Chapitre 36 - C'est vrai ?

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[Narrateur : Izuku Midoriya]
[Le jour soir-même]

      J'ai séché la dernière heure ! Je ne pouvais plus tenir en place et j'ai craqué. Faire semblant de sourire toute la journée m'a épuisé et rappelé tellement de mauvais souvenirs que je suis incapable de tenir une heure de plus. Je ne suis pas harcelé comme à l'époque, mais cette tension me pèse vraiment sur les épaules. De plus, tous ces regards sur moi ont ajouté un malaise supplémentaire. C'est... Horrible !

      Si Shoto a véritablement craqué pour quelqu'un d'autre que moi, je veux le savoir ! Ce n'est que le deuxième jour d'école et il y a déjà un article, même plusieurs ! Pourquoi ne m'a-t-il pas écrit ? Il ne m'a même pas demandé comment s'est passé ma rentrée. Il ne m'a pas dit qu'il y avait un nouveau. Il m'a totalement ignoré. J'ai fait exprès de ne pas lui envoyer un message - bien que c'était très difficile... Il faut que je sache s'il m'aime encore... Encore ? Je suis vraiment pitoyable à ce point ?

      Me voici devant Yuei et je m'apprête à entrer dans le périmètre, mais un élève pressé me dit que je devrais éviter de franchir le portail, car ça mettrait l'école en quarantaine. Oui, j'en avais entendu parlé... Je suis tellement effrayé par tout ça que j'ai oublié la sécurité de l'école. Je me mets de côté pour voir quand Shoto arrivera. Il y a plusieurs élèves dehors, j'espère ne pas l'avoir raté. Je reconnais presque tout le monde grâce au tournoi de l'an dernier et aux nombreux articles que j'ai lu. Je peux dire avec exactitude qui fait quoi, les alters, les forces et faiblesses, tout.

      Oh non ! J'avais oublié d'inclure un calcul dans mon plan : Katsuki. S'il me voit, il va venir me voir et discuter avec moi, alors que je ne veux pas. Je dois régler ça tout seul et sans qu'on vienne me déranger. J'essaie de me cacher un peu plus et espère qu'il ne me verra pas. Merde ! Il vient vers moi et m'a bien vu. Bon sang, la discrétion et moi, ce n'est pas une amitié assez forte.

      - Pas le temps ! Dis-je rapidement pour lui faire comprendre que je ne veux pas de lui pour le moment.
      - Ok.

      Après avoir haussé les épaules, il se dirige vers la gare avec son ami, Eijiro, puis je me trouve seul. Shoto n'est toujours pas sorti ? Je dois savoir. Est-ce que c'est vrai tout ça ? Est-ce que je me fais encore et encore des films ? Mes mains sont si moites, et ma jambe... Je transpire tellement que j'ai peur pour ma prothèse. Je sais qu'elle est bien attachée et je n'ai aucun risque, mais j'ai peur de glisser et que ça fasse mal à mon... Bref. Un frisson parcourt mon corps rien qu'en pensant à ce mot affreux.

      Il est là ! Je le vois ! Mon coeur s'emballe de joie et un sourire s'affiche automatiquement sur mon visage. Je l'aime. Je l'aime très sincèrement et sa présence me remplit de bonheur. Je voudrais que ce soit pareil pour lui. Il sourit de toutes ses dents, c'est... C'est la première fois que je le vois sourire de cette manière. Il n'a jamais été aussi heureux avec moi. Il sourit jusqu'aux oreilles et ses traits du visage sont tellement tirés que je le trouve encore plus beau.

      Quand je regarde ce qui le fait sourire de cette manière, je perds toute ma joie, car c'est à cause du nouveau qui discute vivement avec lui. Il est mignon, c'est vrai. Et son air étranger lui donne pas mal de charme. Mais... Est-ce une raison pour m'ignorer ? Pour m'oublier ? Que faire ? Me montrer pour lui arracher ce sourire et l'émietter à coups de paroles sanglantes ou me cacher et souffrir en silence ?

      J'ai mal à la poitrine lorsque je le vois rougir et rire à une des blagues de ce « Noah ». Moi aussi, je sais le faire rire... Mais pas autant. Je sais aussi le faire sourire, mais... pas de cette manière. Il a rougi une seule fois, à notre second baiser. Il a fui très peu de fois mon regard. Il n'a jamais perdu ses moyens, sauf après notre premier baiser. On s'est disputé plusieurs fois, mais chaque fois, on a réussi à monter la pente... À quoi je pense ?! Je secoue la tête et essaie de me mettre dans l'encadrement de l'école pour qu'il puisse me voir, mais je reste paralysé contre le muret, avec seulement ma tête qui dépasse à l'embrasure.

Yuei était un rêveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant