Yuei était un rêve

Chapitre 21 - Psychologue

[Narrateur : Katsuki Bakugo]
[Le jour-même]

        - Bonjour, Katsuki. Je m'appelle Finn. J'ai pour habitude qu'on s'appelle par nos prénoms, mais si tu préfères m'appeler par mon nom de famille, il suffit de me le dire.
        - D'accord. Bonjour.
        - Tu préfères qu'on discute dans ta chambre ou dans le salon ?
        - Dans ma chambre.
        - La prochaine fois, je te recevrai dans mon cabinet.
        - Si vous ne décidez pas de m'interner.
        - Je ne pense pas que tu aies besoin de ça.
        - Si vous l'dites...

        Je l'emmène dans ma chambre, sans vraiment être rassuré qu'il soit là. Il a l'air gentil aux premiers abords, mais l'est-il vraiment ? Il est psy, y a aucune raison pour qu'il ne le soit pas. J'arrive pas à croire que je vais vraiment discuter avec un inconnu de mes problèmes. C'est tellement bizarre que j'hésite à m'enfuir. Qu'est-ce qui me prend de vouloir faire ça ? Je suis désespéré et presque suicidaire, mais de là à discuter avec quelqu'un... Je me voile la face, c'est terrible. Je sais très bien que ça va m'aider. Me faire du bien, ça, je n'en sais rien, mais m'aider... C'est le seul espoir qu'il me reste. Et si je le fais, c'est quand même pour ma mère...

        - Jolie chambre, dit-il en entrant. J'aime beaucoup ton coin avec les sièges en rotin.

        C'était notre coin. On faisait des cabanes avec des draps de lit et on restait là pendant des heures à jouer avec nos poupées All Might... Qu'est-ce qui me prend de penser à ce souvenir, tout à coup ? Je n'y avais pas songé depuis... Depuis si longtemps que je ne me souviens même pas d'y avoir repensé un jour. Pourquoi aujourd'hui ? Je ne regarde jamais cette partie de ma chambre, comme si je voulais mettre de côté tout ce qui concerne ma vie avant mon alter. Ou simplement lui.

        - On peut s'y installer, si vous trouvez que c'est plus confortable.
        - Tu avais l'intention de te coucher dans ton lit et me parler sans me faire face ?
        - C'était l'idée.
        - Tu fais comme tu as envie. Je m'adapte.

        Sympa de sa part. Je vais le remercier en décidant de nous asseoir dans le coin. Je m'installe sur sa chaise, car je ne veux pas avoir un autre souvenir que lui. Déjà que mes rêves commencent sérieusement à me faire peur, alors le voir dans la réalité, ça me ferait probablement perdre connaissance. Je croirai que je suis fou si je vois des hallucinations.

        - Ta mère ne m'a rien dit à propos de ton cas, commence-t-il après s'être installé, sans carnet de notes. C'est une amie à elle qui m'a demandé de venir te voir.
        - Puis-je savoir de qui il s'agit ?
        - Secret professionnel.
        - Je comprends.
        - Dis-moi tout ce dont tu as besoin de me dire.
        - Vous n'écrivez pas ?
        - Ma mémoire est excellente.
        - D'accord.

        Ouais, mais le truc, c'est par où commencer ? Je dois faire des allers-retours entre le passé et maintenant ou lui parler de ce qui me met dans cet état avant de faire des va-et-vient dans mes mauvais souvenirs ? Y a tellement à dire que je suis perdu dans mes propres pensées. Et ne parlons pas de la lettre que j'ai presque encadrée sur mon bureau ! Je me force à la lire chaque jour, histoire de me faire encore plus de mal. Je suis pathétique, c'est un bordel sans nom dans ma tête.

        - As-tu besoin que je te guide ? Me demande-t-il en comprenant le trouble qui bouillonne en moi.
        - Oui.

        S'il vous plaît.

        - Que ressens-tu depuis ton réveil ?

        Je ne pensais pas qu'il allait me demander ça. J'étais persuadé qu'il allait me questionner sur ma vie et qui je suis.