PROLOGUE

156 9 2
                                    

- Prologue -

Zack Hemsey - The Calling

Quelques jours plus tôt,

Comté de l'état de New York.

Emily

La nuit vient de tomber sur la grande pomme. Un climat oppressant rôde autour de moi. Je frissonne à l'idée de me faire prendre, frictionnant mes bras pour calmer les tremblements qui s'emparent de mes muscles. D'ordinaire, l'accès à ce bureau m'est totalement impossible et formellement interdit. Mais le somnifère administré au nouvel agent de sécurité a fait des merveilles. Lorenzo dort à présent à poings fermés dans le couloir. Espérons que personne ne s'en rendra compte avant que je n'aie pu rassembler les dernières informations qu'il me manque.

Allez, dépêche-toi !

Pourquoi est-ce si long ?

Je me penche vers la fenêtre pour guetter l'entrée de la propriété, pétrifiée à l'idée de le voir débarquer. Malgré le risque que je prends, je sais que c'est ma seule chance de mettre un terme à mon calvaire. J'espère seulement que personne n'en subira les conséquences. Cette décision n'a pas de retour en arrière possible, on me l'a bien fait comprendre. Une fois entré dans la gueule du loup, personne n'est en mesure d'en ressortir indemne. Soit tu l'apprivoises, soit il te dévore.

Le téléchargement poursuit lentement son chemin, atteignant à peine les cinquante-cinq pour cent de ce qu'il doit copier. Chaque palier franchi est un ticket de sortie vers la liberté. J'ai beau trembler de tous mes membres, je reste convaincue que c'était là ma seule issue, la dernière qu'il me restait.

Comment ai-je pu me laisser berner à ce point ?

Comment ai-je pu tomber aussi bas ?

Je me sens si stupide, si honteuse.

Telle une proie acculée dans une cage, je sillonne le bureau en scrutant avec impatience et inquiétude l'écran de l'ordinateur. Plus la barre de téléchargement avance, plus mon cœur se presse de peur. La boule d'angoisse qui s'est formée dans mon ventre ne cesse d'enfler à mesure que les minutes défilent.

Il est encore temps de mettre un terme à ce suicide, Emily.

Temps de faire machine arrière.

Saisie par les doutes, je me mordille la lèvre tout en surveillant une nouvelle fois l'extérieur. C'est un miracle qu'aucune alarme n'ait retenti pour me livrer aux mains du diable en personne. Ces dernières semaines, je me suis montrée extrêmement prudente et patiente, attendant le moment propice pour mettre à exécution mon plan. Hélas, la prudence avec ce genre de prédateur n'est jamais assez, et je vais bientôt en subir les frais.

Un vrombissement résonne dans la nuit, fendant l'obscurité. Je reconnais immédiatement le moteur de sa voiture de sport et le bruit des pneus qui empruntent l'allée de gravillons. La minute suivante, la lumière des phares inonde la pièce, telles des ombres maléfiques, ondulant sur les murs jusque-là très sombres.

Oh non !

Terrifiée, je m'accroupis et me glisse furtivement à quatre pattes jusqu'à la fenêtre pour jeter un œil horrifié dehors. Sa Lamborghini noire contourne l'immense fontaine en pierre puis s'arrête dans l'allée. Le souffle court, je me rue sur l'ordinateur pour vérifier l'avancement du téléchargement qui est sur le point de se terminer. Plus que quelques secondes, et je pourrai enfin quitter ce maudit manoir !

Reste à savoir comment...

En proie à l'angoisse grandissante qui naît dans chacune de mes terminaisons nerveuses, mes mains moites se mettent à trembler. Des gouttes de sueur perlent sur mon front. Ma respiration s'accélère, s'affole. Je ferme les yeux, suppliant l'Univers tout entier de venir à mon secours. S'il me trouve dans son bureau, je pourrai dire adieu à ma liberté, à ce mince espoir de retrouver ma vie.

Lorsque, tout à coup, la porte s'ouvre précipitamment. Son regard chargé de colère, de noirceur et de suspicion me toise. Il contraste avec le mien ; coupable et apeuré. Malgré l'angoisse qui m'envahit, je me place devant l'ordinateur pour en dissimuler le contenu, récupérant discrètement la clé USB et la glissant dans la poche arrière de mon jean.

— Tu viens d'enfreindre les règles, dit-il en s'avançant d'un air sombre. Et tu en connais les conséquences...

THE REASONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant