XV. "C'est quoi ce délire!"

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En attendant les réponses de Mégane et Mike - surtout celle de ce dernier - j'écoutais de la musique.
Enfet, je n'écoutais pas la musique pour me distraire mais pour faire passer le temps plus vite. Car le temps filait, la nuit tombait et toujours aucune réponse de la part de Mike. Comme si le fait d'écouter de la musique ferait venir le message de Mike plus rapidement.
Mégane, elle, je savais qu'elle avait des problèmes et qu'elle ne me répondrait sûrement pas. Mais Mike, lui, je me demandais ce qu'il l'occupait tant pour ne pas répondre à mon message.
Peut-être que je m'y étais prise mal. On venait juste de s'embrasser que déjà je demandais de ses nouvelles. Peut-être que... Oh et puis tant pis! Je me prends trop la tête pour un simple sms.

Je pris une douche, mis mon pyjama, tressa mes cheveux en une grosse tresse et quittait la douche en direction de ma chambre.
En m'y rendant, mon ventre se serra en pensant que Mike m'ait répondue.
Je me précipitai sur mon lit oú mon portable était posé.
Oui! J'ai reçu une réponse! Il m'a répondu. Je ne pouvais empêcher l'étirement de mon sourire à l'affiche de son prénom.
En ouvrant le message, je fus un peu déçu :
" Dmn avnt les cours on se rejoint derrière le gymnase du lycée. "
Pourquoi? Pourquoi voulait-il me voir ? J'acceptais le rendez-vous mais ne lui en fit pas par car la forme de son message n'est pas interrogative pour me donner le choix mais impérative comme s'il fallait à tout prix qu'on se voie.
Pendant de longues minutes, je dévisageais le message comme s'il pouvait me révéler la raison pour laquelle Mike me donnait ce rendez-vous.
J'étais presque énervée.
Je me blottis dans ma couette et éteignis ma veilleuse ainsi que mon portable.
"Et puis après tout, ça ne peut pas être si grave." songeai-je.
Et sur ces pensées, je tombai dans les bras de Morphée.

