Yuei était un rêve

Chapitre 17 - Conseil :

[Narrateur : Shoto Todoroki]
[Au même instant]

        En sortant de la chambre, je me retiens de me plaquer contre la porte, car je ne veux pas qu'il sache que ce baiser m'a complètement chamboulé. Je ne m'y attendais pas. Je n'étais pas conscient de ses sentiments pour moi. Il me semblait que mon aura lui faisait de l'effet, mais en tant que fan ou en totale admiration pour moi. Malgré ses nombreuses retenues, j'ignorais qu'il pouvait m'aimer au point de... m'embrasser. Mes doigts glissent sur mes lèvres et le souvenir du contact s'y retrouve. C'était... Que puis-je dire ? J'étais tellement surpris que je n'ai pas pris le temps d'apprécier ou détester ce contact. Ai-je envie de recommencer ? Disons que je voudrais être conscient de savoir ce que l'on ressent lorsqu'on se fait embrasser.

        - Shosho, que fais-tu dans le couloir, rouge comme une fraise et la main sur ta bouche ? Me demande ma soeur bien trop curieux à mon goût.
        - Rien. Je dois trouver un matelas pour Izuku. Il refuse de dormir avec moi.
        - Allons en chercher un ensemble, tu n'arriveras pas à le porter tout seul.

        Je hoche la tête et la suis en silence. Depuis combien de temps Izuku m'aime ? Je lui fais toujours des compliments, parce que je veux lui rendre le sourire. Je me souviendrai toujours de ce visage triste que j'ai vu, la première fois qu'on s'est rencontré. Étendu au sol, je me sentais mal de le voir abandonner une fraction de seconde avant de s'activer. Quand nos yeux sont entrés en contact, j'avais une envie irrépressible de le prendre dans mes bras et de lui dire que ça va aller. Tout son être m'attirait au point de ne penser qu'à lui constamment. Je voulais l'aider, le soutenir et le rendre heureux. C'est toujours le cas aujourd'hui, après tout ce temps, mais de là à dire que j'éprouve de l'amour pour lui, je ne sais pas. Contrairement à lui, je n'ai jamais pensé à l'embrasser. Rien que l'idée que ce soit possible entre deux personnes ne m'est jamais venu en tête. Bien que Mina et Denki soient en couple, quand je les vois s'embrasser, je n'ai jamais pensé au fait que je voulais essayer.

        - Tu me dis quand tu auras fini de parler avec toi-même dans ta tête, car je commence à m'impatienter, me retire ma soeur de mes réflexions.
        - Excuse-moi.
        - Que se passe-t-il, petit frère ?
        - Je n'ai pas envie d'en parler.
        - Vas-tu en parler à quelqu'un ?
        - Je ne pense pas.
        - Shoto ! M'engueule-t-elle en me donnant une tape sur le bras. Pose-moi tes questions, je vais y répondre.
        - C'est gênant.
        - Est-ce en lien avec une relation intime ?
        - Qu'est-ce qu'une relation intime ?
        - D'accord. Je vois, c'est encore pire que tout ce que je m'étais imaginée.
        - Où veux-tu en venir ?
        - Shoto, dis-moi ce qui te tracasse et je te dirais tout ce que tu as besoin de savoir.

        Pourquoi ce qu'elle dit me paraît insensé ? Que veut-elle dire ? Relation intime, c'est le fait de sortir avec quelqu'un ? A-t-elle deviné les sentiments d'Izuku ? Que faire ? Je n'ose pas lui demander. En même temps, je ne me suis jamais intéressé à ce sujet. Les choses arrivent comme elles viennent. Je n'avais jamais pensé me mettre en couple avec quelqu'un à cause des dégâts de mon père. Je n'ai aucun repère et je ne sais pas comment m'y prendre. Je n'ai pas le temps de me poser plus de questions, car je me prends le matelas en pleine tête - ma soeur attend.

        - J'ai toute la nuit, mais je doute qu'Izuku soit aussi patient. Tu le fais attendre depuis trop longtemps.
        - Fuyumi, c'est compliqué.
        - Alors, dépêche-toi de me dire ce qui te met dans cet état.
        - Quel état ?
        - Tu le fais exprès ! S'indigne-t-elle. Tu n'as pas arrêté de sourire pendant le repas et de le scruter du regard quand tu en avais l'occasion ! Et en sortant de ta chambre, tu avais l'air ailleurs et perdu. Que s'est-il passé ?
        - Fuyumi, c'est quoi aimer ?
        - Tu as le don de ne jamais répondre à mes questions, souffle-t-elle. Mais je vais répondre à ta question. L'amour se perçoit différemment pour chaque individu. Elle a plusieurs formes. On dit que l'amour est proche de la haine, car parfois, c'est tellement intense que lorsqu'on ne le reçoit pas en retour, ça peut devenir de la colère et de la haine. Mais pour ton cas, ce que tu dois savoir, c'est que l'amour, c'est quelque chose de merveilleux. On a toujours envie de voir l'être qu'on aime, on veut le rendre heureux et ne jamais le blesser. Sans s'en rendre compte, on le complimente, on le chouchoute et on a envie d'être présent pour lui.
        - Je n'ai jamais eu envie de l'embrasser.
        - C'est parce que tu n'as pas d'exemple sous les yeux, donc tu ne connais pas cet acte.
        - Oui. Deux personnes dans ma classe font ça tout le temps.
        - Je te parle d'exemple à la maison que tu aurais pu voir depuis tout petit.
        - Mais toi, comment tu fais ? Comment tu sais ?
        - Je suis plus âgée, plus expérimentée, je lis beaucoup et je suis sorti avec des garçons quand j'avais ton âge.
        - Je ne sais pas ce que je veux. Pourtant, tout ce que tu as dit, c'est ce que je ressens, mais c'est un ami. L'embrasser... Je n'y pense jamais.
        - Essaie et vois avec le temps.
        - Je ne veux pas le faire souffrir.
        - Essaie, insiste-t-elle. La prochaine fois que vous vous embrassez, ferme les yeux et pense à lui. Tu dois ressentir ses sentiments par ses lèvres. Un baiser n'est pas anodin, tout est transmis par celui-ci. Les caresses, les câlins, tout ça, ce n'est rien à côté d'un baiser sincère.
        - Je suis un crétin.
        - Pourquoi ?
        - Parce que je n'ai pas répondu à son baiser et j'ai quitté la chambre en disant qu'un second matelas serait le bienvenu. Je l'ai laissé en plan dans ma chambre après qu'il m'ait embrassé.
        - Qu'est-ce que tu attends pour le rejoindre ? Crie-t-elle en me frappant derrière la tête. Le pauvre ! Tu es vraiment insensible, Shoto ! Cours ! Je te ramène ça à la chambre, je n'ai plus qu'à le traîner !
        - Mais...
        - Shoto !