Chapitre III: Je ne mourrai pas ce soir

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Note de l'auteur: Pour diminuer votre attente le plus possible pendant notre période de concours, nous avons décidé de poster un chapitre toutes les deux semaines. Bonne lecture!


Chapitre III: Je ne mourrai pas ce soir


« Regarde les le moins possible. Contente toi de répondre aux questions qu'on te pose et reste simple »

Plus j'y pense et plus je me dis qu'il sera compliqué de respecter les trois règles de conduite que m'a dicté Everdeen. Il est difficile de ne pas rendre son regard à un public entier qui vous fixe avec l'intensité d'un serpent qui guette sa proie. Quant à faire simple dans les réponses, autant faut-il déjà pouvoir en donner! J'ai un nœud à l'estomac rien qu'en pensant aux questions que Flickerman pourrait me poser devant un Panem révolté. De toute manière, s'ils pensent que je vais m'étaler sur ma vie devant les caméras, ils se mettent tous le doigt dans l'œil!

A coté de moi, Néron et les autres tributs gardent le silence. Je les appelle tribut parce que depuis que je suis née on les a toujours appelé ainsi. Mais comparé à ceux que je voyais à la télévision le soir avant d'aller me coucher, ils se rapprochent d'avantage d'un groupe d'apprentis comédiens qui se seraient trompés de pièce que de véritables combattants déterminés à affronter leur destin. J'ai du mal à croire que demain, ces acteurs du dimanche aux ongles manucurés et aux cheveux enduits de gel multicolore s'affronteront dans un duel à mort devant des spectateurs avides. Moi si on m'avait donné le choix, j'aurais changé de chaîne pour suivre un programme plus sérieux. Seulement voilà, les rebelles avaient même été jusqu'à prendre le contrôle de la télévision et rien d'autre ne passait ce soir que l'émission de Caesar Flickerman précédent la cérémonie d'ouverture des derniers Hunger Games. Et ils avaient trouvé un moyen indiscutable de nous obliger à la suivre, nous les deux derniers Snow.

Tandis que la musique traditionnelle de l'émission annonçait l'arrivée de Caesar sur le plateau et qu'une ovation accompagnait son apparition, je me surpris à glisser un regard en direction de la caméra braquée sur notre ridicule peloton. Mon grand-père me voyait-il? Mais inutile de me poser ce genre de question. La plupart des gens qui auront la curiosité d'essayer vous confirmeront sûrement qu'en étant attaché sur une chaise en face d'un écran géant, la tête délicatement bloquée par le contact savoureux d'un ruban adhésif double face, que vous êtes généralement forcé de regarder ce qu'on vous montre. Enfin, c'est mon opinion.

La voix de Caesar me tire soudain de mes rêveries. Il vient d'annoncer le début de l'émission et invite les tributs à le rejoindre sur le plateau. Des applaudissements retentissent et des huées les accompagnent, précipitamment remplacés par des ovations pré-enregistrées. Soudain, mon cœur s'accélère malgré moi et mes profondes respirations pour le calmer sont vaines. Je n'ai pas envie de me montrer, de me dévoiler même un temps soit peu. Je préférerais être jetée dans l'arène maintenant plutôt que de devoir sourire à une population qui ne souhaite qu'une chose: ma mort, et de la façon la plus douloureuse possible, cela va de soi. Je jette une dernière fois un rapide coup d'œil à la robe que l'on m'a obligée à porter. Un dos nu plus blanc que neige. La robe est si légère que j'ai parfois la désagréable impression de ne rien porter et pourtant la façon dont elle accompagne mes mouvements et sa manière de réfléchir d'un éclat doux la lumière des coulisses me fait réellement penser à de la poudreuse. Une couleur qui, en plus de s'accorder parfaitement au nom maudit que je porte, met en valeur les mèches courtes indisciplinées qui me tombent comme des flocons sur le front et la nuque sur laquelle, comme tous les autres candidats, je porte tatoué un numéro: le mien est le 24. J'avais imaginé bien pire, je dois l'avouer. Un moment j'avais craint que Katniss pousse le sadisme à m'habiller en pingouin ou en bonhomme de neige. Avec ça, nul doute que j'aurais attiré des sponsors! Malheureusement, je ne pense pas que l'on puisse survivre dans de tels jeux en étant seulement approvisionnée en bâtonnets de sucre d'orge. Mais à part ce petit bémol, j'aurais été la favorite, c'est certain.

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