Chapitre 06 - Confession

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[NARRATEUR : IZUKU MIDORIYA]
[Un mois après la rentrée]

Il m'a vu ! Il a crié mon nom ! Il était là, presque en face de moi ! Il était... Là ! Il m'a regardé, droit dans les yeux, et il avait l'air surpris, choqué, énervé et compatissant à la fois ! Impossible de décrire ce qu'il ressentait, mais son regard de braise... Je n'avais jamais vu cette expression sur son visage. J'ai tout fait pour l'éviter. J'ai changé de wagon, j'ai pris le train d'avant et celui d'après, il s'est débrouillé pour n'être pas loin de moi. Aujourd'hui, c'est mon premier jour avec ma chaise roulante et je l'ai vu en bas des escaliers. Il m'attendait...

Ce souvenir, de le voir m'attendre dans un couloir ou à la sortie de l'école, me rend mal à l'aise. J'ai beau être assis dans ma chaise, ma tête tourne, ma respiration s'accélère et j'ai envie de vomir. Pourquoi m'a-t-il appelé ? Pourquoi personne n'est avec moi pour me protéger de lui ? C'est de sa faute ! Tout est entièrement de sa faute ! Plus le temps passe, plus j'en cauchemarde ! Aidez-moi ! Écoutez-moi ! Comprenez-moi ! Je vous en prie, que quelqu'un puisse faire quelque chose, je n'ai pas la force de le faire moi-même !

- Izuku ! Izuku !

J'entends ma mère crier et j'ouvre les yeux. Sa voix qui part dans les aigus et qui tremble signifie qu'elle s'inquiète drastiquement. Quand je croise son regard, elle me serre dans ses bras. Elle me fait mal, mais elle est là contre moi. Je n'ai pas la force de lever les bras pour la serrer contre moi. Au lieu de ça, je laisse ma tête se poser contre son épaule et j'attends qu'elle s'éloigne de moi. Où suis-je ?

- Izuku, j'ai eu si peur quand la police m'a appelé.

La police ?

- J'ai cru qu'il t'était encore arrivé quelque chose ! Mon coeur ne va jamais tenir à ce rythme. J'ai eu si peur.
- Maman, je vais bien...
- Non, tu ne vas pas bien ! Regarde-toi ! Ils t'ont retrouvé dans le train, le regard inanimé, au terminus !

Quoi ? Je la pousse doucement et fronce les sourcils. Je suis resté dans mes pensées aussi longtemps ou ai-je perdu connaissance sans mon rendre compte ? Que se passe-t-il ? J'ai eu une absence ?

- Tu seras transféré à l'hôpital psychiatrique, mon chéri...
- NON !
- Izuku...
- Je vais bien, maman.

Quand je sors ça, elle se met à pleurer. Elle sait que je mens.

- Je vais bien... à l'école. Je t'assure qu'en cours, ça se passe bien. Mao et Enki sont gentils avec moi.
- C'est la première fois que tu prononces le nom de deux camarades de ta classe.
- Je sais que... Je ne suis pas facile à vivre, excuse-moi. Mais je t'assure qu'en cours, je vais bien, l'informai-je en reniflant.
- C'est où que ça ne va pas ?

Elle me pose cette question qui me fait plus de bien que je pensais.

- Dans...

Je ne veux pas qu'elle dépense plus d'argent pour moi. Elle n'en a pas beaucoup et les aides sont presque inexistantes.

- Izuku, s'il te plaît.

En regardant autour de moi, je constate qu'on est dans un poste de police et qu'il y a des oreilles qui traînent un peu partout. Est-ce le bon endroit pour parler de ça ? Je ne veux pas qu'ils débarquent chez lui pour l'arrêter.

- À la maison, maman.
- Promet-moi que tu vas tout me dire, Izuku Midoriya !

Entre ses larmes et sa détermination, j'ai presque envie de tout déballer maintenant. Au lieu de ça, elle remplit des papiers, puis la police nous raccompagne chez nous. J'ai le droit à la journée entière de congé - l'école a été informée. Une fois à la maison, au salon et installé, je n'arrive plus à sortir un mot de ma bouche. Pourtant, je dois lui dire. Ma lettre, qui n'est pas terminée, est sur mon bureau - plutôt dans le tiroir.

Yuei était un rêveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant