Chapitre 09 - Le tournoi

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[NARRATEUR : IZUKU MIDORIYA]
[Le lendemain]

          Je n'ai pas osé parler de ma rencontre avec Shoto à ma maman. Moi-même, je ne sais pas si ça en vaut la peine. Elle va être heureuse et s'extasier un instant, puis elle comprendra vite que nous nous reverrons jamais, car il est à Yuei, qu'il est le fils d'Endeavor et qu'il... Qu'il est largement trop bien pour moi ou ne serait-ce que simplement faire plus attention à moi. Je le vois mal me chercher pour me revoir. Je ne le connais pas, mais sa manière de parler et son regard glacial m'a fait comprendre qu'il n'est pas encore prêt à se faire des amis - autres que ceux de sa classe.

          J'ignore pourquoi, mais j'ai l'impression qu'il a beaucoup souffert et par ce fait, il s'est construit une barrière. Je me suis senti écarté de lui, malgré son altruisme naturel. Tient-il de son père ? Et ce regard plein de haine et de tristesse, est-ce en lien avec un tragique passé ? Comme moi... Il m'a fait plus d'effet que je pensais, car je ne fais que de penser à lui. J'avais entendu parler d'Endeavor et sa famille, mais je n'avais jamais vu les membres en question. Shoto est plutôt mignon - ils doivent tous l'être. Une famille de héros, voilà ce qu'ils auraient dû être, mais étonnement, seul Shoto semble avoir pris la voie de Yuei. A-t-il des frères et soeurs ? Il me semble que oui.

          - Izuku, mon chéri, tu dors encore ?
          - Non, maman. Je suis réveillé.
          - J'avais eu peur, soupire-t-elle derrière le battant de la porte de ma chambre. La cérémonie d'ouverture va commencer dans un quart d'heure.
          - Déjà ?
          - Je t'attends au salon ?
          - Oui, j'arrive ! Merci, maman !

          Le tournoi de Yuei va commencer et je suis encore dans mon lit. Je n'avais pas dormi aussi bien et aussi longtemps depuis... Depuis quand, au fait ? Je l'ignore... Normalement, en semaine, je me lève tôt, car j'ai l'école et le week-end, je suis habitué aux horaires de la semaine, mais cette fois, j'ai fait la grasse matinée. Aujourd'hui est un jour de congé, car il y a le tournoi de Yuei, une journée nationale à ne pas rater. Il s'agit tout de même de nos futurs protecteurs. Je me dois de me lever et de regarder la télévision. J'avais hâte, tout en craignant le pire, car je regarde le tournoi chaque année, mais le simple fait de savoir que Katsuki va y participer me fait mal au coeur. Une pointe de jalousie me donne les larmes aux yeux, mais elle est rapidement éclipsée par une caresse d'espoir, car Shoto va y participer également.

          Je me lève de mon lit, sautille jusqu'à ma salle de bain et fais ce dont je dois faire chaque matin : pipi, toilette rapide et habillement. À peine arrivé au salon, ma mère me montre ma place où elle a tout préparé : repas, cahier de notes, et même, un petit ventilateur. Elle est adorable. J'aime la voir aussi attentionnée et heureuse pour moi. Elle doit être fière de cette petite surprise. Je ne peux m'empêcher de sourire sincèrement et de la remercier en lui offrant un long câlin plein d'amour.

          Je suis à peine installé dans mon fauteuil que la cérémonie d'ouverture commence. Un à un, tous les élèves des trois années entrent sur le terrain. Comme à chaque fois, je ne peux m'empêcher de m'extasier devant l'écran, mais cette fois, quelque chose de différent s'agite en moi - je le cherche sans le vouloir et je ne veux pas ça. Et comme si le caméraman avait entendu mes pensées, il se met à filmer la nouvelle classe de héros. Ils sont tous là, les vingt nouveaux élèves. Je reconnais les deux amis de Katsuki ainsi que quelques élèves que j'ai aperçus au café. Enfin, je le vois lui, Shoto Todoroki. Mes joues deviennent chaudes, tout à coup, et je crois même avoir arrêté de respirer, le temps que la camera passe à quelqu'un d'autre. Il n'est pas uniquement beau en vrai, mais à la télévision aussi. Quel charisme !

          - Tout va bien, Izuku ?
          - Oui... Oui, ça va.
          - C'est... Il te dérange ?

          Ma mère est gentille d'essayer de ne pas parler de Katsuki. Maintenant qu'elle a compris qu'il est difficile pour moi d'aborder le sujet, elle fait tout son possible pour l'éviter. Et lorsqu'elle m'en parle, comme maintenant, elle est gênée. Elle est adorable. Pour le coup, ma réaction n'a rien à voir avec la colère et la peur, mais plutôt de la gêne et une sensation étrange au creux de mon ventre. Je ne veux pas qu'elle sache qu'on s'est rencontré encore moins que je le trouve mignon. Elle va se faire des films et je ne veux pas. Je m'en fais largement à moi tout seul, donc à deux... Non, merci !

Yuei était un rêveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant