Chapitre IX: La forteresse immaculée -Partie 1-

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Notes des auteurs: Bonsoir à tous ! Après une très longue pause et plus d'un mois et demi de correction (et oui, rien que ça ><), nous vous livrons le prochain chapitre. Un conseil, relisez le précédent ! Bonne lecture et n'hésitez pas à nous faire part de vos impressions :D


Chapitre IX : La forteresse immaculée - Partie 1-

Je suis désolé.

A qui s'adressait Liam, Eris ou moi? Le savoir changerait pas mal de choses pour moi à cet instant. Cela m'empêcherait par exemple de m'inquiéter de la signification du dernier coup de canon dont l'écho a été rapidement étouffé par l'avalanche titanesque qui s'est déversée sur nous. Cela me donnerait un but ou au contraire, me permettrait d'alimenter un peu plus cette colère qui boue en moi.

Envers laquelle de nous deux était-il désolé ?

La réponse m'aurait sortie de cet état de choc dans lequel je me trouve sans le vouloir. Je me souviens d'une phrase que m'avait dite ma nourrisse un jour : certaines interrogations ne prennent réellement d'importance que dans certaines situations. On ne se demande pas comment font les chiens pour savoir nager instinctivement jusqu'à ce qu'on tombe dans l'eau pour la première fois et que la réponse à cette question vous permettrait de survivre.

Et bien là c'est pareil. Jusqu'ici, savoir ce que faisait Liam dans les rues le jour de notre première rencontre ne m'importait pas plus que ça. Ses raisons pour s'être porté à mon pseudo-secours m'intéressaient peu. Je n'avais pas envie de savoir, pas envie de laisser place au doute. Après avoir trouvé refuge sur les toits, je l'avais observé essayer d'échapper à la fois aux Pacificateurs lancés à ses trousses et à la garnison de rebelles qui venait pour nous assiéger. Il s'était montré plus que talentueux, peut-être trop pour un simple habitant du Capitole mais cette idée ne m'avait pas encore traversée l'esprit, je m'extasiais tout simplement et m'absorbais dans sa contemplation. Jusqu'à l'instant où je l'avais vu se diriger tout droit vers une rue où les pièges venaient d'être activés. Je le savais car les habitants avaient été évacués quelques heures plus tôt et à plus forte raison parce que mes gardes du corps avaient délibérément abandonné les poursuites. Tout aurait pu s'arrêter là si des rebelles ne l'avait pas acculé dans cette dite rue. Ma conscience m'interdisait de rester là, à le regarder se faire tuer. À mon tour, je suis allée l'aider. Je connaissais tous les raccourcis, les petits chemins et les portes cachées, cette ruelle ne faisait pas exception. J'ai donc débouché discrètement de l'une d'elle pour le tirer in extremis du danger mortel. Ce fut suite à cette évènement qu'il me parla de dette. Je lui avais sauvé la vie, il m'était redevable. C'était ainsi pour lui. Alors que moi j'en pensais tout le contraire. Pour le remercier de s'être mis en danger pour moi, je le présentais à mon grand-père, prétendant qu'il m'avait sauvé la vie. Snow le prit alors à son service pour veiller sur moi jusqu'à la fin des raids. Je ne sais toujours pas ce qui l'avait motivé à faire ça, ceci étant, cette nouvelle situation nous convenait à tous. Et lorsqu'une petite voix dans ma tête s'interrogeait sur son passé à lui, sur son appartenance probable à un groupe opposé au régime de mon grand père, je la repoussais mécaniquement: Liam était toujours bon et honnête avec moi, il remplissait son rôle à merveille et avec toute la bonne fois qu'il sied à quelqu'un dont on a sauvé la vie, c'est tout ce qui importait.

Mais maintenant que je me noie, je me demande pour la première fois si Liam est une ancre ou une bouée. Et je comprends que j'aurais dû m'en préoccuper bien avant, avant qu'il ne me sauve de la gueule du diable dans les tunnels. Avant que Marcellus ne perde sa main et qu'Eris tente de m'étrangler.

Je sens le froid engourdir mes extrémités et je comprends que si je reste encore longtemps à me tourner les pouces ici, je risque d'y passer. Je n'ai pas besoin de voir mon visage pour deviner que mes lèvres sont bleues et même le souffle qui s'échappe bravement de mes lèvres forme un minuscule nuage de vapeur qui disparaît instantanément, avalé goulûment par le froid. Soudain je pense à Marcellus et le souvenir des dernières minutes avant que l'avalanche me frappe à la poitrine, me faisant suffoquer. S'il n'a pas été étouffé par l'avalanche, il a sûrement dû se vider de son sang à l'heure qu'il est ! Est-ce le sien qui tapisse le mur de ma prison glacée ? Non, pas lui, pas Marcellus ! J'entends encore son rire enfantin lorsqu'il jouait dans la neige, je vois son sourire mutin s'empreindre de résignation. Je réalise avec effroi que si on peut assassiner vingt trois adolescents, on ne peut pas tuer un gamin comme lui avec autant de froideur. C'est pire que cruel, c'est inhumain. Non, pas Marcellus ! Et dire que le père de Rue se trouve parmi les jury ! J'ai envie de vomir.

Les Enfants du CapitoleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant