Chapitre VIII : Neige écarlate

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Note des auteures: Bonsoir à tous et merci de continuer à nous lire !! Je vous préviens que nous (les deux auteures de la fiction) sommes entrées dans une phase intense de révisions en vu de notre concours et que malheureusement nous aurons encore moins le temps d'écrire. Mais nous reviendrons !! Seulement, attendez vous à un délai assez long pour le prochain chapitre (c'est à dire jusqu'au mois de juillet). Bonne lecture !

Chapitre VIII : Neige écarlate

Un courant d'air glacial me fait frissonner et sortir de mon sommeil, plus comateux que réparateur. Je soulève difficilement mes paupières, j'ai presque l'impression de les entendre craquer comme du papier brûlé tant toute l'eau de mon corps semble m'avoir quittée. Je tourne la tête péniblement et mes yeux secs distinguent vaguement des formes allongées à mes côtés desquelles s'échappent des sifflements laborieux. Tout le reste est plongé dans l'obscurité, il fait encore nuit. Pourtant, il me semble percevoir des mouvements au dehors, juste de légers bruissements, doux et continus. Rien d'alarmant mais qui pique tout de même ma curiosité par leur caractère inhabituel.

Le froid plus que la peur déclenche un nouveau frisson et je me ramasse sur moi-même, engouffrant mes mains glacées sous mes aisselles. La différence de température me fait comme un électrochoc et je me redresse tout à fait éveillée à présent, oubliant un instant les douleurs qui ponctuent chacun de mes mouvements, consciente qu'une chose anormale s'est produite. Mais ce n'est qu'en voyant la vapeur que mon souffle laisse dans l'air que je commence à comprendre. A peine quelques heures plus tôt, nous suions tous à grosses goûtes et maintenant tout mon corps est engourdi par le froid mordant qui règne à l'intérieur de notre refuge.

Poussée par un quelconque sixième sens, je me dirige silencieusement jusqu'à l'ouverture sommaire percée dans le mur et après en avoir dégagé l'entrée, je m'y engouffre prudemment à quatre pattes. J'ai à peine fait quelques centimètres dehors que mes doigts rencontrent une douce et froide texture. Je suis saisie de tremblements, tant de froid que d'excitation, et je sors avec précipitation. Tout ce qui m'entoure est éblouissant et immaculé. L'éclat de la lune fait scintiller des flocons qui tombent doucement sur un tapis de neige. Je les regarde un instant, extatique, avant de plonger mon visage dans cette neige si rafraîchissante. J'en enfourne goulûment une poignée dans ma bouche et la laisse fondre. La substance glaciale me vrille les gencives mais le liquide est délicieux et coule dans ma gorge brûlante comme une libération. J'en reprends une bouchée, puis deux, puis trois. En même temps que je me réhydrate, un sentiment de renaissance envahit tout mon corps, apaise mes douleurs, me fait reprendre conscience du monde. Je continue jusqu'à ce que je puisse sentir des larmes de soulagement couler sur mes joues.

Je reste un instant haletante, observant sans le voir mon souffle faire des arabesques de fumée dans la nuit. Un gémissement dans la maison attire mon attention et je me rappelle soudain que je ne suis pas seule. Je fonce à l'intérieur et réveille les autres en les secouant et m'exclamant d'une voix encore rauque: « De la neige! De la neige! ». Eris est la première à me considérer d'un regard hagard puis, comprenant l'information, elle écarquille les yeux et se précipite à l'extérieur. Je l'entends crier de joie et bénir des dieux que je ne connais pas. Liam ne tarde pas à l'imiter, un sourire rayonnant aux lèvres. Seul Marcellus reste allongé et immobile, sourd à l'effervescence qui se déroule autour de lui. Je m'approche doucement.

- Marcellus ? J'appelle d'une voix douce.

Rien. Je recommence mais je n'ai que de vagues murmures incohérents en réponse. Dans le noir, je ne peux voir distinctement son visage alors je place une main sur son front. Je palis. Celui-ci est sec mais glacé, le jeune garçon est parcouru de frissons et sa respiration est beaucoup trop rapide pour être naturelle. Je sors une nouvelle fois dehors, mais cette fois bien moins enjouée.

Les Enfants du CapitoleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant