Chapitre IV: Numéro 24

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Note des auteures: Cela fait un petit moment que nous n'avons pas posté de chapitre et nous espérons que les prochains viendront plus vite. Bonne lecture, et n'hésitez pas à nous dire ce que vous pensez et ce que vous aimeriez savoir ;)

Chapitre IV : Numéro 24

La vitre parfaitement étanche du tube m’empêche d'entendre les derniers mots que Katniss Everdeen m'adresse. Mais je réussis néanmoins à deviner le sens de la phrase à force de fixer désespérément le jeu de ses lèvres assorti à l'expression troublante qui habite ses iris verts.

« Ils s’évertueront à éteindre toutes les lumières, Blanche. Ne les laisse pas étouffer la seule qui t'appartienne vraiment », articule-t-elle tandis que la plate-forme circulaire s'ébranle sous mes pieds.

Le geste qui suit sa phrase est la dernière chose que j'aperçois d'elle alors qu'un crissement de métal indique que la trappe s'ouvre au dessus de ma tête : un pouce sur le cœur. Par la suite, dans ce combat à mort auquel vient de se résumer ma misérable existence, jamais je ne l'oublierai.

A peine ma mentor a-t-elle disparu dans les profondeurs de la terre que le néon blafard qui accompagne mon ascension s'éteint. Pendant une minute terrifiante, seul mon souffle saccadé résonne contre les parois glacées du double vitrage et je me fais l'impression d’être une mutation génétique du capitole qui attend patiemment son heure dans sa cage de verre. Manifestement, Katniss avait vu juste, les juges sont bien décidés à éteindre toutes les lumières. Et quoi de mieux pour anéantir tout espoir que de commencer par celle de l'extérieur ?

J'ai un nœud dans l'estomac rien qu'à penser à l'arène que les rebelles ont inventé pour marquer la fin des jeux. Car il n'y en aura plus, nous sommes définitivement les derniers candidats à mourir pour une cause qui ne concerne pas notre génération. Il n'y a qu'à se remémorer la fin tragique de Caesar Flickerman devant les millions de caméras de Panem pour s'en persuader. Mais je ne peux m’empêcher de me demander pourquoi des personnes qui ont tant souffert à cause d'un jeu inhumain s'acharnent à vouloir le reproduire sur d'autres innocents. Finalement, les rebelles ne valent pas mieux que le régime de mon grand père qu'ils se sont évertués à soulever.

Je suis tirée de mes pensées par l'immobilisation soudaine de la plate-forme qui me fait vaciller. C'est étrange, la capsule s'est arrêtée dans le noir complet. Poussée par la curiosité et une angoisse dévorante, j'approche mon visage de la vitre pour scruter les ténèbres mais c'est à peine si je distingue une vague lueur mouvante en contre-bas. Soudain, la paroi transparente est aspirée par le sol et me laisse seule sur mon promontoire frappé du nombre 24.

Un glapissement suivi d'une explosion soudaine illuminant d'un seul coup les parois suintantes qui nous entourent me font sursauter si fort que je manque de trébucher de la plate-forme sur laquelle je suis tenue de rester pendant dix secondes. Un coup de canon. La lumière m'a permise de distinguer en un éclair les vingt quatre autres piliers numérotés sur lesquels se tiennent mes adversaires et je réalise, avec horreur, que celui qui porte le numéro 7 est désert. La candidate qui se trouvait dessus a sans doute voulu se rapprocher de la vitre comme moi pour tenter de percer l'obscurité et la disparition de la capsule sur laquelle elle s'était appuyée l'a prise au dépourvu et fait perdre l'équilibre.

On ne doit jamais descendre de notre promontoire avant la fin du décompte. Tout le monde, même les enfants du capitoles, savent cela.

Je déglutis, nerveuse. Je me rappelle avoir distingué un plafond et des murs de pierres humides mais le stress m’empêche d'en être certaine. Ce qui est sûr en revanche, d'après la disposition de nos piliers, c'est que la corne d'abondance se trouve en face de nous et l’apparition d'un 10 lumineux marquant le début du compte à rebours confirme mon hypothèse. Les mains moites et le cœur battant, je m'efforce de distinguer qui sont mes deux plus proches voisins tandis que mon cœur bat avec force contre mes tempes. Je me rappelle qu'il ne faut pas aller dans la corne tout de suite même si une lampe dans cette arène me serait bien utile.

Les Enfants du CapitoleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant