~Librairie~

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Je marche avec Mattheo dans une ruelle de pré au lard, il est près de 18 heures.

On a déjeuné dans un petit restaurant, il m'a évidemment payé mon verre. Je veux passer à la librairie, les autres avaient des choses à faire, donc on s'est séparés. On arrive enfin devant la librairie, on s'arrête.

– J'en ai pour 10 minutes, je lui dis, on se retrouve au bout de la rue ?

Il acquiesce.

– Ouais, je vais faire un tour en attendant.

– Ok à toute.

J'entre dans le magasin alors que Mattheo s'éloigne.

Je cherche un livre en particulier, je me rends directement dans le rayon qui m'intéresse. Le livre est là, je le prends et je vais à la caisse ; il y a la queue. J'attends au moins 5 minutes avant de pouvoir enfin payer, puis sortir.

Il fait beaucoup plus nuit que lorsque je suis entrée dans la librairie, quelques lampadaires éclairent la ruelle déserte mais beaucoup d'entre eux sont éteints. J'avance rapidement en direction du bout de la rue, mais j'ai plus l'impression de marcher sur place que de me rapprocher de l'intersection. Il n'y a personne, l'ambiance a vraiment changé pendant les dernières 10 minutes.

J'entends des pas, je jette un coup d'œil en arrière pour voir un grand sorcier marcher quelques mètres derrière moi. J'avoue qu'après tous les films que j'ai regardés, je m'imagine un tas de trucs. J'accélère, j'entends ses pas s'accélérer aussi. Je ne suis pas du tout arrivée au point de rendez-vous ; je regarde à nouveau en arrière, l'homme s'est beaucoup rapproché de moi, je remarque qu'il accélère encore, je me mets à paniquer. Je prends une grande inspiration pour me calmer mais ça ne marche pas du tout. Je ne ralentis pas, je serre ma baguette dans ma main au fond de ma poche. Je ne sais même pas pourquoi j'ai aussi peur, je suis tout à fait capable de me défendre.

Je sens soudain ma baguette s'agiter. Ne comprenant pas, je desserre ma prise, elle sort de ma poche d'un seul coup et se met à voleter derrière moi. Je me retourne les yeux écarquillés, en oubliant presque l'homme. Celui-ci affiche un petit sourire, je remarque qu'il tient sa baguette dans sa main. Il utilise un sort pour prendre la mienne. J'aurais dû me méfier.

– C'est ça, que tu veux ? lance-t-il d'une voix rauque.

Il attrape ma baguette et l'agite. Le ton qu'il a employé me glace le sang, je me fige.

– Qu'est-ce que vous voulez ?

J'essaie tant bien que mal de garder mon sang froid et d'affiche un air assuré.

– On peut pas s'amuser un peu ? dit-il en souriant.

Je ne réponds pas ; son regard veut tout dire. Je préfère ne rien m'imaginer, je me contente de rester sur mes gardes. Il se rapproche encore de moi, je ne recule pas mais je tremble de tout mon corps. Je ne pourrai jamais de défendre, il fait trois têtes de plus que moi et il fait au moins deux fois mon poids.

J'essaie de réfléchir du mieux que je peux à ce que je pourrais faire. Partir en courant, entre autres. Mais il a ma baguette. Et la sienne. Je n'irais donc pas loin.

L'homme est maintenant juste devant moi, il avance encore, je ne peux pas m'empêcher de me décaler. Il tourne sur ma gauche, je recule à l'opposé. Je vois deux murs se dresser de chaque côté de moi au fur et à mesure que je recule. Il m'a poussée dans une ruelle encore plus étroite et plus sombre que la précédente, c'est en fait un cul de sac. Je comprends trop tard que je me suis jetée moi même dans la gueule du loup, je n'ai plus aucune chance. Comment quelqu'un pourrait entendre ou voir ce qu'il se passe ici ? C'est impossible. Je suis à sa merci dans un endroit où personne ne peut venir m'aider et je suis désarmée.

Juste une prédictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant