THE REASON

CHAPITRE 5 - EMILY

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Deborah Lurie - Final Letter

Nantucket

De nos jours

Emily

Lorsque son pick-up s'immobilise devant l'église, mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Le souvenir des jours heureux inonde mon esprit, me plongeant dans l'euphorie et... dans la crainte. La crainte qu'il m'ait oubliée ou qu'il me déteste après ce que je lui ai fait.

Combien y avait-il de chance que je recroise sa route ?

Au fond de moi, je sais que ce n'était qu'une question de temps avant que le destin ne s'en mêle, et quelque part, je l'espérais avec la plus grande des impatiences. Toutes ces années, je me suis sentie comme une coquille vide. Le revoir m'emplit de bonheur. Un bonheur qui exsude à travers tous les pores de ma peau, échauffée par son souvenir doux et délicieux à la fois.

Si Nana n'avait pas glissé son bras sous le mien pour m'empêcher de vaciller, je serais tombée à la renverse. Mes jambes sont en coton. Ma gorge nouée par la surprise, l'appréhension. Et mon cœur... Seigneur, mon cœur est en train de chavirer littéralement pour cet homme qui sort à présent de ce pick-up si familier. Cet homme qui subsiste encore et toujours dans chaque fibre de mon corps.

Nick s'avance d'un pas réticent puis s'arrête à quelques mètres, sans dire un mot. Il reste là à me contempler avec ce regard empli d'amertume, mais aussi d'amour. Ce même regard qui me vénérait lorsque je fondais dans ses bras, lorsque son âme déployait ses ailes pour m'entourer de son aura bienveillante. Je ne peux le nier, la magie opère. Quelque chose d'immuable se tisse à nouveau entre nous, comme un fil conducteur qui n'aurait jamais cédé malgré la distance et les années.

Il n'a pas changé...

Enfin, si, peut-être un peu.

Je ne peux m'empêcher de le détailler de mes yeux contemplatifs. Ses cheveux bruns ont conservé la même coupe qu'autrefois : taillés en brosse et disciplinés avec du gel coiffant. Son visage est plus carré, sa mâchoire plus prononcée. La couleur automnale de ses iris me rappelle les noisettes que l'on ramassait au pied de l'arbre chez Nana. Ils en ont la même nuance, mais en fonction de la lumière, ils tirent parfois vers le vert avec des pigments dorés.

Il est physiquement transformé.

Son corps est plus musclé, mieux dessiné. Ses bras semblent avoir été taillés dans le roc, sans doute le fruit de nombreuses heures à travailler le bois. Son torse plus développé sous cette chemise blanche lui confère un côté cérémonieux. Comme il est beau... Oh oui, il est tel que je l'avais imaginé, tel que je l'avais d'innombrables fois rêvé dans les nuits de solitude où sa chaleur me manquait.

Nana tapote mon épaule puis me glisse à l'oreille :

— Le destin vient de te tendre la main, trésor. Saisis cette chance, ne la laisse pas te filer entre les doigts.

Elle me sourit et rejoint l'entrée de l'église, me laissant seule face à un Nick intimidant. M'empourprant sauvagement, je tente de fuir son regard en baissant les yeux vers mes pieds, mais le désir de m'y replonger se fait si fort que je ne peux m'en détourner davantage.

C'est donc de cela que Nana m'a tant parlé : le véritable amour.

Celui qui ne s'éteint jamais malgré les épreuves auxquelles la vie le confronte. Celui qui supporte tout, celui qui nous donne la force de continuer à nous battre. Cet amour si authentique et pur qu'il nous monte les larmes aux yeux rien qu'en y songeant. Cet amour qui envahit notre âme même à des milliers de kilomètres de l'être aimé. Cet amour que je n'ai plus jamais éprouvé pour qui que ce soit. Nicholas est et restera un être exceptionnel à mes yeux, et le destin vient de me le rappeler en le plaçant de nouveau sur mon chemin.