Chapitre 15 - La lettre :

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[NARRATEUR : KATSUKI BAKUGO]
[En rentrant chez lui]

        - M'man, je suis rentré !
        - On mange dans deux heures !
        - Super l'accueil, après avoir passé des mois dans un internat...

        Elle ne répond pas et je dois me rendre au salon pour voir ce qu'elle fait. Elle repasse des vêtements tout en étant au téléphone. Je crois qu'elle m'a confondue avec papa ou alors, elle n'a pas encore réalisé que c'était moi. Tant pis. J'ai mieux à faire que de discuter avec elle. Je me dirige en vitesse à ma chambre et je m'y enferme. Je ne prends pas le temps de me mettre en vêtements d'intérieur - j'enlève simplement ma veste du costume, puis je saute sur mon lit avec l'enveloppe d'Izuku. Je n'arrive toujours pas à croire qu'il m'a écrit une lettre. Je me demande ce qu'il y a là-dedans. Je pense qu'il va me parler du fait que je l'ai persécuté, c'est inévitable. Je pense également qu'il va me parler de ses ressentis... Mais avec ces deux prétextes, comment peut-il avoir réussi à m'écrire une lettre aussi longue ? Je sors le contenu et souris en constatant que les pages sont numérotées - du Deku tout craché.

        Katchan... Non, excuse-moi. Je devrais plutôt dire : Katsuki,

        Tu n'as jamais aimé ce surnom, j'ignore toujours pourquoi, car il n'est pas aussi dénigrant que celui que tu m'as donné. Enfin bon, je ne t'écris pas pour parler de nos surnoms, bien que ce fut une base de notre amitié. J'ai été le premier à t'appeler par un surnom, il était affectif et tu l'aimais bien. Jusqu'au jour où tu as décidé que c'était ringard et énervant - comme à peu près tout. Tu as fini par m'appeler Deku, pour me blesser, mais moi, innocent comme j'étais, je ne voulais pas accepter le fait que tu sois devenu si méchant avec moi - d'un coup, du jour au lendemain. En réalité, je ne comprends toujours pas ce qui s'est passé dans ta tête pour devenir aussi horrible avec moi. On était tellement proches toi et moi et comme ça, tu as décidé que je n'étais qu'une petite merde à tes yeux... Uniquement parce que je n'avais pas d'alter. C'est la seule raison que j'ai trouvée - pour cette époque en tout cas. On était ensemble, constamment, avec nos mamans, chez toi, chez moi, au parc. Pourquoi t'es-tu fait d'autres amis que moi ? Qu'ai-je fait pour que tu me détestes autant ? Je ne suis pas assez mesquin, méchant et malicieux ? Je suis très intelligent et mon cerveau carbure à fond, un peu trop et souvent, mais quand même, ça ne justifie pas le fait que tu me détestes autant.

        Je t'admirais. Je t'admirais tellement, si tu savais. Je crois que tu ne réalises pas ce que tu représentais pour moi. Tu étais un modèle - une sorte de mini All Might, je n'exagère pas sur les mots. J'ai toujours pensé que tu pouvais devenir un héros digne de ce nom. Quand tu as déclaré ton pouvoir, j'étais impressionné, comme tout le monde, mais moi... Moi, je voyais tout le potentiel que tu avais. Je n'étais pas jaloux de toi, pas à cette époque, au contraire, je t'enviais et j'étais émerveillé. Tu es intelligent, nous le sommes tous les deux, alors j'avais pensé qu'on aurait pu évoluer ensemble pour aller à Yuei, tous les deux. Même si j'essayais de me convaincre que j'allais avoir un alter, un jour, je m'étais résigné. Je voulais entrer en section générale et normale, tout en espérant que toi, tu allais aller en héroïque. C'est ce que j'ai fini par voir pour nous deux. Tu ne te rends pas compte les rêves que tu aurais pu donner à ton entourage, au lieu des cauchemars.

        Tu es devenu un sale gosse en si peu de temps, mais je continuais à jouer le rôle du gamin innocent et niais pour me voiler la face. Je refusais d'accepter que mon meilleur ami pouvait autant changer. J'étais là pour toi, tout en espérant que toi aussi, tu serais là pour moi. Les nombreuses balades en forêt qu'on a faites, j'ai souvent rêvé qu'un jour, tu te retournes pour me demander si je vais bien. Tu ne t'es, plus jamais, préoccupé de moi, depuis le jour où ton alter s'est déclaré. Putain, ce que je me déteste de ne pas avoir eu un alter pour te suivre partout et être ton ami ! Car même si tu as changé, je suis persuadé que si j'avais eu un alter, on serait toujours ami et tu ne serais pas le petit connard arrogant, narcissique et prétentieux que tu es devenu. (Tu n'imagines pas le temps que ça m'a pris de prendre mon courage à deux mains pour t'écrire cette phrase. J'ai longuement hésité à la mettre. De toute manière, au point où j'en suis, je ne devrais plus hésiter...)

Yuei était un rêveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant