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Un peu plus tôt,
Atelier de Nicholas.
Nicholas
Il m'aura fallu une bière et une avalanche de coups de pied sur une planche pour venir à bout de ma colère. Ma rencontre avec Emily n'a fait qu'attiser mon désir impétueux de l'allonger sur mon lit en une offrande des plus appétissantes. J'ai beau tenter de chasser son image de ma tête, rien n'y fait. Une envie féroce rugit dans mon pantalon, me hurlant de la rejoindre pour assouvir mes besoins primaires. J'essaye de me convaincre que les symptômes dont je souffre ne sont que d'ordres biologiques, physiologiques et incontestablement physiques, cela n'enlève en rien la tension électrique et sexuelle qui m'habite lorsque je me trouve à ses côtés.
Fais chier !
Je dois absolument me tenir éloigné d'Emily. Avec elle, je me sens pousser des ailes, je me sens revenir à la vie et... je ne le mérite pas ! Pourquoi aurais-je droit au bonheur alors que j'ai brisé le leur ? Par ma faute, Georges n'aura plus jamais la chance de serrer sa fille et son petit-fils dans ses bras. Non, je dois me tenir à distance de cette femme, même si mon cœur me brame le contraire avec une force redoutable. Une force qu'il me faut combattre.
Le père Patrick a tenté de me ramener à la raison plus d'une fois. Hélas, même son discours couvert de bienveillance ne vient pas à bout de mon obsession. Et pourtant, je sais qu'une part de vérité se trouve dans chacune de ses paroles.
— La vie est imprévisible, tout comme le temps. Le ciel a beau être sombre et menaçant, le soleil n'en demeure pas moins toujours présent. Il ne disparaît jamais de notre existence, Nicholas. Il attend simplement le bon moment pour illuminer à nouveau nos vies.
J'aimerais tant qu'il ait raison.
Que la lumière apparaisse au bout du tunnel.
Pas que je remette en doute ses croyances, non. Seulement, je vis dans une perpétuelle torpeur qui m'empêche d'aller de l'avant. La culpabilité qui assiège mon esprit depuis si longtemps n'a de cesse de me pousser vers le fond. Dieu sait combien j'ai essayé de lui résister, de lui faire front.
Bientôt, le bruit de la Camaro Yenko de 1969 que Peter a retapée après le lycée m'arrache à mes pensées. Faisant bourdonner son moteur comme s'il se trouvait sur un circuit de la NASCAR, il se gare près de mon pick-up en se mettant à klaxonner. Ce mec a beau être un ami formidable, il n'en demeure pas moins complètement perché !
Il quitte sa voiture et entre dans l'atelier, sa casquette des Pats enfoncée sur le crâne et deux bières à la main. Il y a des habitudes qui ne se perdent jamais.
— Regarde un peu ce que j'ai trouvé ! lance-t-il en m'envoyant une des bouteilles que je rattrape au vol. Putain, je me demande comment elles ont atterri à l'arrière de ma caisse !
Je me mets à rire en lui flanquant un coup de poing sur l'épaule.
— Qu'est-ce que tu fous là ? demandé-je en m'appuyant à mon établi. Tu n'étais pas censé bosser sur la Mustang de M. Cole ?
Il hausse les épaules en décapsulant sa bière.
— Rien à foutre, j'avais une putain de soif !
— Tellement soif que tu t'es tapé le trajet jusqu'ici ?
— T'es de la police ou quoi ? Même Barry ne me pose pas autant de questions quand il m'embarque au poste, et pourtant, je lui en ai fait voir de toutes les couleurs au lycée.
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THE REASON
RomanceLeur amour sera-t-il assez fort pour oublier le passé ? « Tu es et restes ma boussole. Mon point d'ancrage dans ce monde. » Emily Je m'étais promis de ne jamais remettre les pieds à Nantucket, l'île sur laquelle j'ai grandi, et de laisser derrière m...