore, elles s'élargissaient.
Ma mère m'avait prévenue : si toutes ces "horreurs" n'avaient pas été nettoyées d'ici ce soir, je pouvais dire adieu à la fête. Je commençais à paniquer sérieusement. Cette soirée se trouvait être la dernière que j'allais passer avec mes amis. Avec Mike. Je voudrais qu'il me remarque enfin. Je commençais à avoir mal au bras et la douleur me faisait grimacer.
Mes parents passaient rapidement dans le salon en me regardant avec pitié. Quelques fois, ils échangeaient des messes basses. Je les observais attentivement tout en continuant ma corvée.
Ma mère se plaça en face de moi, les mains sur les hanches :
- Tu peux aller te préparer pour ta fête, dit-elle rapidement, pas très sûr d'elle.
Je me levai avec difficulté.
- Non merci, maman je vais continuer, lui répondis-je d'un ton assuré.
Ma mère parue surprise.
Je voulais assumer mes bêtises. J'en avais marre que mes parents soient toujours derrière moi pour me protéger. J'aurai bientôt 18 ans, c'est-à-dire que je serai majeur, adulte.
- Dépêches-toi de filer avant que je ne change d'avis.
- Maman, je suis désolée. Tu le sais?
- Oui,oui. Tu as fait ta petite crise mais la prochaine fois sache que je serai plus sévère. Allez, files !
Je lui fis un bisou sur la joue. D'habitude, je suis très pudique. Je n'apprécie pas les marques d'affection qui sont tactiles. Même ma mère parue étonnée. Mes résolutions pour devenir plus mature, qui occupaient mon esprit, furent remplacées par la soirée.
En me dirigeant vers l'escalier pour choisir ma tenue pour ce soir ma mère m'interpella.
- Profites bien. Si tu as besoin que je t'aide pour choisir ta tenue, n'hésites pas.
Je lui fis un sourire en signe de remerciement mais il était hors de question que ma mère choisisse ma tenue pour ce soir. Nos styles sont trop opposés. Je lui étais quand même reconnaissante qu'elle veule m'aider après tout ce que je lui avais fait endurer.
Je pense que quand ma mère m'a mis au monde elle pensait qu'on aurait une relation fusionnelle, mais ce n'est pas le cas. Quand j'étais petite elle aimait me coiffer de barrettes à fleures et m'habiller de robes roses et de jupes à volants. Pour elle, j'étais comme une poupée. En grandissant je pris mon indépendance vestimentaire. Je m'éloignai radicalement du style girly que ma mère aimait tant pour opter pour un style plus rebelle qui me convenait parfaitement malgré les moqueries de quelques immatures de mon lycée.

J'étais toute transpirante et mes cheveux étaient salles.
Avant de commencer à me préparer, je me rendis compte que je ne savais pas où se déroulerait la fête. Il était hors de question que mes parents m'accompagnent pour découvrir des adolescents saoulent. Ils me ramèneraient illico à la maison. J'hésitai quelques minutes à appeler Mike. Après tout, on est pote, il ne devrait pas avoir de gène.
Je pris mon téléphone pour composer son numéro. Mes doigts tremblaient. C'est complètement idiot.
Il décrocha après quelques sonneries.
- Mélanie? Ça va ?
Je me sentis toute molle à l'entente de sa voix.
- Oui tranquille ! C'était juste pour savoir si tu allais toujours à cette fête ! Dis-je d'une voix un peu trop enjouée.
- Oui toujours. Y'a un problème?
- C'est juste que je n'ai personne pour m'emmener (rire forcé).
"Non ce n'est pas grave, personne ne peut m'emmener mais ce n'est pas grave ! Super Mélanie, de mieux en mieux." songeai-je.
Je faisais les cent pas dans ma chambre pour essayer de reprendre mes esprits.
- Je peux t'y accompagner. Vers 20h. Ça te laisseras le temps de te préparer.
En effet, il était 18h et ça me laissait pile le temps de me refaire une beauté.
- Merci beaucoup!
Il me demanda mon adresse puis après la lui avoir donnée, on raccrocha tous les deux. Je ne lui avais pas donné ma véritable adresse mais celle d'un pavillon qui se trouvait deux pâtés de maison plus loin. Je ne souhaitais pas qu'il voit ma maison et encore moins que mes parents le voient.
Pour cette soirée, je choisis une tenue simple et dans laquelle je me sens bien. Un short court, délavé, taille haute avec un haut croc top noir. Sans surprise, mes parents n'allaient pas approuver le choix de ma tenue.
Je me ruai vers la salle de bain pour prendre une bonne douche froide pour me requinquer puis je fis un shampoing à mes cheveux.
Après ça, je débutai mon maquillage. Une touche de mascara et mon éternel trait d'eye-liner. Je permutai mon fameux rouge à lèvre violet contre un rouge à lèvre rouge bordeaux assez mate. Je lissa mes cheveux pour ensuite les diviser en deux parties de façon à ce qu'ils tombent sur mes deux épaules.
Je me trouvai séduisante, dans mon genre.
Quand j'arrivai dans le salon, mon père avala sa salive avec difficulté.
- Tu comptes sortir comme ça?
- Oh papa, c'est bon. Et puis on sera juste entre fille. C'est chez une amie et une autre amie arrivera dans quelques minutes pour m'y emmener.
"Tu parles d'une petite fête entre filles." pensai-je. Je ne suis même pas sûre que la majorité des personnes qui seront présentes à cette fête soient dans mon lycée.
Mes parents étaient trop naïfs.

20h.
Mike m'envoya un message : "Je suis devant chez toi".
J'avertis mes parents que je rentrerai tard - mais pas trop, pour ne pas les inquiéter.
Je mis mon perfecto noir, chaussa mes pieds de mes Timberland.
La lune et les étoiles étaient déjà présentes dans le ciel. Malgré qu'on soit bientôt au printemps les nuits débutaient tôt.
Mike était adossé à sa petite voiture. Il était habillé d'un débardeur vert kaki avec un jean noir un peu ample avec des baskets de la même couleur. Ces cheveux en bataille bougeaient dans le sens de la brise. On aurait dit un mannequin qui pose pour un célèbre magasine.
Je bouillais d'excitation à l'idée de me retrouver seule avec lui dans sa voiture.
- C'est ta maison? Me demanda-t-il en désignant du menton la maison devant laquelle il s'était arrêté.
Et la politesse? Il ne m'avait même pas salué.
- Non, la mienne est plus au fond. Dis-je un peu trop sèchement.
Il ne posa pas plus de questions.
- En tout cas, t'es super Mélanie. Murmura Mike en se rapprochant de moi.
- M... Merci, toi aussi, balbutiai-je sentant le rouge me monter au joue.
Je lui pardonnai aussitôt sa maladresse d'il y a quelques instants. Ce compliment est tellement simple mais prononcé dans sa bouche, il prenait de la valeur.
Je n'avais pas l'habitude qu'on me complimente.
Il rigola en voyant ma gène. Je devins encore plus embarrassée.
Il ouvrit ma portière de façon gentleman. Je gloussai comme une gamine. C'est dingue comme mon attitude peut changer en sa présence. Il me fait perdre tous mes moyens.
- C'est parti. Lança-t-il en démarrant le moteur.

Le trajet ne fut pas long. Aucun de nous deux ne prononça un mot. Pour la première fois, je remarquai que Mike était autant nerveux que moi. Était-ce moi ou ce silence qui lui provoquait cette sensation ?
Mike se stationna juste en face de la maison où la fête avait lieu. En ouvrant la portière, je pris un grand bol d'air frais comme si j'avais été privée de cet air pendant ce court voyage.
De l'extérieur, la maison semble spacieuse. Des adolescents - déjà ivres - titubaient devant l'entrée en riants. Ils secouaient des gobelets en plastique en l'air faisant tomber le contenu. La musique résonnait dehors. Ma pensée se dirigea vers les voisins qui devaient supporter ce boucan. Je les plaingnis.
- On y va ? Me demanda Mike, me sortant de mes pensées.
J'hochai la tête positivement pour ensuite nous enfoncer dans la foule devant la maison.

La Rebelle du 16ème arrondissementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant