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Amos Lee - Violin
Nicholas
En sueur, je sèche mon front à l'aide de mon avant-bras. Travailler le bois requiert une importante force physique, ainsi qu'une grande précision d'où la maîtrise des différentes machines. Sans cela, vous courrez droit à la catastrophe ! Au fil de ma carrière, j'ai été témoin de graves accidents dont je me passerais bien leurs simples évocations. Les charges sont lourdes et le travail en station debout peut en rebuter plus d'un. Chaque arbre est particulier par sa texture et sa structure. Mais je ne m'en lasse pas. C'est une passion que je nourris depuis toujours.
Déjà gosse, j'adorais les jouets en bois et leurs couleurs vives. Je passais des heures à les décortiquer pour comprendre comment ils avaient pu être fabriqués. La sensation de la matière sous les doigts et l'odeur qui persiste au fil des années est un réel plaisir. Je suis fasciné par la magie extraordinaire de rendre le bois vivant en le transformant en des objets ou des meubles.
Mon travail à l'atelier m'a sauvé plus d'une fois. Il m'a aidé à conserver la tête hors de l'eau lorsque je me voyais sombrer dans la dépression. Il me permet de m'évader et de me vider l'esprit. Quelle satisfaction merveilleuse de ranimer des voiliers ! Les voir reprendre le large en quête de nouvelles aventures. Oui, j'adore mon travail. Je ne me vois pas faire autre chose de ma vie, si ce n'est faire le tour du monde à bord de mon bateau. Un jour, lorsque je me sentirais prêt à voguer vers d'autres horizons. Pour le moment, ma vie est ici auprès de ma famille et... d'eux.
Je balance le chiffon imprégné de cire sur mon établi et attrape ma bouteille d'eau, le regard attiré par le magnifique ciel bleu ensoleillé. Si le temps me le permet, j'irai faire une balade à bateau ou bien pêcher du côté de l'étang. Ce ne sont pas les endroits qui manquent pour se ressourcer. J'ai besoin de m'éloigner quelques heures de Nantucket. Ma nuit a été polluée par le retour d'Emily. J'aimerais ne ressentir aucune once de tendresse à son égard, mais mon cœur semble être toujours aussi sensible à sa présence.
— Bonjour !
Tout en avalant une rasade d'eau, je pivote vers Georges qui se dirige vers moi avec sa canne à pêche. Il la place contre le mur puis me tend la main pour me saluer. Je pose ma bouteille et la lui serre.
— Bonjour, Georges.
— Tu as une mine affreuse, fiston ! remarque-t-il en plissant le front. Ne me dis pas que tu as passé la nuit à travailler ?
Son ton chargé de réprimandes devient monnaie courante ces derniers temps. Je ne me sens pas d'écouter ses paroles moralisatrices. J'ai le cerveau en vrac et les idées réduites en bouillie.
— Que viens-tu faire ici, de si bon matin ? demandé-je dans l'espoir d'esquiver cette conversation. Tu ne devais pas aller pêcher ?
Embarrassé, il se masse la nuque en admirant la progression de mon travail. Je sais combien son entreprise lui manque depuis son départ à la retraite. Cela fait déjà cinq ans qu'il m'a légué cet endroit, mais il ne se passe pas une semaine où il ne vient pas me rendre une petite visite. Après le lycée, j'ai intégré l'atelier de restauration afin de me former à cette passionnante profession. J'ai énormément appris aux côtés de Georges et, pour me montrer à la hauteur de sa confiance, j'ai travaillé très dur pour parvenir à son niveau d'excellence. Je n'étais qu'un gamin à la sortie du lycée avec l'étiquette du capitaine de football collé sur le dos. Tout le monde me voyait déjà partir pour l'université avec une bourse sportive en poche pour devenir une star mondiale. Mais ce ne fut pas mon choix, loin de là.
Après le départ d'Emily, il m'a fallu reprendre confiance en moi pour me reconstruire. Sans l'aide de ma famille, de mes amis ainsi que de Georges, jamais je n'y serais parvenu. À l'époque, cela me paraissait insurmontable de passer une journée de plus loin d'elle, mais les années passant, cela commença à me sembler moins difficile, moins douloureux. Et puis, mes yeux remplis d'espoir et désireux de passer à autre chose se sont enfin posés sur une autre fille. Une fille stable et rassurante qui m'aura permis de tourner la page sur un des chapitres de ma vie. Oui, intégrer cette société m'aura sauvé de bien des manières.
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THE REASON
RomanceLeur amour sera-t-il assez fort pour oublier le passé ? « Tu es et restes ma boussole. Mon point d'ancrage dans ce monde. » Emily Je m'étais promis de ne jamais remettre les pieds à Nantucket, l'île sur laquelle j'ai grandi, et de laisser derrière m...