- Mélanie, réveille-toi, me réveilla une voix très douce et familière.
J'ouvris les yeux et vu le visage de Mike. Il était torse nu et me souriait.
- Mike... Mais qu'est-ce que tu fais ici? dis-je d'une voix rauque.
Je me redressai sur le lit et Mike dit de même en rigolant.
Mais... Ce n'est plus ma chambre! C'est une chambre spacieuse, couleur crème. J'étais habillée d'une simple nuisette.
C'est quoi ce délire!
- C'que t'es marrante chérie ! On vit ensemble, voyons ! s'exclama Mike.
Mike qui m'appelle "chérie"? Étrange.
- Mais non, arrête ! On ne peut pas habiter ensemble ! commençais-je à crier.
- Mais bien sûr que si! Tu te souviens quand on est sorti ensemble? Oh là là, nostalgie. Tu avais encore tes cheveux violets. Maintenant on n'a trente cinq ans et on a deux magnifiques...
- Quoi ?! 35 ans mais tu te moques de moi bordel! hurlai-je littéralement.
Je découvrit mes jambes de la couette. Un simple shorty habillait mes jambes à moitié nues mais j'étais trop préoccupé par ce qui arrivait pour m'en soucier.
Je me dirigeai rapidement à la coiffeuse qui était à gauche de notre lit pour m'examiner.
- Mon dieu... Mais c'est pas possible ! dis-je lentement en touchant mes cheveux devenus brun et cours.
- Mais Mélanie qu'est ce que t'as ? me questionna Mike en grimaçant.
- La ferme ! Où sont mes cheveux violets ?! Et pourquoi j'ai des rides? J'ai seulement 17 ans! Et pas 35!
Je me retournai face à Mike qui avait eu le temps de se rapprocher de moi. Il était vêtu uniquement d'un pantalon. Une barbe de trois jours bornait ses joues et son menton. Je ne me souviens pas avoir déjà vu Mike avec de la barbe.
Il rabattu un peignoir sur ses épaules. Il devait vraiment me prendre pour une folle car il me regardait avec des yeux inquiets. Trop mignon.
Si tout cela ne paraissait pas si bizarre je l'aurai sûrement embrassé.
Mike s'apprêta à prononcer un mot mais la porte de la chambre s'ouvrit brutalement sur deux bambins qui courraient vers nous. Je fis un bon en arrière pour les éviter.
- C'est... C'est qui ces gosses ? glapiai-je en pointant du doigt les deux petites têtes brunes.
Il y avait un petit garçon de 4 ans environ avec de jolis yeux ronds verts. Il ressemblait à Mike. Le mini-Mike tenait par la main une petite fille qui marchait à peine et qui était également brune. Elle avait le même nez tire-bouchon que moi.
Me dites pas que ce sont... pensai-je en mettant ma main sur ma bouche.
- Ces nos gosses, rigola Mike en caressant les têtes des deux enfants.
- Mike... Ce sont nos enfants ? Nos enfants à... À nous? dis-je à voix basse en insistant sur le pronoms possessif "nos".
- Oui, nos enfants, m'imitait Mike avec la même voix en insistant aussi sur le même mot.
Je secouai la tête en disant successivement non. Le sentiment que je ressentais était bien trop fort pour mettre un mot dessus.
D'un coup, j'ouvris la bouche pour sortir un son s'y fort que la mini-moi se mit à pleurer.
Ma vue devint soudainement flou et quand elle redevint normal c'est le visage de ma mère que je vis.
- Mélanie ça va? Je pense que tu as fait un cauchemar, tu es brûlante.
Je n'étais plus dans la grande chambre avec Mike mais dans la mienne. Ma chambre à moi.
Un peu hésitante, je balayai ma chambre du regard pour voir si des enfants ou Mike m'observaient. Mais non, seul ma mère m'observait - un peu perplexe.
Je m'assis sur mon lit. J'avais très chaud : des auréoles de sueur maculaient le tissus sous mes bras.
- Ton réveil n'arrêtait pas de sonner et tu ne te réveillais pas... Tu es sans doute toujours malade.
Ce n'était qu'un stupide cauchemar. Quand j'y repense j'aurai du m'en rendre compte mais cela faisait bien longtemps que les cauchemars n'hantaient plus mes nuits.
Tout c'est passé si vite : j'apprenais que je vivais avec Mike, que j'avais 35 ans et que j'avais les cheveux... Mes cheveux!
Je bondis de mon lit - sous le regard intrigué de ma mère - pour vérifier que mes cheveux sont bien violets et non bruns et courts sur le grand miroir de mon armoir.
Les rides sur mon visage avaient disparus et mes cheveux étaient bien et violet. Je caressai ma longue tignasse sur mon visage parce qu'ils m'avaient manqué. Mes cheveux violets représentent mon identité. Sans eux, je ne suis plus moi.
Ma mère me dévisageant les mains sur les hanches.
- Bon, c'est bon t'as fini ? Je te rappelle que tu es presque en retard. Ah et! J'ai trouvé du poulet dans la poubelle... Ce ne serait pas toi qui l'aurait jeté quand tu es restée à la maison?
Je l'écoutais d'une oreille car mon cerveau - ayant enfin émergé - m'a envoyé un signal d'alarme pour me rappeler le fameux rendez-vous avec Mike.
Le printemps faisant son entrée, je choisis ma veste en jean et un jean slim de la même matière et pris un haut fluide rose pale.
- Comme tu dis je suis en retard, il faut que je me prépare, dis-je en m'éclipsant dans la salle de bain.
Elle n'insista pas et souffla bruyamment.
Après une bonne douche éclaire, je me maquillais les yeux d'un far rose irrisé et d'un trait d'eye-liner.
Je dévalai les escaliers pour prendre une bouchée dans le croissant sur la table où mon frère déjeunait.
- Merchi maman pour le croichant, dis-je en ingurgitant avec difficulté mon croissant.
- Ne parle pas la bouche, bon sang.
Je remontai à l'étage et me brossai les dents. Je troquai mon rouge a lèvre violet contre un rouge à lèvre nude. Je pris mon sac de cours et descendis hâtivement les escaliers pour enfiler mes bottines noires.
- Quand tu rentreras des cours, passe chez l'épicier d'à côté pour prendre du lait et du sopalain s'il-te-plait, me demanda ma mère en me tendant un billet de dix euros.
En guise de oui, je levai mon pouce en l'air, pris l'argent et disparu derrière la porte sans dire au revoir.

La Rebelle du 16ème arrondissementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant