Chapitre 02 - Méfiance

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[NARRATEUR : IZUKU MIDORIYA]
[Deux mois plus tard, le jour de la rentrée scolaire au lycée]

      Mon costume n'est pas gris et vert, comme à Yuei, mais rouge foncé et doré. Mon lycée n'a rien à voir avec celui de Yuei, on n'y enseigne pas la vie de super-héros. Je n'ai pas d'alter. Ma place est donc ici. Je dois m'efforcer à comprendre que je n'aurais jamais d'alter. Avec un discours qu'il a fait lors d'une interview, All Might m'a bien fait comprendre ça, tout comme... Je ne devrais pas penser à lui. Mon psychologue m'a bien demandé de ne plus avoir cette personne dans mon esprit. Ce n'est pourtant pas évident...

      - Tu es prêt, mon chéri ?
      - Je le suis, maman.
      - Tu es beau, sourit-elle, les larmes aux yeux.
      - Merci, maman.
      - À ce soir, mon chéri. Tu m'écris s'il y a quoi que ce soit. Tu m'appelles si tu as besoin de moi !
      - Ça va aller.

      Je la salue aussi chaleureusement que possible, bien que je fasse semblant, puis je sors de notre petit appartement. Je me dépêche de quitter l'immeuble, de peur de me faire rattraper par ma maman - je ne veux pas qu'elle voie le masque que je porte en sa présence. Je relève la tête et je fais mine d'aller bien, de sourire et rire. Mais dans la rue, là où je suis avec personne que je connais, je baisse la tête et exprime aucune émotion. Je n'ai pas la force de faire semblant tout le temps, c'est épuisant. D'un côté, je suis soulagé de ne pas avoir d'amis, d'un autre, j'aurais aimé avoir quelqu'un à voir pour m'échapper de tout ça. Ma maman est gentille, mais c'est ma mère, pas une amie. Ce n'est pas la même chose.

      En chemin, je passe devant chez... Je soupire et trace un bon coup, de peur de le croiser. Ne pas penser à lui ! Ce n'est pas facile quand le seul endroit que je peux emprunter passe devant sa grande maison. Ce n'est pas juste. Je voulais qu'on déménage, mais maman n'a pas assez d'argent et personne ne peut nous aider. « Affronter ne fait pas de mal. » « Essaie de l'éviter. » Pourquoi ce genre de phrase bateau, que je n'ai pas envie d'entendre, est sans cesse prononcé par tout le monde ? Je veux plus que ça ! Parler avec un psychologue, ce n'est pas ce qui va me guérir complètement. Ça me soulage, comme un médicament, mais ça ne me soigne pas. En plus, je dois passer toute ma séance à parler de lui, car c'est le seul moment où j'ai le droit de prononcer son nom.

      J'arrive enfin à la gare pour prendre mon train. Malheureusement pour moi, Yuei est sur mon chemin, je vais donc croiser des élèves tout au long de l'année. En plus, mon arrêt est une station après. Je croise les doigts pour ne pas le voir. Je me mets au fond du wagon lorsqu'il arrive et m'assied en mettant mon sac sur mes genoux. Il le connaît ce sac, je devrais le changer. Je vais voir les prix à l'école et chercher un petit travail si c'est trop cher pour ma maman. De toute manière, j'avais l'intention de chercher un job. La pauvre, elle fait tout toute seule et n'arrive pas à me donner un tout petit peu d'argent de poche. Elle y arrivait un temps...

      - Il paraît qu'All Might va enseigner à Yuei !
     - Oui, c'est lui qui était dans ma lettre avec un dispositif pour me dire que je suis admis à Yuei !
      - Oh la chance ! Moi, j'ai pas eu lui.
      - Comment tu t'appelles ? Moi, c'est Denki Kaminari.
      - Moi, c'est Eijiro Kirishima !

      J'ose lever les yeux du sol quelques instants et regarde les deux élèves discuter. Leur costume est vraiment beau. Et la qualité a l'air vraiment incroyable. Il doit être agréable à toucher. En tout cas, ils ont la mine heureuse. Je le serais, moi aussi, si j'avais pu être avec eux. Ils sont beaux et inaccessibles... Je ferme les yeux et pose ma tête sur mon sac, de sorte à ne plus voir devant moi, mais sur mes genoux. Ils ont tellement de chance. Ils ont l'air gentils en plus. Ils le méritent.

      - Hey ! Regarde, y a un autre gars avec le même costume là-bas ! On va le saluer ?
      - Vu la tête qu'il tire, je ne veux pas le déranger.
      - On verra à la sortie du train, se réjouit Eijiro, si je me souviens bien, car je ne relève pas la tête pour simplement les écouter.
      - On dirait qu'il a explosé avec la coupe de cheveux qu'il a !
      - Hey ! Moi aussi, j'ai une coupe en pétard.
      - Tu as mis les doigts dans la prise ?

Yuei était un rêveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant