Chapitre XI: Vole mon ange

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Notes des auteures: Un nouveau chapitre avec une dynamique totalement différente des autres et un changement brutal pour Blanche. Et oui, les Jeux de la Paix n'épargnent personne, même pas vous !

Bonne lecture !


Chapitre XI : Vole mon ange

Mes mains se mettent à trembler dès qu'il me semble évident que quelqu'un se tient derrière la porte. Qui que cela puisse être, il ou elle n'est pas là pour jouer à la dînette avec nous. Je me lève avec précaution, maudissant le moindre grincement du fauteuil de peur qu'il alerte l'intrus sur mes mouvements, et me dirige à pas de loup vers la cheminée de laquelle je subtilise le tisonnier. Je n'aurai jamais plus belle arme. Du coin de l'œil, je lorgne le cadavre de l'hideuse créature combattue à peine quelques heures auparavant. Un mal pour un bien sans nul doute. Elle gardait bien plus que le feu.

Je resserre la main autour du manche, tentant de regagner force et courage par le simple contact du fer sur ma peau. L'autre bout rougeoie et promet mille douleurs pour mon assaillant. Je suis à la fois exaltée et horrifiée par la joie que me procure cette idée. Tout part de travers chez moi, ce n'est plus une impression mais une certitude à présent. Je hausse les épaules comme pour me répondre à moi-même. Cela n'a plus d'importance, il est évident que je ne me sortirai pas de ces jeux.

Un nouvel éternuement. Plus sonore cette fois, bien plus près sans doute. Il me semble étrangement familier mais je n'ai pas le temps de m'attarder sur la question. Un ennemi reste un ennemi. Je pousse doucement du pied Marcellus roulé en boule devant la cheminée tout en gardant les pupilles fixées sur la porte. La tension monte en moi et je sens à présent plus d'adrénaline que de peur enflammer mes veines. Commencerais-je à y prendre goût ?

Le garçon n'a toujours pas bougé. Je le pousse un peu plus fort et il émet un faible grognement.

- Marcellus, lève-toi ! Il y a quelqu'un derrière la porte ! Je lui chuchote en y mettant toute l'autorité qu'il est possible de mettre dans ce genre de situation.

- Je ne peux pas, répond-il d'une voix que je devine tout juste.

Alarmée par la faiblesse de son ton, j'abandonne la porte pour fixer le petit combattant. Je suis frappée par la pâleur de sa peau, son regard vitreux, ses lèvres frémissantes. Je porte mon poing à ma bouche pour étouffer le cri de désespoir qui menace de franchir mes lèvres. Je sens ma poitrine se contracter violemment et une douleur insupportable me coupe le souffle. Chaque spasme de douleur qui tord le doux visage de Marcellus est un coup de poignard dans mon cœur.

A l'instant même où j'esquisse un mouvement pour m'accroupir, la porte s'ouvre à la volée, dévoilant l'ennemi brièvement oublié. Eris. J'aurais dû m'en douter. Sa vue s'accompagne d'une subite montée de rage. Avec une vitesse qui me sidère moi-même, je saute par dessus Marcellus et sans la moindre hésitation, j'assène un violent coup de tisonnier à l'intruse. Elle l'évite de justesse en reculant d'un pas, juste ce qu'il faut pour refermer la porte avec toutes mes forces sur son nez. Un craquement sinistre et un rugissement de douleur derrière le battant attestent de ma réussite et fait naître une joie féroce en moi. Je ne laisse pas le temps à la fille de revenir à la charge, j'ouvre et fends l'air de mon arme. Cette fois, je touche ma cible à la tempe et la jeune femme s'effondre sous la violence du coup. Je m'approche de sa silhouette avec l'intention d'en finir définitivement avec elle. Je revois son regard haineux, ses mains autour de ma gorge, la duplicité de Liam et la haine que j'éprouve pour elle s'intensifie. Non, décidément, elle ne me manquera pas. Je prends le tisonnier à deux mains pour avoir plus de force lorsque je l'enfoncerai dans sa poitrine amaigrie par les jeux. Mais au moment de donner le coup de grâce, j'entends Marcellus m'appeler d'une voix pressante et je me rappelle qu'elle avait pris soin de lui. Par soucis de conscience pour lui, j'attendrai qu'il s'envole pour un monde meilleur avant de l'envoyer, elle, en enfer.

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