Les Enfants du Capitole

Chapitre VI: Poussés par la soif

Note: Pour fêter Halloween, voici le chapitre suivant. Le chapitre VII étant égalemment écrit, il arrivera plus vite que celui-ci. N'hésitez pas à nous dire ce qui vous semble flou et ce que vous aimeriez savoir. Nous essayerons de répondre à vos questions dans les prochains chapitre. Bonne lecture, bonnes (fin de) vacances!

Chapitre VI: Poussés par la soif

-Arrête de bouger autant sinon elles vont s'enfoncer plus profondément.

Un grognement suivit d'un bruit de succion brise le silence salvateur dans lequel je me suis lâchement réfugiée. Je suis toujours en vie et pourtant je ne suis pas sûre de devoir m'en réjouir. Une douleur lancinante à la tête me fait froncer les sourcils et grogner à mon tour mais je n'ai aucun souvenir de la manière dont je suis arrivée là, étalée sur le sol. Comme si j'avais le temps de faire une sieste alors que dehors, une ville en ruine grouille de cafards ne désirant qu'une chose, m'égorger. Ou me tuer par tout autre moyen d'ailleurs car ce n'est pas l'imagination qui a l'air de leur manquer, loin de là. Il suffit de penser à la manière dont ils ont tué Agamous pour se rendre à l'évidence : des candidats trahis et humiliés par leur propre système sont encore pires que des squales affamés.

Tiens ça y est, je me souviens comment j'ai atterri là maintenant que j'y pense. J'ai été attaquée alors qu'on se réfugiait ici, Liam et moi, pour échapper à un piège mortel.

-Et de deux ! Plus qu'une...

Avec effroi, je me rends soudain compte que le moindre mouvement fait naître une violente décharge dans mon épaule. Avec la douleur qui me fait tourner de l’œil, une peur vicieuse s’insinue dans mon esprit, celle d'avoir perdu le contrôle de la situation. Il faut que je me ressaisisse, que je fasse le bilan de ce qu'il s'est passé pendant que j'étais inconsciente, que je tire les conclusions adéquates de ce que j'ai traversé jusque là pour ne pas refaire deux fois les mêmes erreurs et surtout, que j'organise ma survie pour les prochaines heures. Je me redresse non sans mal sur mon coude valide, attendant que mes yeux embués réussissent à faire le point dans la pénombre du refuge. Mais à peine ai-je réussi à percer les ténèbres étouffantes que la scène qui s'offre à moi allume une alarme dans mon esprit : une jeune femme aux cheveux noir mi-longs et hirsutes se tient au dessus de Liam en brandissant un objet tranchant qui réfléchit le maigre rayon de lumière. C'est elle qui m'a prise en traître à mon arrivée ici et à présent, c'est Liam qu'elle s’apprête à tuer !

Inutile de dire que mon sang ne fait qu'un tour et, malgré la douleur que m'arrache un mouvement aussi brusque, je me jette tête baissée sur l'intruse pour la percuter de plein fouet. Seul le bruit de l'air chassé d'un coup de ses poumons m'indique qu'elle ne s'attendait pas à l’offensive car aucun cri de surprise ne s'échappe de ses lèvres alors que nous roulons avec un son mat sur le sol. Mon épaule brisée se heurte à son genoux si bien que, pendant une poignée de secondes, les étoiles m’empêchent de voir où je porte mes coups. Je m'en moque, je n'ai plus rien à perdre. Elle est seule et nous sommes deux. Mais Liam tarde à venir me porter secours alors que déjà, mon adversaire bascule au dessus de moi pour plaquer mes bras contre le planché de bois.

-Lâche-moi ! Je hurle.

-Sûrement pas, rétorque-t-elle.

-Liam ! Tue là ! Elle est occupée, c'est le moment !

Le soupir de mon acolyte sonne comme une trahison. Mais ce n'est pas sa voix qui me ramène à la raison tandis que je me débats comme un loup en cage.

-Arrête Eris ! Ne fais pas de mal à Blanche ! S'offusque une voix enfantine qui me rappelle bien des souvenirs.

Marcellus, ici ? Tout à coup, c'est comme si ma force vient d’être aspirée par un aérocraft tandis que toute la fatigue et la détresse accumulées s'abattent sur mes épaules. Au dessus de moi, la fille relâche la pression et se dégage d'un coup de rein sans plus m'accorder d'avantage d'attention, désormais, qu'à un moustique. J'ai à peine le temps de me redresser sur mon coude valide que le fils de ma nourrisse lâche la barre de fer qu’il avait pour se défendre et se jette à mon cou, mettant tout son amour dans la force de ses petits bras.