CHAPITRE 8 - EMILY

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Emily

Un soleil timide s'invite à travers les rideaux de ma chambre. J'émerge avec prudence de mon sommeil, cherchant à canaliser le flot de pensées négatives et turbulentes qui m'assaille déjà. Je me déteste lorsque je n'arrive pas à en contrôler le flux. Je me sens impuissante et fragile, comme si j'étais prise au piège dans mon propre corps. Je bascule sur le côté en fermant les yeux dans l'espoir d'évacuer ma tension et d'expulser mon trop-plein d'angoisses, une main glissée sous l'oreiller.

J'ai l'impression de couler sans que personne soit en mesure de me tendre la main pour m'aider à remonter à la surface, et ce, malgré mes séances avec Marlène. J'ai beau chercher de l'aide, elle demeure introuvable et inaccessible. Toujours trop loin pour que je l'atteigne, comme un son transformé en écho ou comme le cycle immuable du remous des vagues. J'aimerais apprendre à m'aimer et à me faire confiance, mais à l'heure actuelle, je m'en sens toujours incapable. Ma crainte est de vivre éternellement dans ce trou béant qui me tire vers le fond. Un fond qui s'avère interminable. Une sensation de chute interminable qui m'étouffe. Je suis si las de ces compagnons de vie si encombrants.

Mon cœur n'a de cesse de lancer des SOS, mais aucun phare, aussi puissante soit sa lumière, ne parvient à les entendre. À une certaine époque, quelqu'un percevait ce cri de douleur. Une époque qui me semble lointaine, comme si elle n'avait jamais réellement existé.

J'espérais que quelques séances de thérapie viendraient à bout de mon mal, mais je me suis lourdement trompée. Vider son cœur est une chose, guérir son âme en est une autre. Aucune des séances que j'ai eues avec Marlène n'est venue à bout de mes démons. Ils sont toujours là, menaçant ma vie comme on le ferait sur une proie sans défense.

Ma thérapeute m'assure que toutes les larmes, tous les soupirs et toutes les confidences lors de nos séances finiront par mettre un terme à ma souffrance. Certes, mes fantômes ne disparaîtront jamais complètement, mais je serais assez forte pour les repousser et reprendre le contrôle de ma vie.

J'aimerais tant la croire...

Imaginer une existence sans un regard en arrière, sans craindre le pire. Je vis dans la peur constante que tout ce que je réussis dans la vie, que tout ce qui pourrait m'arriver de bon me sera indubitablement arraché. Pourquoi ? Je n'en ai pas la moindre idée. Marlène en connaît les raisons, mais c'est a priori à moi de les découvrir...

Ma rencontre avec Nick m'a bouleversée bien plus que je ne voulais bien me l'avouer. Au fond de moi, je savais que ce jour arriverait. Seulement, je pensais être prête à encaisser le choc de nos retrouvailles. Mais ce ne fut pas le cas, loin de là. À la vérité, je me sens dévastée, désespérée et encore plus seule qu'à mon arrivée sur l'île.

Prenant une profonde inspiration, je me rallonge sur le dos en agrippant M. Chat contre moi, les yeux perdus dans le vide. Mon réveil m'a laissé indubitablement un sentiment d'abattement et de découragement. J'ai beau tenter de me sortir la tête hors de l'eau, j'ai l'impression que quelqu'un s'emploie à m'y enfoncer de nouveau, telle une ombre maléfique rôdant constamment autour de moi dans le but de me faire plier.

Encore une journée à broyer du noir, à errer dans le brouillard.

Le moral à zéro, je quitte mon lit puis attrape mon portable avant de me diriger vers la terrasse. Installée sur la balancelle, j'observe mon téléphone en faisant glisser un doigt hésitant sur l'écran. À cette heure matinale, Pablo arpente déjà son tapis de course dans notre appartement avec son short de la Juventus de Turin et ses écouteurs aux oreilles. Le comble pour un Argentin d'être en extase devant le célèbre footballeur Cristiano Ronaldo. Son amour sans demi-mesure est à un tel point, qu'il s'est fait tatouer les initiales CR7 sur la fesse droite. Bon sang, j'ai cru m'étouffer avec mon café lorsqu'il est rentré à la maison avec son pansement collé sur le derrière. J'ai passé près de trois semaines à le badigeonner de crème cicatrisante. Il ne m'y reprendra plus. Ça, je vous le garantis !

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